par Majid Rafizadeh
Les courageux soulèvements iraniens ont uni étudiants, travailleurs, femmes et citoyens ordinaires, exigeant le changement. Ils se sont soulevés en 1999, 2009, 2017, 2019, 2022 et au-delà, chaque fois avec un courage époustouflant. Malheureusement, chacun de ces mouvements a été brutalement réprimé. Les forces de sécurité ont envahi les rues, tirant sur des foules non armées, arrêtant des milliers de personnes et torturant des détenus. Des familles sont restées sans réponse, leurs proches disparaissant dans le cauchemar des prisons du régime. Nombre de ceux qui sont arrêtés ne reviennent jamais. Certains, même s’ils reviennent, en portent des cicatrices permanentes, physiques et émotionnelles. Le message des dirigeants iraniens est constant : la dissidence sera anéantie par tous les moyens nécessaires.
En ces temps de crise, où les voix morales du monde auraient dû se faire entendre avec la plus grande force, les gouvernements occidentaux ont souvent choisi le silence. L’administration Obama, en particulier, s’est tenue à l’écart lors du Mouvement vert de 2009, lorsque des millions d’Iraniens sont descendus dans la rue pour réclamer la restitution de leurs votes volés. L’ancien président Barack Obama a reconnu plus tard avoir commis une erreur en ne s’exprimant pas avec force en faveur des manifestants. La question demeure néanmoins : comment l’Occident, et en particulier les États européens, qui n’hésitent jamais à sermonner les autres sur la démocratie et les droits humains, peut-il garder le silence alors que l’un des peuples les plus opprimés du monde risque tout pour ces mêmes idéaux ? La réponse est que la prudence politique, la peur et l’attrait de l’argent, des affaires et des accords commerciaux l’emportent souvent sur la clarté morale – un choix que l’Histoire n’a jamais accueilli avec bienveillance.
Israël est le premier pays au monde à recycler l’eau. Nous recyclons 90 % de nos eaux usées et sommes leaders mondiaux en matière de dessalement. Nous savons exactement comment faire pour que l’Iran puisse également disposer d’eau en abondance. Il y a près de dix ans, j’ai ouvert une chaîne Telegram en farsi pour enseigner la gestion de l’eau aux Iraniens. 100 000 Iraniens m’ont rejoint presque instantanément. La soif d’eau en Iran n’a d’égale que sa soif de liberté… Dès que votre pays sera libre, les meilleurs experts israéliens en matière d’eau afflueront dans chaque ville iranienne, apportant technologie et savoir-faire de pointe. Nous aiderons l’Iran à recycler l’eau et à la dessaler.
La déclaration ne portait pas seulement sur les infrastructures, mais aussi sur l’autonomisation. « Prenez des risques pour la liberté », a-t-il exhorté. « Descendez dans la rue. Exigez justice. Exigez des comptes. Protestez contre la tyrannie. Si vous le voulez, un Iran libre n’est pas un rêve. »
C’est le genre de clarté sans complexe qui manque à l’Occident depuis des décennies. Au lieu de se rapprocher des dirigeants de Téhéran pour obtenir des accords commerciaux ou un allègement des sanctions, les dirigeants mondiaux devraient soutenir et amplifier la voix du peuple iranien. Pourtant, dans les couloirs diplomatiques européens, les dirigeants continuent de serrer la main des responsables iraniens, de signer des accords commerciaux et d’accorder une aide économique, sachant pertinemment que cet argent et cette légitimité serviront à renforcer l’emprise du régime sur ses citoyens. Il ne s’agit pas de neutralité, mais de complicité. Plus répugnant encore, cela envoie au peuple iranien le signal que ses souffrances sont sans importance comparées aux intérêts économiques et politiques de l’Occident.
Depuis plus de 40 ans, les puissances européennes serrent la main des dictateurs, concluent des accords, légitiment la tyrannie et ferment les yeux lorsque le régime iranien écrase la dissidence. Ces puissances ont vu des femmes battues dans la rue pour avoir dévoilé leurs cheveux, des journalistes emprisonnés pour avoir dit la vérité et des étudiants tués pour avoir osé s’exprimer. Elles ont assisté à ces événements tout en profitant du commerce et en obtenant des contrats pétroliers. Pendant ce temps, le régime iranien étend son influence néfaste et sa violence à l’étranger. Le problème iranien est mondial.
Le choix qui s’offre à l’Occident, et en particulier aux gouvernements européens et à l’administration Trump, est simple : poursuivre sur la voie d’une complicité silencieuse, mue par la peur et la cupidité, ou choisir d’être reconnu comme un défenseur de la liberté. Cesser d’accorder des pouvoirs aux dirigeants iraniens par des accords commerciaux et une reconnaissance diplomatique. Déclarer publiquement et sans équivoque son soutien au peuple iranien. Un Iran libre serait une force stabilisatrice dans une région instable, un partenaire plutôt qu’un adversaire, et un symbole de ce qui peut advenir lorsque le monde libre s’unit.
Le Dr Majid Rafizadeh est politologue, analyste diplômé de Harvard et membre du conseil d’administration de la Harvard International Review. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la politique étrangère des États-Unis.
Source: www.gatestoneinstitute.org
Illustration : Page d’accueil de The Pirate Bay, le 20 juin 2009.
Jforum.fr