Le Soudan du Sud dément discussions avec Israël pour accueillir des Palestiniens de Gaza
Le gouvernement du Soudan du Sud a fermement nié toute implication dans des discussions avec Israël visant à réinstaller sur son sol des habitants de la bande de Gaza, territoire ravagé par des mois de conflit.
Cette déclaration officielle intervient au lendemain de la publication, mardi, d’un article de l’Associated Press citant six sources affirmant que des pourparlers étaient en cours entre Tel-Aviv et Juba. Selon cette dépêche, Israël aurait exploré la possibilité de transférer une partie de la population palestinienne de Gaza vers ce pays d’Afrique de l’Est.
Mercredi, le ministère sud-soudanais des Affaires étrangères a réagi en qualifiant ces informations de « sans fondement », précisant qu’elles ne reflétaient ni la position ni la politique de la République du Soudan du Sud. Ce démenti a pour but de mettre fin aux rumeurs et d’affirmer la neutralité du pays sur ce dossier sensible.
Au moment où cette polémique surgit, l’armée israélienne intensifie ses opérations dans la ville de Gaza, frappant lourdement la zone avant de consolider son contrôle sur l’enclave, où vivent plus de deux millions de Palestiniens.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a récemment réitéré son point de vue selon lequel les habitants de Gaza devraient quitter le territoire. Cette idée avait déjà été soutenue par l’ancien président américain Donald Trump. Toutefois, de nombreux responsables internationaux y voient une mesure inacceptable, assimilable à une nouvelle Nakba — terme utilisé par les Palestiniens pour désigner la catastrophe de 1948, lorsque des centaines de milliers d’entre eux furent contraints de fuir ou d’être déplacés lors de la guerre israélo-arabe.
Des précédents de démentis
Le Soudan du Sud n’est pas le premier pays africain à devoir clarifier sa position. En mars, la Somalie et la région autoproclamée du Somaliland avaient déjà affirmé n’avoir reçu aucune proposition des États-Unis ou d’Israël concernant l’accueil de Palestiniens de Gaza. Mogadiscio avait même exprimé un rejet catégorique de toute démarche en ce sens.
Le ministre sud-soudanais des Affaires étrangères, Semaya Kumba, s’était rendu en Israël le mois précédent, où il avait rencontré Binyamin Netanyahu. Cette visite, bien que réelle, n’avait selon Juba aucun lien avec la question de Gaza.
Ce déplacement diplomatique s’inscrivait dans un contexte plus large de relations bilatérales entre le Soudan du Sud et Israël, axées principalement sur la coopération économique et sécuritaire.
Situation intérieure au Soudan du Sud
Depuis son indépendance en 2011, le Soudan du Sud a connu une instabilité politique et des conflits internes qui ont occupé près de la moitié de son existence. Aujourd’hui encore, le pays traverse une période de tensions : en mars, le président Salva Kiir a ordonné l’arrestation de son vice-président Riek Machar, plongeant la nation dans une nouvelle crise politique.
Par ailleurs, le mois dernier, les autorités de Juba ont confirmé que huit migrants expulsés par l’administration Trump vers le Soudan du Sud étaient placés sous leur garde après avoir perdu un recours juridique contre leur transfert.
Une clarification nécessaire
En niant toute négociation avec Israël sur la réinstallation de Palestiniens de Gaza, le Soudan du Sud entend clarifier sa position et éviter d’être impliqué dans un dossier aux répercussions géopolitiques et humanitaires majeures. Dans un contexte régional déjà tendu, cette mise au point vise à préserver ses relations diplomatiques tout en affirmant sa souveraineté décisionnelle.
Jforum.fr