Sébastien Lecornu, nommé premier ministre. « La sécurité d’Israël n’est pas négociable ».
Le Point : Rien ne paraît pouvoir stopper l’escalade au Moyen-Orient. Vous étiez ce mardi en Conseil de défense autour du président de la République, que peut faire la France dans ce contexte hautement inflammable ?
Sébastien Lecornu : Il faut d’abord savoir nommer les responsabilités derrière l’agenda d’insécurité et de déstabilisation dans la région : il est porté par Téhéran et ses proxys, qu’il s’agisse des frappes conduites par le Hezbollah à la frontière nord d’Israël depuis un an, des frappes des milices chiites en Irak contre la coalition internationale en charge de la lutte contre le terrorisme, ou des attaques contre le commerce maritime international par les Houthis en Mer Rouge.
La voix de la France porte moins dans la région…
La période dans laquelle nous sommes correspond à un nouveau moment de rupture stratégique, inédit depuis la fin de la guerre froide. Les menaces anciennes de type terrorisme n’ont pas disparu, tandis que la compétition entre grandes puissances a repris, y compris sous « voûte nucléaire ». Les sauts technologiques, la militarisation de l’espace et du numérique, la guerre informationnelle et l’exploitation des fragilités économiques permettent à des compétiteurs de mettre en oeuvre des menaces dont l’effet peut être gravissime. L’un des risques aujourd’hui pour la France est d’être défaite sans avoir été envahie.
Vous reconnaissez que la France est à la traîne dans certains domaines. Lesquels ?
Je suis hanté par notre échec collectif sur les drones, qui date d’il y a dix ou quinze ans. Au lieu d’essayer de rattraper éternellement notre retard, j’ai décidé de sauter une génération technologique. En 2030, la France doit être à la pointe sur les différentes gammes de drones. Cette question passionne beaucoup le chef de l’État, qui me met une saine pression sur le sujet. [Sourire.]
Concernant l’IA, vous avez oeuvré au lancement de l’agence ministérielle pour l’intelligence artificielle de défense (Amiad), qui doit s’appuyer sur un mégacalculateur assez secret, le « plus grand d’Europe », selon vous. Vous pouvez nous en dire plus ?
Vous entrez dans votre huitième année comme ministre. C’est un record de longévité sous Emmanuel Macron !
LE PLUS.
BIO EXPRESS. Fils d’une secrétaire médicale et d’un technicien de l’industrie aéronautique, Sébastien Lecornu (notre photo) a fait des études de droit à l’Université Paris 2 Panthéon Assas.
De 2008 à 2012, il est conseiller du Secrétaire d’État aux Affaires européennes puis du ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire.
En 2014, il est élu maire de Vernon puis, en 2015, président du Conseil départemental de l’Eure. Il sera réélu aux élections municipales en mars 2020, conseiller départemental en juin 2021 et désigné à nouveau président du Conseil départemental de l’Eure en juillet 2021.
Sébastien Lecornu a, par ailleurs, été élu sénateur en septembre 2020. Il a décidé de ne pas siéger à la Haute-Assemblée, en respect de la loi sur le non-cumul des mandats, afin de poursuivre l’exercice de ses fonctions ministérielles.
En 2018, il est nommé ministre délégué en charge des collectivités territoriales. Il co-anime alors le Grand Débat National, qui s’est tenu à l’initiative du Président de la République début 2019 en réponse la crise sociale de l’automne 2018.
En juillet 2020, il est nommé ministre des Outre-mer dans le gouvernement de Jean Castex. Dans ce cadre, il supervise la gestion de la crise sanitaire dans les 12 territoires ultramarins français, répartis dans les trois océans. Il a également accompagné la fin de l’Accord de Nouméa en organisant les deux dernières consultations pour l’accession de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté.
Depuis le 20 mai 2022, il est ministre des Armées.
Sébastien Lecornu est également colonel de réserve dans la gendarmerie nationale.