L’héritière du producteur de Zyklon B participera à la flottille pour Gaza

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Marlene Engelhorn, figure médiatique en Autriche et militante engagée, se prépare à embarquer à bord d’une prochaine flottille pro-palestinienne à destination de Gaza. Issue d’une des plus riches familles industrielles allemandes, son nom est lié à une histoire lourde : celle de l’entreprise chimique ayant contribué, directement ou indirectement, à la production du gaz mortel Zyklon B, utilisé dans les camps d’extermination nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Un passé familial controversé

Engelhorn descend de la famille fondatrice de BASF, une entreprise chimique qui a fusionné avec le conglomérat IG Farben dans les années 1920. Ce dernier, à l’époque du régime nazi, fut un acteur central de l’industrie chimique allemande, produisant notamment le Zyklon B, gaz à base de cyanure tristement connu pour avoir été utilisé dans les chambres à gaz des camps de concentration.

Après la guerre, IG Farben fut démantelé, et BASF fut reconstituée en 1952, conservant des liens familiaux jusqu’à la vente de l’entreprise dans les années 1990. La fortune familiale, estimée à plusieurs milliards de dollars, a continué à se transmettre. En 2021, Marlene Engelhorn hérite de 27,1 millions de dollars après le décès de sa grand-mère.

Engagement politique et redistribution volontaire
Consciente de l’origine contestée d’une partie de sa fortune, Engelhorn ne se contente pas d’en profiter. Elle a publiquement exprimé son souhait de rendre des comptes et redistribuer ses richesses. Dans une démarche inédite, elle a sollicité le gouvernement autrichien pour que son héritage soit taxé à hauteur de 90 %. L’Autriche, ne disposant pas d’impôt sur les successions, a refusé cette demande.

En réaction, elle a fondé le mouvement « Tax Me Now », qui milite pour une réforme fiscale ambitieuse en faveur d’une imposition plus forte des grandes fortunes. Ce collectif compte parmi ses membres d’autres héritières comme Abigail Disney ou Valerie Rockefeller, qui plaident également pour une redistribution plus équitable des richesses.

Une prise de position pro-palestinienne

Sur ses réseaux sociaux, Marlene Engelhorn a exprimé des positions fermes sur le conflit israélo-palestinien. Elle y dénonce ce qu’elle appelle « le génocide, l’apartheid et l’occupation illégale » perpétrés à l’encontre des Palestiniens, et appelle à une « Palestine libre ».

Son engagement se matérialisera dans les prochains jours par sa présence annoncée à bord d’une flottille humanitaire en route vers Gaza, organisée par des militants du Mouvement mondial pour Gaza Autriche. Cette initiative vise à briser le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza et à livrer une aide humanitaire d’urgence aux civils affectés.

Dans une vidéo publiée sur Instagram, Engelhorn affirme : « Nous continuerons de lutter pour briser ce siège illégal et apporter de l’aide humanitaire à Gaza. » Les organisateurs de la flottille se félicitent de sa participation, la présentant comme une personnalité qui, selon leurs termes, se « tient du bon côté de l’histoire ».

La flottille Handala et son interception

Ce n’est pas la première fois qu’une flottille de ce type tente de rejoindre Gaza. Le Handala, un navire ayant pour mission d’attirer l’attention sur la situation humanitaire dans l’enclave palestinienne, a récemment été intercepté par la marine israélienne alors qu’il approchait des côtes.

Bob Suberi, un passager américain d’origine juive présent à bord du Handala, a salué l’impact de cette action : « Nous avons atteint notre objectif. L’événement a été largement médiatisé et a attiré l’attention internationale sur le siège de Gaza et le génocide par la famine. » Malgré son interception, il considère la mission comme un succès en termes de visibilité.

La flottille, selon ses initiateurs, s’inscrit dans un effort de désobéissance civile internationale visant à dénoncer les restrictions imposées par Israël et à faire pression pour que l’aide humanitaire parvienne aux populations civiles prises au piège.

L’arrivée prochaine de Marlene Engelhorn dans ce convoi symbolique promet d’intensifier les regards médiatiques sur cette initiative, mêlant mémoire historique, justice sociale et solidarité internationale. Son nom, associé à un héritage industriel controversé, prend aujourd’hui un tout autre relief dans un contexte de tensions géopolitiques persistantes.

Jforum.fr

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