‘Harédim 10 – Illustration : le « rav » Nathan Milikovsky, grand-père de Netanyahou
Dans des enregistrements diffusés ce mercredi soir par Lior Keinan sur la chaîne Hadashot 13, on découvre la conversation entre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le rav Meir Tzvi Hirsch, au cours de laquelle Netanyahou explique avoir « écarté » le ministre de la Défense Yoav Galant et le chef d’état-major Herzi Halevi de leurs fonctions, car selon lui, ils « bloquaient » la résolution de la crise du recrutement des orthodoxes (‘harédim).
« Nous devons sauver non seulement l’État d’Israël, mais aussi le monde de la Tora », commence Netanyahou. « Avec l’aide de D’, c’est ce que nous allons faire. Pour y parvenir, nous avons besoin de temps pour faire passer une loi solide, qui ne pourra pas être attaquée. Et nous pouvons le faire, je vais le faire. »
Il reconnaît ensuite avoir démis Galant et Halevi — qu’il qualifie de ministres et de chefs d’état-major « défaillants » — en raison de leur opposition à l’avancement de cette loi.
« Je suis déterminé à le faire. Si nous n’avons pas pu avancer, c’est à cause d’obstacles énormes que nous avons maintenant levés. Vous savez, quand votre ministre de la Défense et chef d’état-major sont contre vous, vous ne pouvez pas avancer. Maintenant, nous le pouvons. »
Il ajoute avoir personnellement parlé une vingtaine de fois avec Yuli Edelstein, président de la commission des affaires étrangères et de la défense. « Je lui ai dit que je prenais personnellement le commandement sur ce dossier. Je veux qu’il organise davantage de discussions — ce qu’il a commencé à faire. »
Dans cette conversation, Netanyahou promet également d’accélérer la mise en place de parcours spécifiques pour les ‘harédim au sein de l’armée, tout en critiquant à nouveau le chef d’état-major et le ministre de la Défense précédents.
« Vous savez, il y a des gens qui essaient de saboter nos efforts », dit-il. « L’armée fait exactement ce que nous lui avons demandé de faire : créer des parcours pour accueillir les ‘harédim tout en respectant leur mode de vie. C’est incroyable ce qui est en train de se faire. Les ‘harédim entrent dans l’armée en tant que ‘harédim, et en ressortent de la même manière. Nous ne voulons pas qu’ils sortent laïcs. Nous voulons que tout Juif pratiquant puisse rester tel quel, dans le cadre du monde de la Tora. Et c’est faisable. »
Il continue : « En réalité, c’est parce que nous avons remplacé le chef d’état-major et le ministre de la Défense, qui bloquaient le processus depuis si longtemps, que nous pouvons maintenant avancer plus sûrement et de manière plus professionnelle. »
Cette conversation avec le rav Hirsch a eu lieu juste avant le vote critique sur le budget à la Knesset en mars dernier, dans un contexte de menaces des partis ‘harédim.
« Nous pouvons sauver le monde de la Tora, clore ce dossier une bonne fois pour toutes et nous débarrasser de ce fardeau qu’on nous a imposé », affirme Netanyahou. « Je pense que c’est possible, avec votre aide. Et je sais que vous aidez, mais s’il vous plaît comprenez bien que je ferai tout ce qu’il faut pour y parvenir. »
Netanyahou ajoute : « Vous verrez les résultats. Je te le dis : fixer une date limite trop rapprochée risquerait de retarder le processus. »
Les enregistrements révèlent que le Premier ministre ne s’est jamais engagé formellement à faire passer la loi voulue par les ‘harédim avant la fête de Chavou’oth, bien au contraire — il a expressément déclaré qu’il fallait plus de temps et a même évoqué une date : « Je pense que Roch Hachana est un moment raisonnable, ça nous laisse assez de temps », dit-il. « Si vous connaissiez le processus législatif comme moi, vous sauriez qu’ils ont des moyens de nous ralentir. Je prends le temps nécessaire, ou si vous préférez, je définis un délai qui les empêchera de nous bloquer. Ils essaieront, mais il y a des limites. On ne peut pas aller à toute vitesse, sinon on leur donne un cadeau sur un plateau. Pourquoi leur offrir cela ? »
Pour gagner encore du temps, Netanyahou précise : « Je pense qu’on parle d’un délai supplémentaire de huit semaines. Peut-être qu’on aura de la chance et qu’on pourra aller plus vite, ce que je souhaite. Mais on peut aussi rencontrer des obstacles, alors je ne veux pas promettre un délai que je ne pourrais pas tenir. Si on se met d’accord sur une date réaliste et au-delà de leur capacité de blocage, alors on finalisera la loi. Et ce sera une avancée historique. On résoudra le problème. On les arrêtera. »
Dans cette conversation, le Premier ministre tente également de dissuader le rav de remettre en cause la stabilité du gouvernement, en brandissant la menace de l’alternative — et en promettant davantage. « Je suis engagé envers le monde de la Tora. Il y a deux choses ici. Premièrement : dans le processus législatif, nous ne pouvons pas échouer. Nous ne devons pas échouer. Nous pouvons faire passer cette loi. Je vais essayer de le faire le plus rapidement possible. Ceux qui veulent faire échouer cela, à gauche, ne veulent pas du bien du monde de la Tora. Ils veulent le détruire. »
Plus loin, Netanyahou ajoute : « Soyons intelligents. Soyons malins. Vous devez savoir que mon grand-père était un rabbin. Je suis engagé envers le monde de la Tora, et je ferai tout pour le protéger. Mettons ce sujet de côté. Car c’est la plus grande menace pour le monde de la Tora. Si nous ne faisons pas passer cette loi, ils continueront de s’en servir pour harceler le monde de la Tora et tenter de le renverser. Et c’est quelque chose que nous pouvons empêcher. Nous pouvons enfin y mettre un terme. Mais j’ai besoin de vous. Je vous le dis, rav, j’ai besoin de votre aide. Je compte sur votre soutien. Et je veux que vous puissiez compter sur moi. Si nous travaillons ensemble, nous finirons cette affaire une bonne fois pour toutes. »
Réaction du bureau du Premier ministre aux enregistrements :
« Comme cela s’entend clairement dans les enregistrements – sans l’interprétation biaisée des ‘analystes’ de la chaîne 13 – le Premier ministre précise que ce sont les anciens chef d’état-major et ministre de la Défense qui ont empêché la création des unités dédiées aux ‘harédim. Contrairement à eux, le ministre de la Défense et le chef d’état-major actuels avancent rapidement et professionnellement sur ce dossier – et nous en sommes fiers », a déclaré le bureau du Premier ministre.