Autour de la table de Chabbath, n° 509 Beréchith
Nouvelle année Bessiata diChmaia/ Avec l’aide de Hachem
Qui a sauvé le monde d’un cataclysme ?
Cette semaine on commencera la nouvelle année avec la première section de la Thora « Beréchith »/ Au commencement. Il s’agit du récit des premiers jours de la création du monde ainsi que du début de l’histoire universelle avec Adam et Hava et la consommation du fruit défendu.
Comme il s’agit des prémices de l’histoire, notre sainte Tora aurait dû commencer par la première lettre de l’alphabet : Aleph. Or Beréchith commence par Beth /ב, la deuxième lettre de l’alphabet. Plusieurs explications sont données. La première est que D.ieu a voulu commencer la création sous le signe de la bénédiction, car « Beth » à la valeur numérique de deux, le premier des multiples. Pour nous apprendre que Hachem donne Sa bénédiction à son œuvre. De plus, les Sages de mémoires bénies enseignent que la lettre Beth valeur numérique (2) fait allusion aux buts de la création car mes lecteurs le savent bien, ce monde a été créé avec un but particulier. Donc l’univers a été créé pour deux buts précis qui sont « Israël » (le peuple juif) et la « Tora » (l’étude et son application). C’est à dire que lorsqu’un membre de la communauté juive de la région parisienne choisit après maintes réflexions de rajouter une heure d’étude, il valide la création du monde.
L’idée est encore plus profonde puisque les Sages enseignent que le globe se maintient jour après jour par l’étude de la Tora (Michna dans Pirké Avoth 1.2 et la Guemara Chabbat 88 voir aussi Nefech Ha’haim chap 1). D’après cet axiome, il se peut qu’un homme, toujours natif de la région parisienne, qui n’a pas passé une bonne nuit en cette fin d’octobre, il s’est levé bien avant l’aurore, et au lieu de prendre son smartphone (avec filtre… pour sûr…) pour connaitre les dernières nouvelles d’Alsace… il a préféré ouvrir, lehavdil, une page de Guemara qu’il avait étudiée à son cours du soir (cette fameuse heure d’étude qu’il avait ajoutée) : bravo ! Or, il ne savait pas que dans le même temps sur toute la planète nul être humain, étudiait la sainte Tora (par exemple à New-York il y avait une gigantesque panne d’électricité qui entraînait l’arrêt du fonctionnement de toutes les Yechivoth et Collelim). Donc il se peut bien que notre homme de Puteaux ou d’Enghien fut l’homme de la situation et durant quelques minutes par le mérite de son étude, il a sauvé le monde d’un cataclysme… Cela peut paraitre étonnant mais il est rapporté qu’une fois le Gaon de Vilna s’est levé devant la venue d’un enfant qui venait lui poser une question de Halakha. Les disciples du Gaon demandèrent au rav la raison de tant d’honneurs, le rav répondit que ce jeune garçon avait étudié la Tora au moment où personne ne l’étudiait : c’est lui qui avait alors, maintenu le monde.
La Michna dans Pirké Avoth (5.1) enseigne que le monde a été créé par dix paroles. (Dix fois il est mentionné « Hachem dit. »… A dire vrai, il n’est écrit que 9 fois « Et Hachem dira ». Seulement le premier verset « Au commencement… » est considéré comme s’il était écrit « Hachem dit : Au commencement… », car les Cieux et la terre ne peuvent être créés sans la parole de D’). La Michna demande : pourquoi D’ a-t-Il eu besoin de 10 paroles, Hachem aurait pu créer le monde avec une seule parole ? La réponse donnée est que Hachem a créé ce monde avec dix paroles pour rétribuer d’une meilleure manière les Tsadikim qui maintiennent ce monde créé par dix Paroles. A l’inverse, la profusion de paroles vient punir les mécréants qui détruisent ce monde créé par dix paroles et pas une seule (cassé ou endommagé un objet à deux sous n’a pas la même gravité que lorsqu’il s’agit d’un bijou de grande valeur…). Car on le sait Hachem juge le monde à Roch Hachana. Si toute la population du globe se comportait mal, la sévérité du jugement de D’ entraînerait de lourdes destructions.
Seulement il existe d’autres explications sur cette Michna. Le rav Guedalia Sherrer zatsal (Machguia’h de la Yechiva Tora veda’at à New York) explique que si le monde avait était créé par une seule parole il n’y aurait plus aucun doute sur la véracité du message de la Tora. Tout aurait été clair : les Tsadikim héritairent de ce monde et de celui à venir, tandis que les mécréants seraient punis dans les affres du Guéhinom (les enfers). On aurait aucun doute quant à la royauté de D’ sur terre et la Providence divine. Or, cette si grande clarté entraînerait inévitablement que notre Service divin soit biaisé. Il n’y aurait plus de liberté de choix de faire ou de ne pas faire. Donc pour ne pas en arriver là, Hachem a créé ce monde à l’aide de dix paroles et NON pas d’une parole. Chaque parole a répandu sa lumière dans ce bas-monde. Ces éclats de sainteté ont pénétré les endroits les plus obscurs et restent cachés… Depuis lors, l’homme a sa place dans ce monde. Les choses saintes ne sont pas visibles (à première vue) et cela donne la possibilité à l’homme de servir D’ en toute liberté d’ailleurs le monde s’appelle en hébreu « Olam », le même mot que « ‘Elem », voilé, caché.
Danser devant l’ange de la mort !?
Le sippour que je vous présente cette semaine a peut-être quelques jours de retard par rapport aux fêtes que l’on vient juste de passer, mais son message reste d’actualité. C’est le rav Machpiah Tsvi Meir Zilberberg chlita qui le rapporte. Il s’agit d’un Juif américain, semble-t-il ‘hassid, qui est venu en Erets passer les fêtes de fin d’année auprès de son rabbi en Terre Sainte. Seulement pour une raison ou une autre notre homme n’arrivera pas à temps auprès de son rav et il fut obligé de passer la fin de la fête de Souccot Sim’hath Tora dans une petite agglomération du sud du pays où les Yeux de Hachem scrutent le pays depuis le début de l’année jusqu’à sa fin.
Il était assez dépité de ne pas être auprès de son rabbi mais il se rendit dans une des synagogues de l’endroit pour faire les traditionnels hakafoth (les rondes avec les Sifré Tora). En entrant dans l’une d’entre elles et il fut époustouflé par ce qu’il voyait. Le public était composé de gens d’un certain âge qui ne semblaient pas versés dans l’étude de la Tora seulement ils dansaient avec beaucoup d’entrain. Cependant le point le plus rocambolesque du tableau, c’était qu’au centre de toutes ces danses il y avait un vieillard qui donnait le rythme à toute sa communauté. Son entrain sortait de l’ordinaire, c’est lui qui entrainait tout le monde. Son visage rayonnait et il se tenait au milieu de toutes les rondes. Il inspirait la grande allégresse et tout le monde le suivait au doigt et à l’œil, Il était le centre des danses malgré son âge très avancé. Notre ‘hassid américain était subjugué de voir une pareille scène. Après la fin des hakafoth il s’approcha du vieil homme et il lui demanda : comment peux-tu avec ton grand âge (il avait dans les 90 ans) être si plein d’allégresse pour danser de cette manière ? Partage-moi ton secret ! Le vieil homme encore subjugué par la fête il lui révéla son secret. Il ferma ses yeux et commença son récit époustouflant. (Ndlr : peut-être qu’il y a des lecteurs qui diront : voilà que le super feuillet « Autour de la Table du Shabbat » nous propose encore un sippour qui remonte au temps de la Shoa… Seulement je répondrais que ce n’est pas si loin de notre époque puisqu’il existe encore des témoins de ces années noires (d’ailleurs nous leur souhaiteront une longue vie jusqu’à 120 ans) et le message de tous ces sippourim est un enseignement pour nous, à savoir que Hachem n’a pas abandonné Son peuple puisqu’il y a eu de nombreux sauvetages alors que normalement toute autre nation aurait dû finir dans les oubliettes de l’Histoire après un pareil cataclysme… Or c’est tout le contraire qui s’est déroulé puisque la communauté vit un essor considérable Ken yirbou véken yifrots depuis ces années noires. De plus, ces histoires véritables que je vous propose sont un message intemporel qui nous éclaire jusqu’à nos jours à savoir ne pas perdre espoir même dans toutes les situations les plus inextricables.
Mais revenons à notre vieil homme du sud du pays. Il raconta : « Mon histoire remonte à près de 86 ans en arrière (septembre 1939) et commence après la conquête des allemands de la Pologne. Je vivais dans la grande ville industrielle de Lodz en Pologne. C’était le jour de Simhath Tora (année 1940) et je me rendais à la synagogue pour la fête alors que les allemands patrouillaient dans la ville. Je vis un spectacle des plus abjects. Il y avait un nazi, yima’h chemo, qui s’en est pris à un juif de belle allure avec ses papillotes et sa longue barbe. Il l’insultait et le frappait et dans sa grande cruauté il le tira de toute ses forces par sa barbe au point qu’il tomba au sol avec la moitié de sa barbe arrachée et son visage rempli de sang… J’ai vu toute la scène déshonorante et je tenais à le venger. Je me suis approché du nazi et en un instant je lui ai fiché une claque de toutes mes forces devant tout le monde. Le nazi était désarçonné qu’une telle insolence provienne d’un jeune comme moi. Il retrouva ses esprits et il sortit son revolver pour me tuer sur le coup. Il hurlait : « Sale Juif, je vais te tuer » ! Après un instant il se ravisa et dit : « Quoi ! Si je te tue c’est moi qui vais devoir creuser ta tombe ?! (Nous étions dans une grande ville polonaise et non à Auschwitz où les allemands n’ont pas pris le soin d’enterrer leurs victimes puisqu’ils les brûlaient aux crématoires… et si je parle crématoires… j’ai entendu qu’il y a une certaine mode en vogue en France, bar minan, et ailleurs où certains parmi les membres de la communauté ont une envie folle de brûler les corps de leurs chers disparus et par la même occasion ne pas les enterrer dans les carrés juifs… n’est-ce pas un comportement à proscrire lorsqu’une partie de nos familles a disparu il n’y a pas si longtemps à Auschwitz-Birkenau (en dehors de l’aspect de Halakha qui prohibe complétement ce mode d’enterrement) ? fin de l’aparté). Donc tu vas creuser ta propre tombe ici et lorsque tu auras fini ta besogne je te tuerai sur le champ et ce sera fini pour toi. » J’étais à l’époque un jeune (semble-t-il pas loin des 20 ans) et j’étais figé par la peur. Puis je me suis ravisé, je me suis dit que de toute façon il allait m’abattre et aujourd’hui c’était Simhath Tora. C’est le moment où l’on danse avec les Sifré Tora. A ce moment j’ai commencé à danser de toutes mes forces devant le nazi si étonné de me voir danser alors que je dansais en l’honneur de la Tora !! L’infâme hurlait : « Sale Juif tu crois en finir facilement avec nous car tu sais que tu vas mourir ! Sache que tes peines ainsi que celles de ton peuple ne font que commencer. Je vais te laisser en vie afin que tu dégustes tous les sévices (ndlr : intéressant de savoir que les nazis en 1940 savaient que c’était tout un système de destruction du peuple juif qui juste commençait, ce n’était pas fortuit, ni au grand jamais un accident de l’Histoire comme certains, yima’h chemam vezikhram, veulent nous le faire avaler). Il hurlait et pourtant il me laissa en vie. Ce jeune passa tous les affres de la guerre et resta en vie jusqu’à ce jour ! Incroyable !!
Le ‘Hassid américain compris alors l’engouement particulier de ce vieil homme pour Sim’hath Tora. Et nous, nous avons appris la force de la joie dans le Service sivin : un grand enseignement.
Chabbat Chalom et à la semaine prochaine, si D’ le veut.
David Gold
Tél : 00 972 55 677 87 47
E-mail : dbgo36@gmail.com
Une berakha pour tous les Avrékhim et Ba’houré Yechiva qui reviennent sur les bancs de l’étude dans les Yechivoth et Collelim afin de donner la bénédiction à la communauté et au monde entier
Et en particulier pour tous les Ba’houré Yechiva francais qui reviennent en Erets pour commencer le zeman de ‘horef (l’hiver)
Une berakha de bonne santé et refoua cheléma à Charles Avraham Ben Dvora ; Eliahou Ben Jeanette ; Sarah Rahel Bat Sima Léa ; Yonathan Ben Ra’hel parmi tous les malades du Clall Israel
Une bénédiction de réussite pour notre fidèle lecteur Gérard Cohen et son épouse dans ceux qu’ils entreprennent et la berakha chez les enfants.