Madame la Colombe,
Vous êtes douce, silencieuse, symbole universel d’espoir. Vous planez au-dessus des ruines, vous apportez la promesse d’un monde meilleur. Depuis toujours, les peuples vous regardent avec tendresse. Mais aujourd’hui, permettez que je vous parle franchement. Non pas pour vous accuser, mais pour vous réveiller.
Madame, vous n’êtes pas du bon côté de l’histoire. Et je crains même que vous ne l’ayez jamais été.
Rappelez-vous votre naissance moderne. Ce fut en 1949, dans les mains d’un génie : Pablo Picasso. Il vous dessina à l’encre noire pour illustrer le Congrès mondial des partisans de la paix, à Paris. Une belle initiative, en apparence. Le monde sortait de l’enfer : six ans de guerre, des millions de morts, les camps, les bombardements. Et puis ce choc absolu : les images d’Hiroshima et de Nagasaki. Deux villes rasées, des enfants brûlés, des quartiers entiers évaporés. L’Humanité tremblait encore.
Mais Madame la Colombe, savez-vous vraiment qui tenait le pinceau invisible qui vous a fait voler de pancarte en pancarte ? Savez-vous qui a financé ce Congrès mondial de la paix ? Ce n’était pas une assemblée de poètes. C’étaient les réseaux du Parti communiste international, téléguidés par Moscou, et financés par le régime stalinien, l’un des plus meurtriers de toute l’Histoire.
On vous a utilisée, Madame.
On vous a brandie pour délégitimer l’Occident, pour transformer l’Amérique, qui venait de sauver l’Europe du nazisme, en fauteur de guerre. On a collé votre image sur des affiches rouges, on vous a fait flotter au-dessus de slogans dictés par ceux qui, en coulisses, installaient des camps, des murs, des dictatures.
Permettez-moi de vous rappeler quelques chiffres.
Staline : plus de 50 millions de morts, entre les purges, les famines organisées, les déportations.
Mao : 70 à 80 millions de morts, par les famines provoquées, les camps, les révolutions « culturelles ».
Ce sont là les deux plus grands bourreaux du XXe siècle – sans doute de l’Histoire humaine. Et vous, colombe, étiez sur les tracts de leurs partisans, dans les mains de leurs relais, comme une caution morale.
Pendant ce temps, les foules sincères, traumatisées par la guerre, pleuraient devant les images d’Hiroshima. Mais ces images étaient instrumentalisées. On les montrait encore et encore pour diaboliser l’Amérique, pour faire oublier que cette bombe, aussi tragique fut-elle, avait mis fin à un carnage mondial, et probablement évité des millions de morts supplémentaires.
Si l’Amérique n’avait pas arrêté l’Allemagne nazie, puis contenu le communisme, qui sait ce qu’il serait advenu ?
Aujourd’hui, nous parlerions peut-être allemand, russe, ou chinois.
Certains diront : chinois, pour leur fameuse colombe laquée… ou plutôt canard laqué, pardon ! L’habitude de tout manger finit par se confondre.
Mais ne soyons pas injustes : les bourreaux ont toujours eu bon goût. Staline, Mao et leurs héritiers vous ont toujours servie avec soin, Madame la Colombe. Vous êtes leur plat favori : tendre, symbolique, naïve — parfaite pour être accommodée à toutes les sauces.
Les Russes, eux, vous préfèrent mijotée dans un bon « borsch », ce potage où tout disparaît dans le rouge des betteraves, des mensonges, et de l’amnésie. Vous en ressortez sans plume, sans voix, mais toujours utile.
Aujourd’hui encore, on vous promène dans les cortèges. On pleure les enfants de Gaza, on crie à la paix, on accuse Israël de tous les maux. Et vous, Madame, vous flottez au-dessus des pancartes. Mais regardez bien autour de vous.
Qui vous porte ?
Qui vous manipule ?
Et surtout : qui vous fait taire quand ce sont les enfants juifs qui meurent ?
Quand les femmes sont violées, les bébés arrachés à leurs familles, les civils brûlés vifs ? Où êtes-vous, alors ?
Le peuple juif, Madame, n’a jamais été un peuple d’agresseurs. Depuis deux mille ans, il a été exilé, spolié, massacré, calomnié. Et pourtant, partout, il a voulu bâtir, étudier, contribuer. Aujourd’hui encore, il se défend — non pour conquérir, mais pour survivre. Et vous, colombe, souvent, on vous agite contre lui. Une fois de plus, vous êtes du mauvais côté.
Mais il est encore temps.
Le bon côté de l’histoire n’est pas celui des foules ni des modes, pas celui des hashtags et des vidéos montées. C’est celui de la liberté, de la vérité, de la responsabilité. C’est celui qui protège les plus faibles, même quand cela coûte. Ce n’est pas le plus attirant, ni le plus applaudi. Mais c’est celui qui sauve ce qu’il reste d’humain dans un monde de confusion.
Alors Madame la Colombe,
Sortez des mains de ceux qui hurlent des mensonges avec des larmes de crocodile. Revenez vers ceux qui construisent, protègent, soignent. Posez-vous sur l’épaule de ceux qui gardent leur dignité, même dans l’épreuve. Et fuyez ceux qui crient « paix » tout en prêchant la haine.
Vous êtes un beau symbole. Mais il est temps de redevenir une vraie messagère de paix, et non le faire-valoir de la violence camouflée.
Eliahou Hassan