Après les frappes américaines contre ses installations nucléaires, suivies d’attaques israéliennes continues, l’Iran durcit le ton. Téhéran envisage désormais une mesure aux conséquences internationales majeures : la fermeture du détroit d’Ormuz. Cette décision, déjà validée par le Parlement iranien, attend l’aval final du Conseil suprême de sécurité nationale. Si elle était appliquée, elle marquerait une escalade significative dans la confrontation entre la République islamique et l’Occident.
La sécurité du détroit est assurée par deux branches navales iraniennes : la Marine régulière (IRIN) et celle des Gardiens de la révolution (IRGCN), cette dernière étant la plus influente et la mieux équipée des deux. Leur commandement principal se trouve à Bandar Abbas, port stratégique sur les rives du détroit. Le général Abbas Gholamshahi, à la tête de la « Première Zone opérationnelle », en assure le contrôle depuis 2016. Sa mission : surveiller les flux maritimes et garantir la sécurité des infrastructures portuaires civiles, tout en disposant de moyens de dissuasion — missiles côtiers, navires de surface, défense aérienne — capables de perturber toute navigation indésirable.
La menace de blocage du détroit représente un levier politique important pour l’Iran, qui l’utilise pour exercer une pression sur la communauté internationale dans un contexte de tensions croissantes. Toutefois, cette stratégie pourrait bien se retourner contre lui.
L’un des points critiques est la dépendance énergétique de certains partenaires stratégiques de l’Iran. Pékin et Moscou, notamment, comptent sur les exportations iraniennes de carburant. Avec la guerre en Ukraine, la Russie importe désormais une partie de son énergie depuis Téhéran. Quant à la Chine, elle reste le principal acheteur de pétrole iranien. Une fermeture du détroit frapperait donc directement ces deux puissances. Si l’Iran s’attaque aux installations pétrolières de ses voisins ou bloque le passage maritime, il risque de subir des représailles indirectes, y compris de ses alliés supposés, soucieux de protéger leurs propres intérêts économiques.
Déjà, la Grèce a recommandé à ses navires marchands d’éviter temporairement le passage par le détroit d’Ormuz. En parallèle, plusieurs rapports britanniques signalent d’étranges perturbations GPS à proximité de la zone, signe probable d’une activité militaire ou électronique accrue.
Militairement, l’Iran a déjà affronté les États-Unis dans le passé dans cette région, notamment lors de l’opération « Praying Mantis » en 1988, où sa marine avait subi une sévère défaite. Aujourd’hui encore, malgré un arsenal plus sophistiqué, la marine iranienne ne fait pas le poids face à la puissance navale américaine, capable de déployer rapidement porte-avions, sous-marins et avions de chasse dans le golfe.
Du point de vue régional, l’échec apparent de l’Iran à répondre efficacement aux attaques récentes réjouit discrètement plusieurs pays. La Turquie y voit une opportunité pour renforcer son influence dans la région. L’Arabie saoudite, le Koweït et Bahreïn se sentent soulagés par l’affaiblissement d’un voisin longtemps perçu comme une menace directe. La Jordanie et l’Égypte, quant à elles, espèrent que le recul iranien limitera les ambitions de l’axe chiite, perçu comme une force de déstabilisation.
Dans ce contexte, la fermeture du détroit d’Ormuz, si elle venait à se concrétiser, constituerait une provocation majeure aux répercussions économiques et sécuritaires mondiales. Les tensions dans la région n’ont jamais été aussi palpables. La communauté internationale scrute désormais avec inquiétude les prochains mouvements de la République islamique, dont les options semblent de plus en plus restreintes.
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