Lors de la conférence annuelle organisée par l’International Institute for Counter-Terrorism à l’Université Reichman, le Dr Udi Levy, ancien responsable de la division dite de guerre économique du Mossad, a tenu des propos sévères à l’encontre du Qatar, qu’il accuse d’avoir « conquis » l’Occident non par les armes, mais par son influence culturelle, sociale et financière. Selon lui, le Qatar aurait, au fil des années, bâti une stratégie subtile visant à neutraliser les processus de décision adverses plutôt qu’à occuper directement des territoires.
Levy affirme que Doha a réussi à s’insérer dans de multiples secteurs clés : médias, sport, universités, entreprises de haute technologie, conseil financier et sécurité. Il évoque le rôle de lobbyistes, de conseillers privés de décideurs, jusqu’à des acteurs israéliens ou juifs impliqués, selon lui, dans cette dynamique d’influence. Le Dr Levy soutient que le Qatar n’est plus simplement un médiateur dans les conflits du Moyen-Orient mais un acteur qui façonne les décisions – y compris en Israël – tout en conservant une image discrète.
Dans ses interventions, il soutient que ce plan cohérent d’influence s’appuie sur la doctrine des Frères musulmans, évoquant la restauration d’un empire islamique comme horizon idéologique. Le Qatar, toujours selon Levy, aurait non seulement financé ou soutenu des organisations mais aurait aussi investi dans des infrastructures qui modifient la culture, l’économie ou la pensée en Occident. L’objectif serait un changement progressif, de l’intérieur, dans les mentalités, les normes sociales, les orientations politiques.
Quant aux États-Unis, Levy soutient que Doha les a trompés, notamment pendant les efforts autour des Accords d’Abraham, en contrecarrant en coulisse certaines actions. Pour lui, la mainmise de Doha ne se limite pas à l’Orient, mais s’étend à l’Occident entier : Amérique du Nord, Europe, Amérique du Sud, Afrique. Le Qatar aurait acquis des actifs stratégiques, exerçant sur les universités, les entreprises, les médias, une emprise discrète mais puissante.
Des réactions publiques en Israël viennent compléter ce tableau : des organisations surveillant la qualité du gouvernement réclament des enquêtes, des accusations de collusion avec le Qatar émergent, notamment en ce qui concerne certains employés du bureau du Premier ministre, soupçonnés d’avoir conseillé ou facilité des actions en faveur des intérêts qataris. Ces allégations suscitent un débat national sur la frontière entre financement légitime, diplomatie, soft power, et activités d’influence plus opaques.
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