Qui était le chef d’état-major du Hezbollah, et pourquoi était-il si important de l’éliminer rapidement ?

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Le terroriste n° 1

Haïtham Ali Tabatabaï était l’homme-clé derrière les efforts de réarmement du Hezbollah.
Les États-Unis avaient offert 5 millions de dollars pour sa capture.
« Il était à la tête de tout l’effort de contrebande d’armes et de l’entraînement des nouvelles recrues », expliquent des responsables.
Il avait établi de nouvelles procédures opérationnelles et ordonné aux commandants de former des remplaçants.

JDN – Israël Ze’ev Leventhal 

Un nom inconnu du public, mais la figure la plus puissante du Hezbollah

Peu d’Israéliens connaissaient son nom difficile à prononcer : Haïtham Ali Tabatabaï. Rares étaient ceux qui savaient que cet homme était aujourd’hui le personnage le plus puissant du Hezbollah.
Son anonymat relatif a volé en éclats lorsque des missiles de précision ont frappé son appartement clandestin dans le quartier de la Dahiya, dimanche après-midi.

Pendant plus de dix ans, Israël a traqué Tabatabaï, chef d’état-major opérationnel du Hezbollah et numéro deux du mouvement, juste après le secrétaire général adjoint, Naim Qassem — jusqu’à ce qu’il soit localisé ce week-end dans un appartement de la banlieue sud de Beyrouth.
Né d’une mère libanaise et d’un père iranien, il avait gravi les échelons du Hezbollah et contribué à établir pour l’Iran un réseau de milices encerclant Israël — surnommé « l’anneau d’étranglement ».
C’est ce que rapporte aujourd’hui le Wall Street Journal.

Selon ce journal, Tabatabaï a commandé les milices libanaises en Syrie lorsqu’elles sont intervenues pour soutenir le régime d’Assad et participer à la répression sanglante du soulèvement syrien. Il avait également été envoyé au Yémen pour aider à entraîner les rebelles houthis soutenus par Téhéran.

Sa dernière mission : reconstruire le Hezbollah

Sa dernière mission était de reconstruire le Hezbollah après les lourdes pertes subies lors de la guerre de deux mois contre Israël l’année précédente.
C’est précisément cette mission qui a conduit à son élimination.

Dans une opération baptisée « Black Friday », du nom du jour américain des promotions, Israël a localisé Tabatabaï et a frappé l’immeuble avec des missiles tirés depuis un F-15.
L’objectif principal était d’interrompre les efforts de réarmement du Hezbollah — mais il s’agissait aussi d’un avertissement clair.

« C’est un message à tous les commandants du Hezbollah et au gouvernement libanais », explique Yaakov Amidror, ancien conseiller à la sécurité nationale.
« Ils s’étaient engagés à désarmer le Hezbollah, et ils ne l’ont pas fait. Ils doivent comprendre que si eux ne le font pas, Israël le fera. »

Un haut responsable libanais a déclaré au journal Al-Joumhouriya :

« Le Liban ne veut ni guerre ni escalade, mais la fin de l’agression israélienne.
La frappe à la Dahiya constitue également un coup direct à l’initiative présidentielle des cinq points…»

Pression accrue sur le gouvernement libanais

Israël et les États-Unis intensifient leurs pressions sur le Liban pour accélérer le désarmement du Hezbollah, ce qui fait planer la menace d’un effondrement du cessez-le-feu en vigueur depuis un an et d’un retour à la guerre.

Depuis l’accord mettant fin à la guerre l’an dernier, Israël a maintenu sa liberté d’action contre le Hezbollah et d’autres groupes terroristes.
Selon l’organisation ACLED, Tsahal a frappé des cibles au Liban plus de 1 500 fois depuis le début du cessez-le-feu.

Le Liban, conformément à l’accord, est tenu de commencer le désarmement du Hezbollah dans le sud du pays avant d’étendre cet effort à l’ensemble du territoire.
Mais le Hezbollah refuse catégoriquement, reconstitue lentement ses rangs et affirme avoir besoin de ses armes pour « protéger la souveraineté du Liban ».

Le président du Parlement, Nabih Berri, a averti que la frappe :

« Replace la Dahiya et Beyrouth dans le cercle des cibles israéliennes.
C’est une évolution extrêmement dangereuse… »

Il a ajouté qu’Israël exploite la fragilité interne du pays pour intensifier ses attaques.

Un acteur central dans les efforts de réarmement

Tabatabaï était essentiel pour le réarmement du Hezbollah. Il dirigeait les opérations militaires et faisait partie des rares dirigeants survivants après les éliminations successives menées par Israël.

Après la guerre précédente, il avait ordonné aux combattants d’opérer en petites cellules afin de réduire leur vulnérabilité en cas de conflit majeur.
Ses efforts ont permis au Hezbollah de remplacer la majorité des milliers de combattants perdus lors de la guerre.

Il avait mis en place un système dans lequel les commandants étaient chargés de former des remplaçants, afin que les unités ne soient pas paralysées lorsque leurs chefs seraient éliminés — comme cela s’était produit durant l’opération Flèches du Nord.

Des renseignements arabes et israéliens montrent que le Hezbollah reconstitue ses stocks de roquettes, missiles antichars et obus d’artillerie.
Ces armes arrivent par voies maritimes, par la Syrie ou sont produites localement.

« Il dirigeait tout l’effort », affirme Amidror au Wall Street Journal.
« Contrebande depuis la Syrie, reconstruction d’infrastructures au Liban, entraînement des nouvelles recrues — tout cela relevait de son commandement. »

Une carrière de plusieurs décennies

Le Hezbollah a confirmé que Tabatabaï était âgé de 57 ans au moment de sa mort.
Il avait rejoint l’organisation dès sa création, avant même ses 18 ans.

Il avait participé à la fondation de la Force Radwan, unité d’élite du Hezbollah entraînée pour infiltrer le territoire israélien et s’emparer des localités de la Galilée.

En janvier 2015, il avait survécu à une tentative d’assassinat dans la région de Quneitra, au sud de la Syrie.
Il avait ensuite été envoyé au Yémen pour entraîner les rebelles houthis.
Il était revenu au Liban il y a quelques années.

Le Département d’État américain le considérait comme l’un des terroristes les plus recherchés au monde, et avait offert en 2018 une récompense de 5 millions de dollars pour sa capture.

Ce matin, le ministère libanais de la Santé a publié le bilan des victimes des frappes israéliennes depuis le début du cessez-le-feu il y a un an : 331 morts et 945 blessés.
Dans quelques jours sera marqué le premier anniversaire de ce cessez-le-feu.

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