Quand le Qatar façonne nos choix démocratiques

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Levy affirme que Doha a réussi à s’insérer dans de multiples secteurs clés : médias, sport, universités, entreprises de haute technologie, conseil financier et sécurité. Il évoque le rôle de lobbyistes, de conseillers privés de décideurs, jusqu’à des acteurs israéliens ou juifs impliqués, selon lui, dans cette dynamique d’influence. Le Dr Levy soutient que le Qatar n’est plus simplement un médiateur dans les conflits du Moyen-Orient mais un acteur qui façonne les décisions – y compris en Israël – tout en conservant une image discrète.

Dans ses interventions, il soutient que ce plan cohérent d’influence s’appuie sur la doctrine des Frères musulmans, évoquant la restauration d’un empire islamique comme horizon idéologique. Le Qatar, toujours selon Levy, aurait non seulement financé ou soutenu des organisations mais aurait aussi investi dans des infrastructures qui modifient la culture, l’économie ou la pensée en Occident. L’objectif serait un changement progressif, de l’intérieur, dans les mentalités, les normes sociales, les orientations politiques.

L’ancien chef du Mossad allègue également que cette stratégie a atteint des sommets lors de l’attentat du 7 octobre, affirmant que le Qatar, aux côtés de l’Iran, partagerait une responsabilité dans cette tragédie. Dans cette optique, il regrette une politique d’Israël, dans les années précédentes, trop conciliante : il dénonce des envois de fonds à Gaza via le Qatar, et la place que Doha a occupée comme médiateur, position qui, selon lui, a permis une influence réelle sur des décisions sensibles.

Quant aux États-Unis, Levy soutient que Doha les a trompés, notamment pendant les efforts autour des Accords d’Abraham, en contrecarrant en coulisse certaines actions. Pour lui, la mainmise de Doha ne se limite pas à l’Orient, mais s’étend à l’Occident entier : Amérique du Nord, Europe, Amérique du Sud, Afrique. Le Qatar aurait acquis des actifs stratégiques, exerçant sur les universités, les entreprises, les médias, une emprise discrète mais puissante.

Des réactions publiques en Israël viennent compléter ce tableau : des organisations surveillant la qualité du gouvernement réclament des enquêtes, des accusations de collusion avec le Qatar émergent, notamment en ce qui concerne certains employés du bureau du Premier ministre, soupçonnés d’avoir conseillé ou facilité des actions en faveur des intérêts qataris. Ces allégations suscitent un débat national sur la frontière entre financement légitime, diplomatie, soft power, et activités d’influence plus opaques.

Cette prise de parole s’inscrit dans un climat international déjà tendu : les relations diplomatiques, les sanctions, les équilibres stratégiques autour de Gaza, du Hamas, d’Israël sont sous pression. Le discours de Levy appelle l’Occident à formuler une stratégie renouvelée, affirmée, pour recadrer les actions du Qatar, à clarifier les alliances et à distinguer le soutien humanitaire ou médiatique de ce qui pourrait relever de manœuvres de pouvoir transformant les démocraties de l’intérieur.

Jforum.fr

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