Netanyahou nomme Levin et Katz à des ministères clés

0
53

Netanyahu confie des ministères sensibles à Levin et Katz après les démissions du Shas
Dans un climat politique tendu, marqué par les tensions autour de la conscription des orthodoxes, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi 29 juillet des nominations ministérielles temporaires visant à stabiliser son gouvernement. Ces ajustements interviennent à la suite du départ du parti Shas, formation orthodoxe clé de la coalition, qui a quitté le gouvernement le 17 juillet.

Ce retrait fait suite à l’échec des négociations sur un projet de loi controversé destiné à exempter une majorité d’hommes ‘harédim du service militaire obligatoire. En réponse à ce vide politique, Netanyahu a nommé deux membres fidèles de son gouvernement à des postes clés : le ministre de la Justice Yariv Levin, déjà proche du Premier ministre, devient temporairement responsable des portefeuilles de l’Intérieur, du Travail et des Affaires religieuses. De son côté, Haim Katz, ministre du Tourisme, se voit confier les ministères du Bien-être et de la Santé.

Cette redistribution n’est pas sans précédent. En janvier, à la suite de la démission du parti Otzma Yehudit, qui avait quitté temporairement la coalition en signe de désaccord avec un accord d’échange d’otages avec le ‘Hamas, Netanyahu avait déjà confié provisoirement les trois ministères vacants à Haim Katz. Une stratégie qui semble indiquer la volonté du Premier ministre de conserver les portefeuilles dans un cercle restreint de confiance, dans l’attente d’un retour potentiel des partis démissionnaires. Les ministères avaient d’ailleurs été restitués à Otzma Yehudit lorsque celui-ci avait réintégré la coalition en mars.

La désignation de Katz comme ministre du Logement avait déjà eu lieu récemment, le 15 juillet, en remplacement de Yizhak Goldknopf, président du parti orthodoxe UTJ, qui avait également quitté le gouvernement pour les mêmes raisons que Shas. La pression sur la coalition autour du projet de loi militaire est donc réelle, poussant Netanyahu à des solutions de gestion politique à court terme.

Toutefois, ces décisions ne font pas l’unanimité. Deux ministres issus du parti Droite unie, Gideon Sa’ar et Ze’ev Elkin, ont exprimé leur désaccord. Dans un communiqué, le bureau de Sa’ar a souligné que, bien qu’il entretienne de bonnes relations avec Levin et Katz, il estime inopportun de concentrer autant de responsabilités ministérielles sur des individus déjà très sollicités. Cette surcharge pourrait nuire, selon lui, à la gestion efficace des portefeuilles supplémentaires.

À cela s’ajoute un autre défi : le ministère de Jérusalem et de la Tradition reste également sans titulaire, en raison de la démission de Meir Porush (UTJ). Mais contrairement aux cas précédents, Netanyahu ne peut légalement assumer ce portefeuille. En effet, selon la jurisprudence israélienne, un Premier ministre mis en examen ne peut occuper un autre poste ministériel que celui qu’il détient déjà. Ainsi, le fait que Netanyahu ait temporairement conservé certains ministères après les démissions constitue une violation légale, corrigée uniquement mardi par les nominations de Levin et Katz.

 

Ces nouvelles attributions, bien que qualifiées de « temporaires », sont stratégiques. Elles ne nécessitent pas l’aval de la Knesset, une donnée capitale dans un contexte où la coalition ne dispose que de 60 sièges, soit une absence de majorité. Faire voter ces nominations aurait été risqué pour le gouvernement. En les rendant provisoires, Netanyahu contourne l’obstacle législatif tout en conservant une marge de manœuvre. Les ministres temporaires peuvent exercer leurs fonctions pour une durée maximale de trois mois, ce qui laisse un délai au Premier ministre pour réorganiser sa coalition ou négocier le retour de ses anciens alliés.

En agissant ainsi, Benjamin Netanyahu montre une fois encore sa capacité à maintenir l’équilibre fragile de sa majorité parlementaire, même en pleine tourmente. Mais cette stratégie de nominations temporaires, bien qu’efficace à court terme, laisse entrevoir un gouvernement en tension constante, dépendant d’alliances mouvantes et d’accords précaires. Le dossier sensible de l’exemption militaire pour les orthodoxes continue ainsi de diviser profondément les composantes de la coalition et d’alimenter l’instabilité au sommet de l’État.

Jforum.fr – Illustration : Flash 90

Aucun commentaire

Laisser un commentaire