L’iran se prépare à la mort de Khamenei

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Alors que les tensions régionales s’aggravent et que l’Iran se trouve sous la menace constante de frappes militaires et de pressions internationales, les plus hauts responsables du régime islamique intensifient discrètement la recherche du successeur d’Ali Khamenei, guide suprême âgé de 86 ans. Depuis plusieurs semaines, selon Reuters, les discussions à huis clos se multiplient, dans une atmosphère rendue plus urgente par l’état de santé du dirigeant, les pertes dans les rangs du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), et les menaces explicites d’assassinat émanant des États-Unis et d’Israël.

Un comité spécial, formé il y a deux ans à l’initiative de Khamenei lui-même, est chargé de préparer la transition. Composé de trois dignitaires religieux membres de l’Assemblée des experts — organe constitutionnel désigné pour choisir le guide suprême —, ce groupe a redoublé d’activité depuis les frappes israéliennes sur des installations iraniennes et les déclarations américaines visant directement le leadership iranien.

Selon plusieurs sources proches des cercles du pouvoir à Téhéran, l’objectif est clair : en cas de décès de Khamenei, une désignation rapide d’un successeur est jugée indispensable pour garantir la continuité du régime et éviter toute vacance de pouvoir qui pourrait être exploitée tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

Deux noms dominent actuellement les discussions : celui de Mojtaba Khamenei (notre photo), fils du guide actuel, et celui de Hassan Khomeini, petit-fils du fondateur de la République islamique, Ruhollah Khomeini.

 

Mojtaba Khamenei, 56 ans, n’a jamais occupé de fonction officielle au sein de l’appareil d’État, mais il est largement perçu comme un acteur de l’ombre influent. Détenteur d’un pouvoir considérable au sein du réseau religieux et militaire iranien, il est réputé proche du CGRI et fidèle à la ligne idéologique dure de son père. Toutefois, Ali Khamenei lui-même aurait exprimé des réserves quant à une succession dynastique, qui risquerait de raviver le souvenir du régime monarchique déchu en 1979.

À l’inverse, Hassan Khomeini, âgé de 53 ans, incarne un profil plus modéré. Bien qu’il ait été écarté en 2016 par les conservateurs de la course à l’Assemblée des experts, son nom revient régulièrement comme celui d’un possible réformateur capable de favoriser une ouverture contrôlée, tout en bénéficiant d’un certain respect au sein du clergé chiite et même des Gardiens de la révolution. Il a récemment publié un message de soutien à l’actuel guide, tout en se disant prêt à servir la République islamique sous quelque forme que ce soit.

En parallèle, un troisième nom est mentionné : celui de l’ayatollah Ali-Reza Arapi, membre de l’Assemblée des experts. Moins médiatisé, il n’est pas exclu qu’il puisse jouer un rôle, notamment si un consensus ne se dégage pas entre les camps rivaux.

 

Un scénario alternatif, jugé plausible par plusieurs analystes, serait la désignation d’un guide de second plan, peu connu du public, mais étroitement contrôlé par les forces militaires du régime. Un « guide fantoche », comme le qualifient certains experts, permettant au CGRI de renforcer son influence directe sur les affaires politiques et stratégiques du pays sans modifier la façade institutionnelle.

Khamenei, qui vit actuellement reclus dans une résidence sécurisée et protégée par une unité spéciale, suit les débats mais n’a pas encore donné d’indication claire sur sa préférence. Il reste très discret, y compris sur les dernières attaques militaires contre l’Iran, laissant les organes sécuritaires gérer la riposte.

Entré au pouvoir en 1989 après la mort de Khomeiny, Ali Khamenei a progressivement consolidé un pouvoir personnel fort, s’appuyant sur les réseaux religieux, militaires et sécuritaires pour maintenir un équilibre entre les factions du régime. Ce modèle pourrait toutefois être difficile à reproduire à l’identique dans le contexte actuel, marqué par des tensions internes croissantes et un isolement international accru.

La désignation de son successeur représente donc un moment charnière pour l’avenir de la République islamique. Qu’il s’agisse de préserver le statu quo, d’ouvrir prudemment le régime ou de voir les militaires s’affirmer davantage, la prochaine figure à la tête du pays aura pour mission de maintenir l’autorité du pouvoir central dans une période de forte incertitude.

 

Jforum.fr

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