“Maintenant donc, ô Israël ! Écoute les lois et les règles que Je t’enseigne pour les pratiquer, afin que vous viviez et que vous arriviez à posséder le pays que l’Éternel, D’ de vos pères, vous donne” (Devarim 4,1).
Mon vénérable ancêtre, rabbi Tsvi Elimélekh de Dinov zatsal, écrit dans son ouvrage sacré Igra Dekala : “Il faut interpréter ainsi ce passage sur les fraudes monétaires (Vayikra 25,14) : ‘Ne lésez point votre frère” (Al tonou ich eth a’hiv), il n’est pas écrit “ich eth amito” (son semblable), car dans le domaine de l’abus financier, l’homme se permettra plus de choses avec ses proches et ses frères, car ils sont liés par des affaires d’héritage. De plus, il est aussi tenu de nourrir ses proches. De ce fait, la Tora met en garde l’homme de veiller à ne pas abuser de son frère, et à plus forte raison, des autres.”
Cet obstacle d’interdiction d’escroquerie entre frères est particulièrement pertinent à propos des affaires d’héritage, car outre les comptes qui existent entre frères au fil des ans, il existe une autre raison. Nous découvrons ceci dans la Guemara : deux personnes tiennent un Talith (Baba Metsia 2b) : lorsqu’on trouve un objet, il est plus fréquent qu’un homme se permette de garder un Talith qu’il a trouvé pour le partager, il n’est perdant en aucune façon, car il l’a trouvé gratuitement et sans effort. Même principe à propos d’un héritage : certains estiment qu’après le décès du père, ses biens sont une sorte de propriété publique et de ce fait, ils s’autorisent à prendre, par le mensonge et la tromperie, plus de biens que ce qui leur revient selon les lois de la Tora.
En conséquence, il vaut la peine de relever qu’il s’agit d’une grande erreur : en effet, toute la terre appartient à Hachem, et Il nous donne dans Sa Tora, des lois sur l’héritage et le testament qui nous indiquent la répartition des biens selon la volonté du Créateur. Celui qui enfreint ces lois en faisant appel à des interdits de mensonge et de tromperie ne sera absolument pas gagnant.
Même si on constate, a priori, que certains semblent profiter par le mensonge et la duperie, c’est que du Ciel, on n’a pas modifié la nature. En effet, Hachem a créé le monde avec le libre-arbitre pour l’homme, dans le but que ce dernier choisisse la voie du bien décrite dans la Tora. Mais si l’homme a gagné de l’argent par des moyens interdits, Hachem a de nombreux moyens pour œuvrer afin qu’il n’en profite pas. Parfois, il manque une occasion de faire une affaire, subit un vol, ou bien n’est pas payé pour son travail. Il peut, que D’ préserve, tomber malade et il se voit contraint de payer des traitements et des médicaments. Ainsi, non seulement perd-il de l’argent, mais de plus, il souffre. L’homme peut alors se dire qu’il a bien fait d’user de tromperie, sans quoi,il aurait été incapable de payer les frais de médecin, mais en vérité, c’est le contraire, car s’il avait fait preuve d’honnêteté, il ne serait pas tombé malade…
L’homme s’attire encore un autre malheur lorsqu’il use de vol en matière d’héritage : il s’attire une haine fraternelle, car on sait que c’est le facteur principal qui suscite une controverse entre frères. Ainsi, la Guemara (Kidouchin 80b) : tant que le père est encore en vie, il est encore plus fréquent qu’un homme déteste son frère, issu du même père que son frère issu de la même mère, car un frère issu du même père diminue sa part d’héritage. Très souvent, l’abus qu’il a commis le conduit par la suite à user du mensonge pour cacher sa fraude, et lorsqu’on découvre ces méfaits, il subit une grande humiliation.
De surcroît, l’homme détruit le plaisir sacré que chacun veut avoir de ses enfants. En effet, lorsqu’il nourrit ses enfants avec de l’argent obtenu de manière frauduleuse, cela conduit ces derniers à se dégrader, que D’ préserve, comme l’indique l’ouvrage Igra Defarka : “Le rav Mena’hem Mendel de Riminov affirme que nous voyons souvent de jeunes enfants qui vont dans la maison de leur enseignant de Tora et étudient la Tora avec assiduité, prient avec Kavana, vivent avec droiture, puis, lorsqu’ils grandissent, leur conduite se transforme du tout au tout : ils développent de très mauvais traits de caractère, ils n’étudient plus et ne prient plus. Quelle est la source de ce phénomène ? La Tora qu’ils ont étudiée dans leur enfance était pure, sans faute et aurait dû leur servir de soutien, car l’accomplissement d’une Mitsva entraîne l’accomplissement d’une autre Mitsva. Mais en réalité, ils ont été nourris avec des fonds acquis de manière malhonnête, ils se sont livrés à des interdits et s’en sont pris à leur propre chair, et de ce fait, ils ont développé des désirs et de mauvais traits de caractère.”
Ainsi, chaque Juif est tenu de réfléchir à cette idée : dès que surgit un problème pour déterminer à qui appartient une somme d’argent, il ne s’autorisera pas à s’en servir, car il n’a pas de moyens de savoir si cet argent lui revient. Il devra consulter un rav pour lui demander s’il a le droit, d’après la Tora, de se servir de cet argent, tout comme il a l’usage d’interroger un rav s’il a un doute sur la cacherouth d’une viande. Il ne sera pas perdant, car si, selon la Tora, cet argent ne lui revient pas, il finira au final par le perdre.
Ainsi, Hachem a mis en garde les Bené Israël avant leur entrée en Erets Israël : ““Maintenant donc, ô Israël ! Écoute les lois et les règles que Je t’enseigne pour les pratiquer” : veillez à vous conduire toujours selon les lois de la Tora,“afin que vous viviez et que vous arriviez à posséder le pays” : ainsi, vous hériterez la part d’héritage de votre père et pourrez en profiter avec sérénité, et cela pourra se produire uniquement si vous êtes vigilants sur les interdits de vol et de fraude dans la répartition de l’héritage. Dans ce but, souvenez-vous : “Que l’Éternel, D’ de vos pères, vous donne” : c’est Hachem qui vous donne votre héritage, qui n’est pas livré au hasard. Si Je ne vous le donne pas, vous ne pourrez pas en profiter. Si vous êtes vigilant sur ces lois monétaires, vous aurez une belle vie dans ce monde et dans le Monde à venir. »