Près de deux tiers des Français considèrent toujours que l’objectif d’Israël d’éliminer le Hamas est justifié

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SONDAGE EXCLUSIF – L’inquiétude des Français quant à l’importation du conflit est également forte, révèle un sondage Ifop réalisé pour le Crif.

L’intensification de la contre-offensive de l’armée israélienne dans la bande de Gaza n’a pas provoqué de renversement de l’opinion publique. C’est l’un des principaux enseignements d’un sondage réalisé du 30 novembre au 1er décembre 2023 par l’Ifop pour le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) que Le Figaro dévoile en exclusivité. «Même s’il peut y avoir des événements très forts, la stabilité est remarquable, décrypte Frédéric Dabi, directeur général de l’institut de sondage. Il y a une France des réseaux sociaux qui laisse penser qu’Israël commet un génocide. Et il y a la réalité sondagière qui montre une posture raisonnable, malgré l’intensification de l’opération israélienne.»

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Ainsi, deux mois après le début de la guerre déclenchée par l’attaque du groupe terroriste contre l’État hébreu le 7 octobre, seulement 28% des sondés éprouvent de la «sympathie» pour Israël. Ce résultat est en baisse de dix points par rapport à une enquête publiée fin octobre mais en hausse de trois points par rapport à un sondage réalisé début novembre. Néanmoins, cette sympathie à l’égard d’Israël – certes faible en valeur absolue – reste très supérieure à celle qu’expriment les sondés envers l’Autorité palestinienne (10%) et envers le Hamas (3%).

Les Français sont toujours une majorité à qualifier l’attaque du 7 octobre «d’acte terroriste» – 54% contre 57% en octobre. Inversement, ils sont 10% à la considérer comme un «acte résistance». 62% des sondés jugent par ailleurs que l’objectif d’Israël d’éliminer le Hamas de Gaza est justifié – ils étaient 65% en octobre et 58% en novembre.

L’antisémitisme, une «menace sérieuse pour la société dans son ensemble»

L’inquiétude des Français quant à l’importation du conflit dans l’Hexagone est toujours prégnante : 65% des sondés craignent que «des actes comme ceux commis par le Hamas le 7 octobre», qui ont coûté la vie à près de 1400 Israéliens, «pourraient un jour se produire en France». Et 71% des Français voient dans l’antisémitisme une «menace sérieuse pour les Français de confession juive mais également pour la société dans son ensemble», à un moment où les actes antisémites explosent. C’est dans ce contexte que 72% des sondés sont contre la poursuite des manifestations propalestiniennes en France.

La nouvelle enquête de l’Ifop fait de même apparaître un fossé entre les générations. Ce sont, par exemple, les plus jeunes (18-24 ans) qui sont les plus nombreux (49%) à vouloir que les manifestations propalestiniennes continuent. Ils sont aussi les plus nombreux à éprouver de la sympathie pour le Hamas (11%, contre 3% pour l’ensemble de la population). Et 22% à qualifier l’assaut du 7 octobre comme un acte de résistance du mouvement terroriste (contre 10% tous âges confondus). «Cette population perçoit la société comme inégalitaire et discriminante, décrypte Frédéric Dabi. Chez une partie des jeunes, le Hamas est vu comme un symbole de lutte contre l’oppression.» De son côté, Yonathan Arfi, le président du Crif, parle d’une «jeunesse en perte de repères, sensible aux réseaux sociaux où l’activisme propalestinien et islamiste est efficace».

Darmanin plaît aux adhérents Les Républicains

Politiquement, moins d’un Français sur deux (46%) est satisfait des prises de position et de «l’attitude» d’Emmanuel Macron, un résultat en baisse de deux points par rapport à la dernière étude. Ses récentes prises de position floues ont pu lui porter préjudice, même s’il reste l’homme politique dont les positions sont les plus saluées par les sondés. Marine Le Pen obtient en effet 44% de satisfecit, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin 42% et la première ministre Élisabeth Borne 41%.

Gérald Darmanin, qui ne cache pas son intérêt pour l’élection présidentielle, récolte aussi bien de larges soutiens des sympathisants du parti présidentiel, Renaissance, que des sympathisants Les Républicains (74%). C’est autant que le soutien accordé à Éric Ciotti, le président du parti, par ses sympathisants.

La France insoumise s’isole toujours plus

En bas de l’échelle, se trouvent le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon (19%) et son lieutenant, le député de Marseille Manuel Bompard (18%). La nouvelle étude de l’Ipsos confirme ainsi l’isolement de La France insoumise (LFI), en rupture avec l’opinion générale et les autres partis de gauche. Ainsi, 30% des sympathisants LFI éprouvent de «l’antipathie» envers l’État hébreu, contre 8% au Parti socialiste. Fait notable, ce sont les sympathisants âgés de 18 à 24 ans qui sont le plus en accord avec Jean-Luc Mélenchon. De même, 27% des sympathisants insoumis disent n’avoir aucune sympathie à l’égard des Israéliens – un record à gauche, mais un taux qui reste toutefois moins élevé que celui des sympathisants du Rassemblement national.

C’est aussi sur la qualification des «actes» du Hamas que les sympathisants de la France insoumise se distinguent le plus : 23% considèrent les attaques comme une action de résistance. Et ils sont le moins nombreux (48%), tous partis politiques confondus, à les considérer comme des actes terroristes. Quant aux manifestations propalestiniennes, 70% veulent qu’elles continuent à avoir lieu. Un chiffre nettement plus important que parmi les sympathisants socialistes (35%) ou écologistes (26%).

Enfin, l’enquête fait apparaître des fractures au sein même des sympathisants : 26% sont mécontents à l’égard de l’attitude de Jean-Luc Mélenchon, abonné aux outrances. Et 72% le sont à l’égard de Manuel Bompard. «Cela démontre l’échec de la stratégie de la provocation de Jean-Luc Mélenchon, se félicite Yonathan Arfi, le président du Crif. Il ne gagne pas de soutien sur la séquence.»

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