L’Espagne prépare des sanctions radicales contre Israël
Le gouvernement espagnol s’apprête à franchir un seuil politique inédit en examinant cette semaine un ensemble de sanctions drastiques à l’encontre d’Israël. Parmi les mesures envisagées, figure l’instauration d’un embargo complet sur les armements, couvrant l’interdiction totale des importations et exportations d’équipements militaires, technologies de défense et assistance technique. Le dispositif viserait également à empêcher l’usage des ports et aéroports espagnols pour le transit d’armes vers Israël.
Cette initiative émane principalement de la coalition au pouvoir, composée du Parti socialiste (PSOE) et du parti de gauche Sumar, ce dernier poussant instamment à l’adoption d’un décret royal rendant ces mesures immédiatement exécutoires. Parallèlement à l’embargo, Sumar propose plusieurs actions diplomatiques : déclarer persona non grata le Premier ministre Benjamin Netanyahu ainsi que des figures majeures de son gouvernement – telles que Israël Katz, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich –, rappeler l’ambassadrice espagnole en Israël et interdire l’accès au territoire aux entreprises alignées avec la défense israélienne.
La vice-Première ministre Yolanda Díaz a notamment qualifié le gouvernement israélien de « régime criminel », plaidant pour une rupture totale des relations avec Israël, en s’appuyant sur le modèle des sanctions adoptées contre la Russie. Face à cette pression, le parti Sumar menace même de se retirer du Conseil des ministres si l’embargo n’est pas validé dans les jours à venir.
Alors qu’une telle posture reflète une volonté claire de durcir la position espagnole, l’entourage du Président du gouvernement, Pedro Sánchez, adopte pour l’heure un ton plus prudent, étudiant les options disponibles sans précipiter une décision irréversible. Il convient de noter qu’un contrat d’acquisition d’un système de communication tactique israélien signé récemment contredit partiellement l’image d’un gel complet des relations techniques.
Cette offensive diplomatique s’inscrit dans un contexte plus large de tensions accrues entre l’Union européenne et Israël. Madrid, fer de lance des critiques, envisage également de demander la suspension de l’accord d’association UE–Israël, après avoir dénoncé des violations des droits humains liées au conflit en cours. Cette demande s’inscrit dans une stratégie européenne fragmentée, où plusieurs États membres expriment leur désapprobation, même si Berlin et d’autres partenaires freinent encore toute décision commune.
La mobilisation n’est pas cantonnée aux élus : des artistes, intellectuels et associations culturelles ont publiquement appelé à des sanctions immédiates, estimant que le maintien de liens économiques avec Israël constitue une complicité avec les violations humanitaires à Gaza. Certains de ces acteurs accusent le gouvernement d’agir trop lentement face aux urgences morales que soulève la situation.
Cette dynamique s’accompagne d’un fort soutien de l’opinion publique espagnole à l’arrêt des ventes d’armes vers Israël : un sondage récent révèle que près de 60 % des citoyens plaident pour une interruption totale de ces transferts, plaçant l’Espagne en tête des pays occidentaux les plus favorables à un tel embargo.
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