Microsoft face aux salariés pro-palestiniens

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Depuis plusieurs mois, Microsoft fait face à une fronde interne menée par un collectif de salariés mobilisés autour de la cause palestinienne. Leur revendication principale : que l’entreprise mette fin à toute coopération technologique avec Israël, accusé d’utiliser ses outils numériques à des fins militaires.

La contestation, initiée après les événements du 7 octobre, a franchi un nouveau cap cette semaine. Dans la nuit de mardi à mercredi, sept militants – dont deux employés actuels de Microsoft – ont été arrêtés après avoir occupé le bureau du président de la société, Brad Smith. L’action, organisée par le collectif No Azure for Apartheid, a été retransmise en direct sur la plateforme Twitch jusqu’à l’intervention de la police. Brad Smith a confirmé lui-même que des salariés figuraient parmi les personnes interpellées.

Des actions répétées et spectaculaires
Il ne s’agit pas d’un incident isolé. Quelques jours plus tôt, une vingtaine de protestataires avaient été interpellés au siège historique de l’entreprise à Redmond, dans l’État de Washington, après avoir dressé des barrages et refusé de quitter les lieux. Ces mobilisations, bien que minoritaires, témoignent d’un climat de tension croissant entre la direction et une partie des salariés.

D’après une enquête de l’agence Bloomberg, la direction a adopté une stratégie ferme : coopération avec le FBI et les autorités locales, suppression de contenus diffusés en interne, et parfois licenciements de participants aux manifestations. Malgré ces mesures, la contestation persiste à travers des courriels collectifs, des sit-ins et des interruptions d’événements officiels.

Les accusations du collectif
Le mouvement No Azure for Apartheid affirme que les services cloud Azure et les outils d’intelligence artificielle développés par Microsoft seraient utilisés par l’armée israélienne ainsi que par d’autres organismes de sécurité. Selon eux, ces solutions contribueraient indirectement à des opérations nuisant aux civils palestiniens.

Microsoft réfute catégoriquement ces accusations. Brad Smith a rappelé que l’entreprise exige de tous ses clients le respect du droit international et des principes relatifs aux droits humains. L’entreprise assure enquêter systématiquement sur toute allégation d’usage abusif. Une vérification interne a d’ailleurs été ouverte après des rumeurs selon lesquelles Tsahal utiliserait ses serveurs pour stocker des données sensibles. Toutefois, une enquête indépendante précédente n’avait mis en évidence aucune preuve d’un détournement de ses logiciels.

Un contexte tendu depuis octobre

La vague de protestations a véritablement pris de l’ampleur après les attaques du 7 octobre. Alors que la direction avait d’abord exprimé son soutien aux employés israéliens et juifs, de nombreux salariés palestiniens et leurs alliés ont estimé que leurs propres préoccupations étaient ignorées. Cette fracture s’est accentuée au fil des mois.

En avril, lors des célébrations du 50e anniversaire de Microsoft, deux jeunes employées ont interrompu la cérémonie officielle en criant des slogans anti-israéliens et en jetant des keffiehs sur la scène. Quelques semaines plus tard, un ingénieur est allé jusqu’à accuser publiquement Satya Nadella, le PDG de l’entreprise, de « crimes de guerre », lors d’un congrès professionnel. Son intervention s’est soldée par un licenciement immédiat.

Sanctions et surveillance
Selon plusieurs témoignages, plusieurs dizaines de salariés ont été suspendus, licenciés ou placés sur liste noire pour leur participation au mouvement. Certains dossiers auraient même été transmis aux autorités fédérales. Actuellement, le collectif regroupe environ 200 membres, un chiffre modeste rapporté aux quelque 200 000 employés que compte Microsoft à travers le monde. Néanmoins, ses actions répétées attirent une forte couverture médiatique et relancent le débat en interne.

Lors de réunions récentes, une part importante des questions adressées à la direction concernait directement ce dossier sensible. Les dirigeants, soucieux de maintenir la cohésion au sein de l’entreprise, tentent de répondre sans céder aux revendications de rupture des partenariats avec Israël.

Un mouvement inscrit dans une dynamique mondiale
Les militants eux-mêmes reconnaissent que leurs chances de voir Microsoft couper ses liens avec Israël sont faibles. Leur objectif déclaré est de maintenir une pression constante et d’inscrire leur lutte dans un mouvement international plus vaste, regroupant divers collectifs dénonçant les coopérations technologiques avec l’État hébreu.

Jforum.fr

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