Quand l’Égypte militarise le Sinaï, Israël s’inquiète

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L’Égypte affirme que ses actions sont coordonnées selon les dispositions des accords de paix, insistant sur le fait qu’elle n’a jamais remis en cause ces traités. Elle se positionne également contre toute tentative de déplacement des populations de Gaza vers le Sinaï, jugeant qu’une telle repousse constituerait une ligne rouge. Ce discours s’accompagne d’une volonté affichée d’apaiser les insurgences dans le Sinaï, zone longtemps instable, notamment après les bouleversements du printemps arabe.

Parallèlement, Le Caire tend la main à plusieurs partenaires régionaux : il prend appui sur ses relations avec les États du Golfe, rapprochements avec le Pakistan dans le domaine militaire, et renouvelle ses contacts avec la Turquie. En effet, pour la première fois depuis treize ans, Égypte et Turquie organisent des exercices militaires conjoints, baptisés Friendship Sea (ou Bahr El Sadaka), du 22 au 26 septembre, en Méditerranée orientale. Ankara mobilise des frégates, des bâtiments de patrouille rapide, un sous-marin, et des avions de chasse, et les forces navales égyptiennes répondent à l’appel. Ce regain de coopération traduit un glissement stratégique dans la région.

Sur la scène diplomatique internationale, l’Égypte multiplie les gestes pour asseoir sa position : présence aux réunions de haut niveau de l’ONU, déclarations claires en faveur de la solution à deux États fondée sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Mais ces évolutions provoquent des inquiétudes à Jérusalem. Israël adresse des demandes aux États-Unis pour qu’ils exercent une pression sur Le Caire afin de limiter ce renforcement militaire au Sinaï, le jugeant incompatible avec certaines clauses du traité de paix de 1979. En particulier, des officiels israéliens font état de constructions de nouvelles infrastructures (pistes d’atterrissage, quais portuaires, etc.) et d’une présence militaire accrue dans des zones normalement soumises à des restrictions strictes.

L’Égypte, elle, défend sa démarche comme purement défensive : elle cite la menace terroriste, les trafics d’armes et la nécessité de protéger la population civile dans le Sinaï. Elle affirme aussi que toute action est réalisée en coordination – ou du moins notifiée – selon les traités de paix, et rejette les accusations d’intentions offensives.

Le redéploiement s’accompagne aussi d’un contexte stratégique élargi : la coopération américaine est visible dans l’exercice Bright Star, régulier, pendant lequel les forces égyptiennes et américaines s’entrainent, renforçant l’idée que l’Égypte dispose de partenaires puissants prêts à légitimer ses mesures de sécurité.

Jforum.fr

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