Le Bundestag a voté un gel de deux ans du regroupement familial pour les demandeurs d’asile bénéficiant d’une protection subsidiaire. Cette décision réduira de 12 000 le nombre d’entrées annuelles en Allemagne.
Le ministre de l’Intérieur : « La capacité d’accueil a ses limites ».
Ma’ariv
Le Bundestag a approuvé vendredi, par 444 voix contre 135, le gel du regroupement familial pour les demandeurs d’asile bénéficiant d’une protection subsidiaire. Cette suspension durera deux ans et ne concerne pas les réfugiés reconnus selon la Convention de Genève. La protection subsidiaire est accordée aux personnes dont le renvoi dans leur pays serait dangereux, mais qui ne remplissent pas les critères pour être reconnues comme réfugiés à part entière. Fin mars, environ 388 000 personnes bénéficiaient de ce statut, en grande majorité des Syriens.
Depuis 2018, jusqu’à 1 000 membres de la famille proche pouvaient rejoindre chaque mois des personnes protégées à ce titre. La nouvelle loi suspend temporairement ce quota ; les cas exceptionnels continueront à être examinés dans un cadre humanitaire individuel.
Le ministre de l’Intérieur, Alexander Dobrindt, a déclaré que cette mesure réduirait d’environ 12 000 le nombre d’entrées annuelles en Allemagne, et « casserait le modèle économique des passeurs ». Selon lui, « la capacité d’accueil de l’Allemagne a ses limites ».
Le Parti social-démocrate (SPD), partenaire de la coalition, s’est montré réservé mais a voté en faveur du texte dans le cadre d’un compromis. La ministre de l’Immigration et de l’Intégration, Natalia Paulik, a souligné que « l’intégration est plus réussie dans une famille réunie », tout en précisant que la suspension est limitée à deux ans et ne nuit pas aux dossiers relevant de la compassion humanitaire. Il s’agit de la première loi sur l’immigration adoptée par le gouvernement du chancelier Friedrich Merz, qui a affiché une ligne plus dure sous la pression croissante de l’opinion publique sur cette question.
Un chiffre record : 388 000 personnes bénéficient d’une protection subsidiaire en Allemagne – majoritairement des Syriens arrivés après 2015
Selon les données disponibles fin mars 2025, environ 388 000 personnes vivaient en Allemagne sous le statut de protection subsidiaire – pour la plupart des Syriens ayant fui la guerre civile après 2015. D’après le Mediendienst Integration, ils étaient déjà 256 000 en 2022, principalement originaires de Syrie et d’Irak, un chiffre qui a depuis progressivement augmenté. De nombreuses familles sont arrivées lors de la vague migratoire de 2015-2016, et selon l’Office fédéral pour la migration (BAMF), une part importante des demandeurs actuels sont des enfants nés en Allemagne.
Les personnes bénéficiant de la protection subsidiaire ont le droit de travailler, d’étudier et de recevoir des allocations de base, mais elles ne jouissent pas de tous les droits accordés aux réfugiés reconnus selon la Convention de Genève. Jusqu’à présent, elles étaient autorisées à faire venir jusqu’à 1 000 membres de leur famille proche chaque mois, sous conditions humanitaires. Le taux d’emploi de ce groupe est en hausse progressive, mais en 2023, environ 55 % des Syriens ayant la nationalité allemande dépendaient encore des aides sociales – contre environ 5 % dans l’ensemble de la population allemande. Des programmes gouvernementaux visent à réduire ces écarts par des cours de langue, des formations professionnelles et des dispositifs d’aide au logement.
La protection subsidiaire est accordée aux demandeurs d’asile qui ne remplissent pas les critères de la Convention de Genève, mais dont le retour les exposerait à un « danger grave » (par exemple, une violence arbitraire ou une condamnation à mort). Les bénéficiaires reçoivent un permis de séjour valable trois ans, renouvelable. Après cinq ans, les personnes ayant un revenu stable et une connaissance de l’allemand de niveau B1 peuvent demander la résidence permanente.