Nice: un rabbin agressé et une synagogue visée, Christian Estrosi réclame des mesures fermes
En l’espace de 24 heures, Nice a été le théâtre de deux actes antisémites. Un rabbin a été insulté et menacé en pleine rue par un touriste suisse, tandis que trois militants propalestiniens ont tenté la veille de pénétrer dans une synagogue. Christian Estrosi réclame des mesures fermes.
Un rabbin insulté et menacé en pleine rue
Vendredi après-midi, rue de France à Nice, un rabbin a été pris à partie par un touriste suisse. Selon les témoins, l’homme l’a insulté et menacé, proférant des propos antisémites explicites. La réaction des forces de l’ordre a été rapide : moins d’un quart d’heure plus tard, le suspect était interpellé dans le tramway, après une brève tentative de fuite.
L’affaire prend un relief particulier dans un climat national où les agressions antijuives se multiplient. Elle illustre la vulnérabilité persistante des rabbins et des figures communautaires, souvent pris pour cibles parce qu’identifiables dans l’espace public.
La synagogue Beth Hadad ciblée par trois militants propalestiniens
La veille, jeudi soir, un autre épisode avait déjà secoué la communauté juive de Nice. Trois militants propalestiniens ont tenté de pénétrer dans la synagogue Beth Hadad, située rue Rossini, alors qu’une réunion consacrée à l’Alya — l’immigration en Israël — était en cours.
L’intrusion, qui aurait pu tourner au drame, a été rapidement maîtrisée par les forces de sécurité, présentes aux abords du bâtiment. Les trois suspects ont été interpellés et placés en garde à vue. Cet incident a suscité une profonde inquiétude parmi les fidèles, rappelant que les lieux de culte juifs en France restent des cibles privilégiées pour les militants extrémistes.
Christian Estrosi hausse le ton
Face à ces deux affaires successives, le maire de Nice, Christian Estrosi, a élevé la voix. « Face à l’explosion des actes et comportements antisémites, j’exige des mesures immédiates, fermes et exemplaires de la part de l’État. La République doit protéger nos concitoyens juifs, sans faiblesse », a-t-il déclaré.
Une vague antisémite nationale
Ces incidents ne sont pas isolés. Depuis le massacre du 7 octobre en Israël, l’antisémitisme a explosé en France. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, plus de 646 actes antisémites ont été recensés pour le seul premier semestre 2025, un record historique
Menaces, insultes, agressions physiques, mais aussi dégradations de synagogues et profanations de cimetières : le spectre de la haine touche toutes les dimensions de la vie juive française. À Paris comme à Lyon, à Marseille comme à Toulouse, la vigilance est maximale autour des écoles et des lieux de culte.
Les autorités dénoncent de plus en plus le rôle de certains collectifs propalestiniens radicaux. Derrière le prétexte de la « solidarité » avec Gaza, ces groupes diffusent une propagande qui dérape régulièrement vers la haine des Juifs. Les slogans entendus lors des manifestations — « Israël assassin », « Du fleuve à la mer » — alimentent un climat où l’agression d’un rabbin ou la tentative d’intrusion dans une synagogue deviennent des passages à l’acte « légitimés » dans l’esprit de certains.
« C’est une importation directe du conflit israélo-palestinien dans nos rues », analyse un responsable de la sécurité intérieure. « Mais il ne faut pas s’y tromper : derrière la façade politique, c’est bien l’antisémitisme le moteur. »
Pour la communauté juive de Nice, comme pour l’ensemble des Juifs de France, la répétition de ces incidents nourrit un climat d’angoisse. « Nous avons peur pour nos enfants, peur d’aller à la synagogue, peur même de porter une kippa dans la rue », témoigne un fidèle du centre Beth Hadad.
De nombreux parents hésitent à inscrire leurs enfants dans des écoles juives, jugées trop exposées. D’autres envisagent sérieusement l’Alya, comme le montrent les chiffres en hausse de l’Agence juive. Israël reste perçu comme le seul refuge sûr, même au prix d’un exil forcé.
L’affaire de Nice intervient à un moment où le gouvernement est pressé de montrer sa fermeté. Emmanuel Macron avait promis en janvier 2025 un plan national de lutte contre l’antisémitisme. Mais pour beaucoup, ces annonces restent insuffisantes. « Ce ne sont pas des discours qu’il faut, ce sont des actes », martèle un responsable communautaire.
Dans ce contexte, la pression exercée par Estrosi pourrait peser sur le gouvernement. L’élu niçois, connu pour ses positions sécuritaires, pousse à une réponse exemplaire qui pourrait inclure des peines aggravées, une surveillance renforcée des mouvements extrémistes et un encadrement plus strict des manifestations.
Les deux incidents de Nice ne sont pas seulement des faits divers : ils témoignent d’une menace structurelle. L’antisémitisme en France n’est plus marginal, il est devenu un défi central pour la République. En agressant un rabbin, en tentant de pénétrer dans une synagogue, les auteurs de ces actes s’attaquent à la liberté de culte, au vivre-ensemble et à la sécurité nationale.
Pour Israël, ces événements confirment une réalité douloureuse : les Juifs d’Europe restent des cibles vulnérables. Pour la France, ils posent une question existentielle : sera-t-elle capable de protéger ses citoyens juifs et d’imposer une ligne rouge face à la haine ? Comme le rappelle Christian Estrosi, « la République doit protéger nos concitoyens juifs, sans faiblesse ». C’est désormais une urgence.
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