« Ils m’ont persécuté parce que je suis juif »

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« Ils m’ont persécuté parce que je suis juif »

Lionel Krief, un médecin juif français, a développé une technologie pour la détection précoce de la maladie d’Alzheimer, mais un différend avec son associée au sein de la clinique s’est transformé en un événement juridique antisémite, qui impliquait des représentants du gouvernement français.

Sa collaboratrice est morte mystérieusement ; lui et sa famille ont perdu leur propriété et ont fui en Israël.

Me. Jean-Alex Buchinger était inhabituellement nerveux dans son bureau du 16ème arrondissement de Paris.

Je vais violer les lois professionnelles du travail”, me dit-il, “mais c’est une affaire tellement grave, et il y a des choses tellement imaginables que je suis prêt à payer le prix de mes actions.”

Il me montre une lettre qui lui a été envoyée le 31 août par un de ses collègues. En France, il est absolument interdit de révéler la correspondance entre avocats.

« Mon cher confrère, M. Krief nous a informés qu’il devait quitter précipitamment la France, non pour se mettre à l’abri de ses créanciers, mais parce qu’il était menacé de mort comme il en avait été prévenu par la Ministre Laurence Rossignol dans le passé. L’endroit où il vit maintenant est secret parce qu’il craint pour sa vie, et n’a pas cru opportun de le mentionner dans les lettres qu’il nous a envoyées. Nous lui ferons savoir que les documents légaux seront transférés à l’adresse où il a été enregistré, et nous ne lâcherons pas nos efforts pour le trouver. Cela ne devrait pas être trop difficile, étant donné que Ben Laden et Saddam Hussein ont été trouvés ».

« J’ai reçu de nombreuses lettres d’avocats tout au long de ma vie », dit Me Buchinger, « mais cette lettre m’a choqué, Ben Laden, Saddam Hussein, ce n’est pas normal qu’un avocat écrive des choses pareilles ».

Me Buchinger est également membre du conseil d’administration du Consistoire de Paris et, dans le cadre de ses activités professionnelles et communautaires, il a été invité, il y a trois ans, par le Président du Consistoire à prendre en charge une affaire complexe d’antisémitisme, impliquant des hauts fonctionnaires dans divers organismes gouvernementaux et de l’Etat français. Cette affaire se déroule sous la chape de plomb d’un silence total de la part des autorités et des médias en France.

Ces dernières années, la lutte contre l’antisémitisme est devenue un problème récurrent, en France. Prenez, par exemple, le meurtre de Sarah Halimi, où plusieurs semaines ont dû passer avant que la presse française commence à le traiter. Le système judiciaire doit encore décider (NDLR : à l’époque de la publication de l’article) si le meurtre, perpétré par un jeune musulman au cœur de Paris, était motivé par l’antisémitisme, ou « spontané », sous l’emprise de la drogue.

Dans l’affaire qui nous concerne, ce n’est pas un meurtre antisémite, mais un assassinat professionnel et financier ciblé d’un médecin juif, le Dr. Lionel Krief, un des plus grands experts en médecine nucléaire, qui a développé un moyen révolutionnaire de détection précoce de la maladie d’Alzheimer.

Krief n’est pas la seule victime. Sa femme, Rina, une israélienne née en Ouzbékistan, a été passée à tabac par la police lors d’une arrestation après des plaintes soudaines de la part d’employés qui auraient été harcelés. La police soutenait que c’est la femme qui les a attaqués, mais elle a été acquittée de toutes charges.

Les deux enfants du couple Krief, ont dû couper court à leur vie en France et la quitter pour Israël, très tôt,  après la mort de l’une des plus proches collaboratrices de Krief dans des circonstances mystérieuses. Krief n’a aucun doute que sa collaboratrice ait été assassinée, tout comme son mari, qui est mort quelques mois plus tard de manière suspecte.

Quelques jours après la mort de sa collaboratrice, le Dr. Krief a reçu un message sur son portable d’une femme politique socialiste qui a ensuite été nommée Ministre de la Famille du Président François Hollande : « Fuyiez, sauvez-vous ». Krief voulait poursuivre les procédures judiciaires pour sauver son honneur professionnel et ses biens, mais en février, il a quitté la France.

Sa femme était la dernière à partir. Elle a essayé de continuer la lutte pour préserver les biens de la famille, mais après que l’appartement familial ait été vendu aux enchères, elle a été évincée de force par la police.

*   *   *

« C’est un cas très complexe, admet Me. Buchinger. Je m’abstiens systématiquement d’utiliser l’argument antisémite et j’essaie toujours de voir les choses objectivement. Mais dans le cas de Krief, il est clair qu’il a été victime de la jalousie de ses collègues. Son projet de détection de la maladie d’Alzheimer, très avancé, aurait pu développer considérablement son activité professionnelle.

Le fait que des dizaines de procédures judiciaires aient été ouvertes contre lui (dont la plupart se sont traduites par son acquittement et dont certaines sont toujours en cours) a servi ses adversaires pour dire qu’il n’y a pas de fumée sans feu.

Véronique Chemla, journaliste juive, est la seule journaliste française qui a osé écrire sur l’affaire Krief sur son blog qui traite de l’antisémitisme dans le pays. Quand elle s’est tournée vers les Ministères de la Santé, de la Justice et le Ministère des Finances pour tenter de découvrir les dessous de l’affaire, elle s’est heurtée à un mur. Personne n’a accepté de lui parler et ils ne lui ont pas permis d’accéder à des documents officiels censés être ouverts au public. Les médias, y compris les journaux et les stations radio de la communauté juive locale, qui est la plus importante d’Europe occidentale, n’ont pas coopéré.

Elle prouve que les leaders de la communauté juive s’abstiennent de défendre les Juifs impliqués dans des incidents antisémites complexes et montre le lien entre l’antisémitisme chrétien et l’antisémitisme musulman.

«Le gouvernement a échoué dans cette affaire. Au cours des années où elle a eu lieu, plusieurs ministres du ministère de la Santé, de droite et de gauche, n’ont donné aucune instruction aux organes chargés de surveiller ce qui se passait. Les ministres du Travail n’ont rien fait. Les autorités fiscales ne protégeaient pas les droits de Krief. C’est un scandale au niveau de l’Etat.

« Lorsque l’affaire Dreyfus a eu lieu, une partie de la France s’est jointe à lui. Le Grand rabbin de France était à ses côtés, les dirigeants de la communauté travaillaient pour lui, et il y avait des non-Juifs qui venaient à sa défense. Cette fois, personne n’a répondu, ni des intellectuels, ni des journalistes ».

Pourquoi, à votre avis ?

« Peut-être parce que c’est tellement énorme que les gens se disent que cela ne peut pas arriver, peut-être parce que c’est effrayant, parce que si vous dites que c’est de l’antisémitisme étatique, l’antisémitisme institutionnalisé est effrayant. Les personnes impliquées dans la persécution du Dr. Krief ont été promues dans leur travail ».

*   *   *

Lionel Krief est né il y a 57 ans à Paris d’une famille d’origine tunisienne émigrée en France au début des années 1960, alors que la plupart des Juifs maghrébins restants quittaient leur pays d’origine à la suite de la violence des Etats arabes pour obtenir l’indépendance et  à cause du conflit arabo-juif. Lionel était l’aîné des quatre enfants de la famille. Après avoir été diplômé de l’école, il est allé à l’école de médecine et s’est spécialisé en médecine nucléaire.

Au début des années 1990, diplômé à Paris avec mention, Krief fut l’un des dix premiers médecins français à se spécialiser en cette matière – branche utilisant des atomes radioactifs et des rayonnements ionisants pour la recherche et le diagnostic de maladies.

“La médecine nucléaire est parallèle à la radiologie”, explique Krief, “en utilisant des traceurs radioactifs, qui sont injectés afin de tester leur fonctionnement.” Je me suis spécialisé dans le cerveau, le cancer, le cœur. Après une période de travail dans un hôpital, j’ai décidé d’aller dans le secteur privé, et en 1996, je me suis installé dans la ville de Compiègne, et puis j’ai étendu mes activités à la ville voisine de Creil. “

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Sous la photo du Dr. Krief, “Nos centres médicaux ont été reconnus dans le monde entier”.

En 2000, Krief établit un partenariat avec le Dr. Valérie Daneski, médecin local, dans la région Picardie-Oise au nord de Paris, où il concentrait ses activités médicales pour gérer les deux centres de médecine nucléaire de Compiègne et Creil, détenant 75,5 % de la société commune et du matériel médical. Rétrospectivement, ce partenariat était un obstacle, mais en même temps, son succès professionnel, son appréciation et ses revenus semblaient promettre un brillant avenir.

“Nos centres médicaux ont été reconnus dans le monde entier – rois, ministres, célébrités de l’industrie du spectacle – tous sont venus se faire soigner, et des patients du monde arabe – du Maroc, d’Algérie et de Tunisie-, ce qui rendait mes concurrents jaloux en raison de ma capacité à utiliser la technologie qui permet de détecter le cancer avec une résolution extraordinaire.

« En 2002-2004, j’ai découvert que cette technologie pouvait aussi aider à la détection précoce de la maladie d’Alzheimer 10 à 15 ans avant son déclenchement ». En 2007, je voulais voir quel impact la découverte aurait sur la communauté médicale.

Nous avons tenu des conférences professionnelles. Les réactions étaient très positives.

J’ai décidé de mettre en place un accélérateur de particules avec un laboratoire autrichien pour produire la molécule permettant l’identification médicale précoce de la maladie. Nous avons embauché des dizaines de travailleurs, nous nous sommes progressivement installés en Picardie-Oise, une province très sous-développée médicalement. Les centres étaient censés aider le développement économique de la région.

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Un proche collaborateur du Président Sarkozy, Éric Woerth, avait une sœur médecin gériatre et le sujet l’intéressait beaucoup. Elle m’a demandé de lui écrire un mémo sur les conclusions de mon travail. Je peux être naïf, mais pas stupide. J’ai refusé de le déposer et je l’ai communiqué oralement. Je sais que ces données ont été transmises à son frère, qui a immédiatement compris l’importance de la question, et elles sont parvenues à Sarkozy. “

*   *   *

Le 24 janvier 2008, le Dr. Krief a organisé un symposium avec la participation d’experts en psychiatrie, en neurologie, en psychologie, en gériatrie et en médecine générale, au cours duquel il a annoncé sa découverte et son intention, à terme, de promouvoir un traitement révolutionnaire. Une semaine plus tard, de manière assez surprenante, le Président Sarkozy a annoncé un plan national de lutte contre la maladie d’Alzheimer – maladie dont l’effet se fait sentir dans les sociétés européennes vieillissantes : un quart des femmes et 20% des hommes de 85 ans et plus en souffrent.

« Pour nous, c’était le début d’une campagne de persécution légale », dit Krief. « Plus tard, nous avons réalisé que notre projet intéressait Sarkozy et qu’il voulait en avoir le contrôle.
Selon Krief et son épouse, la méthode de détection qu’il a développée a créé une « campagne de persécution légale » – 50 procédures judiciaires contre lui ont été intentées pour l’éliminer professionnellement. A la veille de la transformation des centres médicaux en centres internationaux de détection précoce de la maladie d’Alzheimer, son associée, le médecin, a déposé une requête auprès du tribunal pour dissoudre le partenariat commercial avec Krief.

« Les deux parties ont soumis des propositions d’achat identiques à la Cour, dit Buchinger, “bien que la proposition de Daneski ait été préférée, malgré le manque de compétences en médecine nucléaire par rapport au Dr Krief, le tribunal a décidé de lui donner le contrôle absolu du centre médical de Creil. Krief a interjeté appel, lequel a été rejeté.

« Daneski aurait dû donner au mandataire désigné pour la dissolution du partenariat 2,7 millions d’euros pour l’acquisition de la propriété du centre médical de Creil, et pendant des années, elle a refusé de nous remettre des preuves qu’elle ait payé.

Au ministère de la Justice français, il n’y aucune information sur un transfert de fonds.

Les bénéfices restants de l’acquisition après la liquidation du partenariat devaient être partagés entre Krief et Daneski, concernant les actions qu’ils détenaient, mais le liquidateur a refusé de nous donner une explication quant à l’endroit où l’argent se trouve et ce qui en a été fait. D’après Krief, Daneski n’a pas payé les 2.700.000 euros, le prix de la cession du centre de Creil.

Alors que le conflit commercial entre Krief et Daneski bat son plein, certains des motifs du conflit ont été révélés progressivement. L’un des députés sollicités, Michel Françaix du Parti socialiste, a dit à la femme de Krief, en présence d’autres personnes : “Le problème du Dr. Krief est son origine. Il n’a pas 22 générations de catholiques dans son patrimoine génétique ».

Le 24 juin 2008, dans l’un des centres, il y a eu une démonstration d’antisémitisme de la part de Daneski, révélant au moins une partie de ses motivations dans le conflit avec le médecin juif. Un des assistants de la direction a témoigné que Daneski lui avait dit que « Krief est un escroc connu », contre lequel une enquête criminelle a été ouverte, et que la société qui gère les centres médicaux lui sera transférée puisqu’elle est française et catholique.

« Le nom de Krief commence par la lettre K, comme Killer, a dit Daneski à la collaboratrice “et sa femme et son fils ont des visages de tueurs. Je suis prête à acheter à Krief un billet aller simple pour Israël, où il ira en prison, dans l’espoir qu’il recevra des repas cacher. Je me sens obligée de nettoyer la France de ces escrocs. »

Un des techniciens des centres médicaux a témoigné à la police que Daneski était arrivée à son lieu de travail et lui avait dit, ainsi qu’à d’autres employés : « Savez-vous que M. Krief a trouvé sa femme sur Internet ? Mme Krief est une ancienne prostituée et subit une trithérapie. J’attends qu’il soit en prison. Est-ce que l’on sert des repas cacher en prison?” A lui aussi, elle a dit qu’elle achèterait un billet d’avion pour Israël, un aller simple pour Krief.

Trois jours après l’incident, Krief a déposé plainte auprès de la police contre son associée pour remarques antisémites. Il a apporté des témoignages de nombreux employés qui disaient que Daneski leur avait dit, entre autres que : “Je suis française d’origine et je resterai ici. Krief est juif et il n’aurait pas dû obtenir la permission de vivre en France ».

En mars 2009, le procureur général de la ville d’Amiens a annoncé la clôture de l’enquête, affirmant que trop de temps s’était écoulé depuis les événements.

En même temps, Krief a reçu des plaintes d’organismes professionnels avec lesquels il était en contact, qui l’accusaient « d’abus de confiance »,. Son permis de travail a été temporairement révoqué par le Conseil National de l’Ordre des Médecins, bien que le tribunal ait jugé que l’allégation d’abus de confiance était infondée.

En mars 2011, les Krief ont été convoqués à une enquête de police, à la suite d’une plainte déposée par les employés des centres médicaux sur motif de « harcèlement ». L’interrogatoire s’est immédiatement transformé en détention sans explication et sans le droit d’être assisté par un avocat. Rina Krief, qui était enceinte à l’époque, a été soumise à un examen physique dégradant, et quand elle s’est plainte qu’elle se sentait malade, la police a prétendu qu’elle simulait.

Elle a été détenue pendant près de 40 heures, malgré sa condition médicale précaire. Elle a subi quatre examens médicaux, dont trois ont déterminé qu’elle était apte à rester en détention. Le quatrième médecin qui l’a examinée a refusé d’approuver le maintien en détention, et selon la famille, la police a imité sa signature. Plus tard, le procureur du tribunal de Compiègne a ouvert une enquête contre elle, accusée de rébellion et de violence contre des policiers.

*   *   *

L’affaire a pris des proportions plus dramatiques en septembre 2012, avec la mort mystérieuse de Christelle Rennuit, collaboratrice du Dr. Krief, témoin-clé dans certains des procès contre lui. Rennuit, âgée d’une quarantaine d’années, est décédée d’une crise cardiaque soudaine. Sa famille, ainsi que Krief ont demandé une autopsie, mais la demande a été rejetée par le procureur de Beauvais sans explication.

“Quand les attaques ont commencé à mon encontre, elle était parmi les rares qui m’ont aidé”, dit Krief. “Son mari, qui était aussi dans sa quarantaine, est mort quelques mois plus tard, également d’une crise cardiaque.”

Quelques jours après la mort mystérieuse de Rennuit, le Conseil régional Picardie-Oise a tenu une session sur le développement de l’infrastructure sanitaire dans la province. Parmi les participants au débat figuraient Laurence Rossignol du Parti socialiste, puis membre du Sénat et plus tard ministre de la Famille du gouvernement Français, et Michel Guinot, Conseiller du Front National. Tous deux ont exprimé assez clairement le caractère problématique de l’affaire Krief.

« Cette affaire, que je traite depuis quelques mois, ne sent pas bon, dit Rossignol, elle contient des éléments de harcèlement juridique, de collusion, d’intérêt économique et de plaintes antisémites qui ont conduit le Bureau régional de la santé à enquêter et à préparer un rapport. Ce rapport peut aider à trouver des solutions, à condition qu’il soit mis en œuvre et que quelqu’un veuille prendre ce dossier en l’état où il est, et décider.

“En tout cas, et cela nous concerne, le système de santé publique, l’équipement le plus avancé en cardiologie n’a pas fonctionné depuis plusieurs années en raison des conflits entourant ce dossier « sale », deux personnes en sont victimes – le Dr. Krief et sa collaboratrice, Mme Rennuit qui a été licenciée. Mme Rennuit est décédée cette semaine d’une crise cardiaque, et n’importe qui peut conclure sans chercher une raison médicale précise, qui c’est le résultat de mois et d’années d’harcèlement qu’elle a subi. “

Étonnamment, Guinot – dont les opinions politiques étaient différentes de celles de Rossignol – renforçait ses propos. “Je ne voulais pas en parler publiquement, mais il y a un an ou deux, j’ai envoyé une lettre, restée sans réponse, et puisque notre collègue Rossignol a soulevé le sujet, je veux confirmer ses propos. Il est possible qu’il s’agisse d’une affaire antisémite, car on sait d’où il vient (Dr. Krief), et il me semble que sa femme a aussi la nationalité israélienne, d’après ce qu’on m’a dit.

“En tout cas, il y a quelque chose de malsain dans cette affaire, et je pense qu’il y a des liens politiques et financiers possibles. J’espère que je suis assez clair. En tout cas, je pense qu’il est immoral et odieux que vous puissiez faire des affaires de toutes sortes sur le dos des personnes atteintes du cancer. Ici aussi, j’approuve les propos de Rossignol.

« Après avoir vu certains documents, je pense que cette question devrait être prise très au sérieux parce qu’il y a eu des interventions discrètes d’éléments politiques supérieurs et nous ne pouvons pas tout dire publiquement, bien sûr. La sénatrice a probablement les documents que j’ai, et si vous voulez vous occuper de cette question avec elle, cela ne me dérange pas. En tout cas ça doit être traité, parce que c’est méprisable ».

*   *   *

Deux semaines plus tard, le 20 septembre, à 8 h 35, le médecin juif reçoit sur son téléphone a reçu le message suivant de la Sénatrice Rossignol : « Je suis assez impuissante. Un conseil juste humain : si vous pouvez travailler ailleurs autrement, sauvez-vous de ce truc sordide. Sauvez-vous de ce truc sordide. Sauvez votre peau et laissez votre avocat les faire condamner un maximum d’indemnités de réparation du préjudice subi. Il arrive que la fuite soit salvatrice ».

 » Pour ma famille, c’était un drame, admet le Dr. Krief, « après la mort de la collaboratrice, nous avons envoyé les enfants en urgence en Israël parce qu’ils étaient menacés. Ils sont venus en Israël seuls et se sont débrouillés comme ils le pouvaient. Ma fille était une brillante étudiante en droit et a dû arrêter ses études. C’était le lynchage économique pendant des années, nous avions de l’argent à la banque, mais la banque a gelé toutes nos opérations bancaires et quand nous devions payer les prêts, nous ne pouvions pas, et la banque nous a poursuivi pour défaut de payement et demandait à ce que notre appartement soit vendu. L’appartement a été vendu aux enchères pour la moitié de sa valeur. Ma femme a été jetée dans la rue par la police. C’est juste un exemple de ce que nous avons traversé. »

Dans leur nouveau domicile à Netanya, les membres de la famille tentent de se remettre du traumatisme subi ces dernières années et de reconstruire leur vie. La fille Debora (24 ans) s’est récemment mariée et travaille dans des petits boulots. Son frère Yoni (27ans) travaille dans le marketing immobilier.

Le Dr. Krief lui-même fait ce qui est requis pour obtenir une licence israélienne pour pratiquer la médecine : « L’intention est d’avancer le plus rapidement possible, dit-il. Ce qui m’intéresse le plus, c’est de recommencer à travailler et de permettre aux malades de bénéficier de mon expérience ».

En parallèle, Me. Buchinger poursuit la bataille juridique en France.

« Dans la région Picardie-Oise, les sentiments antisémites sont si forts qu’ils ont préféré se débarrasser du Dr. Krief plutôt que de bénéficier de ses connaissances scientifiques et de ses capacités, autrement il serait difficile de comprendre pourquoi il a été si gravement harcelé. Ils auraient dû être fiers qu’un médecin comme lui coordonne ses activités chez eux. Mais c’est la vraie France.

“C’est un endroit non loin de Paris, mais l’atmosphère est très différente – que ce soit l’antisémitisme pur ou l’envie qui a provoqué l’antisémitisme – je n’ai pas de réponse à cela. Cela prendra beaucoup de temps et d’énergie, mais j’irai jusqu’au bout jusqu’à ce que justice soit faite ».

 

 

ARTICLE PARU SUR LE JOURNAL « ISRAEL HAYOM » LE 3 NOVEMBRE 2017 SUR L’AFFAIRE DU DOCTEUR KRIEF TRADUIT PAR LE DOCTEUR KARIN CALVO- GOLLER :  AVOCAT au BARREAU D’ISRAEL.
En savoir plus sur http://www.jforum.fr/ils-mont-persecute-parce-que-je-suis-juif.html#agKKBLIrIAqftJDg.99

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