Que ces paroles soient dédiées à l’élévation spirituelle et à la réussite de Aryeh ben Myriam Sarah
Les Bené Israël se tiennent au seuil de la Terre Promise. Après des années d’attente, le moment tant espéré semble enfin arrivé. C’est alors qu’un événement dramatique vient bouleverser le destin du peuple. Douze personnalités, des chefs respectés, sont envoyés en mission d’exploration. Une par tribu. Leur but : observer la Terre qu’Hachem a promise à leurs ancêtres.
Mais à leur retour, c’est un choc : leur rapport est alarmant, démoralisant. Le peuple perd courage. Il doute, il vacille, il craint de ne pas pouvoir conquérir la Terre. Cette réaction provoque une sanction terrible : toute une génération mourra dans le désert, et l’entrée en Erets Israël sera repoussée de quarante ans.
Que s’est-il passé ? Comment une mission aussi prometteuse a-t-elle pu virer à la catastrophe ?
Le No’am Elimélekh nous livre une clé essentielle. Il remarque que Moché leur ordonne : « Alou zé baNéguev – Montez vers le sud » (Bamidbar 13,17).
Pourquoi le sud ? Parce que, selon la Guemara (Baba Bathra 25b), « celui qui veut devenir sage doit se tourner vers le sud » Le sud symbolise la sagesse, la réflexion, la hauteur de vue.
Moché ne leur demande pas seulement d’observer la Terre, mais de la regarder avec sagesse.
Car regarder, ce n’est pas simplement voir C’est interpréter ce que l’on perçoit. Et c’est là que tout se joue.
La Tora met en évidence cette nuance à travers les termes qu’elle emploie. Moché leur dit : « Our’ithem – vous verrez la Terre », avec le verbe liroth, qui signifie une vision lucide, réfléchie. Mais ensuite, la Tora nous dit que ces hommes sont partis latour – « explorer » la Terre. Et là se trouve toute la différence.
Liroth, c’est voir avec recul, avec intelligence.
Latour, c’est se laisser guider par ses émotions, ses envies, ses préjugés. Une vision superficielle, influencée par ce que l’on veut ressentir, plutôt que par ce qui est.
Les explorateurs n’ont pas regardé la Terre avec les yeux de la foi, mais avec les yeux de la peur. Au lieu d’admirer un cadeau divin, ils ont vu une menace. Ils sont devenus des touristes spirituels, qui ne voient que ce qui conforte leur crainte.
Cette erreur va leur coûter cher. Mais elle nous enseigne une leçon puissante.
Car à la fin de notre paracha, la Tora revient précisément sur cette idée de vision.
Dans le dernier paragraphe du Chema’, celui des Tsitsith, il est dit : « Vous verrez [our’ithem] les Tsitsit, vous vous souviendrez de toutes les Mitsvoth, vous les accomplirez, et vous ne vous égarerez pas [vélo tatourou] après votre cœur et vos yeux. »
Encore une fois, les mêmes mots :
Voir – avec sagesse.
Explorer – avec passion et désir, sans filtre ni réflexion.
Rachi commente : « Le cœur et les yeux sont les explorateurs du corps. L’œil voit, le cœur désire, et le corps agit. »
Nos yeux ne sont jamais neutres. Ils voient ce que notre cœur veut voir. Et sans la lumière de la Tora, cette vision peut nous perdre.
La leçon est claire : ne pas se laisser emporter par une vision émotionnelle, instinctive. Apprendre à voir les événements avec la clarté de la foi et la lucidité de la sagesse. Refuser l’interprétation rapide, guidée par la peur ou le désir. Adopter le regard de la Tora, qui nous élève au-dessus des illusions.