Que peut-on apprendre de l’opposition à la nomination de David Zini ?

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L’opposition à la nomination de David Zini comme chef du Shin Bet, en raison de « l’environnement dans lequel il a grandi », envoie un message aux orthodoxes : aux échelons subalternes, vous êtes les bienvenus, mais au-delà, il faudra vérifier dans quelle mesure vous êtes alignés.

Ynet – Shila Frid 

Même avant son discours d’adieu à l’armée dans lequel il a évoqué la « messianité », David Zini faisait déjà l’objet de critiques dès sa candidature au grade de général, non pas en raison de ses compétences professionnelles – mais en raison de son origine. Contrairement aux accusations visant le Premier ministre sur la procédure de nomination ou la pertinence professionnelle de Zini (qui n’a jamais travaillé dans le renseignement, par exemple), les opposants à sa nomination évoquent sans cesse son milieu d’origine, les yéchivot qu’il a fréquentées et les rabbins qu’il a rencontrés. À leurs yeux, cela suffit à le disqualifier pour devenir chef du Shin Bet.

Le général David Zini termine son poste à la tête de la Direction de l’instruction et de l’entraînement, et du corps d’armée opérationnel.

Eh bien, puisqu’on parle de « l’environnement » dans lequel Zini a grandi, peut-être faut-il connaître quelques faits : ses parents ont immigré de France et ont fondé un foyer sioniste. Son père, le rabbin Yossef Zini, est rabbin d’un quartier à Ashdod, engagé à la fois dans des actions sociales, des valeurs sionistes et des études religieuses. Ce foyer repose sur l’héritage de Rahel Zini, la grand-mère de David, qui, avec sa sœur, a été la seule survivante d’une famille exterminée pendant la Shoah. Rahel a épousé un descendant d’une famille de rabbins algériens, mais leurs fils et petits-fils ont tous servi dans l’armée ou dans des services nationaux. Chaque fibre de leur être est imprégnée d’amour pour la Terre d’Israël.

Même si les racines de Zini étaient autres, il faudrait se demander en quoi cela est pertinent : Zini porte sur ses épaules des dizaines d’années de service dans des unités de combat, de commandement en première ligne, et de formation de générations de combattants. Il est entré dans l’armée comme simple soldat et la quitte avec le grade de général. Les opposants à sa nomination dévoilent l’illusion derrière le modèle de « l’armée du peuple », selon lequel des jeunes de toute la société israélienne rejoignent l’armée avec l’espoir de contribuer dans tous les rôles, selon les besoins et les compétences.

Même Galei Tsahal (la radio de l’armée) n’est plus aussi fermée qu’avant.

L’opposition non pertinente à Zini, dans l’esprit des critiques contre “l’environnement idéologique dans lequel il a grandi”, envoie aussi un message au public orthodoxe : dans les rangs inférieurs, vous êtes plus que bienvenus, mais au-delà, on devra examiner à quel point vous êtes conformes.

Si on ne veut pas de lui comme général en chef à cause de son « environnement », alors il ne faut pas non plus s’attendre à ce qu’il soit simple soldat.

Personne ne forge sa vision du monde uniquement après avoir revêtu l’uniforme. Chacun d’entre nous arrive de sa ville, de son kibboutz ou de son village, avec ses valeurs, ses opinions et ses visions, influencées par le foyer dans lequel il a grandi et les personnes chez qui il a étudié. La différence, chez ceux qui portent une kippa ou un couvre-chef, c’est que leur apparence semble extérieurement révéler une certaine vision du monde. Mais justement, dans les milieux dits « libéraux », on devrait savoir que cela ne suffit pas à décréter qu’un individu n’est pas apte à un poste élevé. Le vrai critère est celui des compétences pertinentes, de l’expérience, d’un programme professionnel clair et de l’acceptation des valeurs que requiert une fonction étatique sensible.

Est-ce que quelqu’un connaît une plainte selon laquelle Zini aurait agi à l’encontre de ces critères ? A-t-il imposé ses positions politiques ou religieuses à ses subordonnés ? A-t-il cité un verset biblique à la place d’un ordre de Tsahal ?

L’État d’Israël doit choisir : si l’on veut qu’une personne puisse être soldat sans égard à « l’environnement » dans lequel elle a grandi, il faut s’attendre à ce qu’un jour, elle aspire aussi à devenir chef d’état-major. Et si on ne veut pas de lui à ce poste à cause de son « environnement », alors il ne faut pas espérer qu’il devienne simple soldat non plus.

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