À Jérusalem, l’annonce a créé un vent de stupeur. Un haut responsable du Conseil national de sécurité israélien a confirmé que le document n’avait pas été transmis au préalable, qualifiant la fuite vers la presse d’« absurde ». Le cabinet de sécurité, instance suprême pour les décisions critiques, n’a pas encore examiné le projet. « Nous n’avons pas reçu le document ; c’est totalement faux. Les journalistes disposent de plus d’informations ; cela n’a aucun sens », a rétorqué une source gouvernementale. Cette opacité irrite au plus haut point : « Puisqu’il s’agit des enjeux les plus cruciaux, nous devons être impliqués. Le fait que le Premier ministre pense que la résolution pourrait être orientée en faveur d’Israël ne signifie pas que nous pouvons nous relâcher. Nous sommes face à un choix décisif. C’est à prendre ou à laisser », a ajouté la même voix, soulignant les risques d’un processus unilatéral. Depuis le retour de Trump, les relations transatlantiques se sont resserrées, avec une aide militaire accrue de 4 milliards de dollars annuels, mais cette surprise ravive les craintes d’un diktat washingtonien, rappelant les tensions lors des négociations d’Abraham en 2020.
L’ambassadeur américain à l’ONU, Mike Waltz, a multiplié les appels à l’unité. Il a convié le Conseil de sécurité, ainsi que l’Égypte, le Qatar, l’Arabie saoudite, la Turquie et les Émirats arabes unis, à « manifester un soutien régional » à cette résolution. Ce chœur diplomatique s’inscrit dans la doctrine trumpienne de « paix par la force », qui a déjà vu Riyad et Abou Dhabi normaliser leurs liens avec Israël en 2024, malgré les heurts à Gaza. Des pourparlers discrets au Caire en octobre ont esquissé un rôle égyptien accru, avec 5 000 casques bleus potentiels pour sécuriser Rafah, tandis que Doha, financier historique du Hamas, pourrait conditionner son aide humanitaire – 1,5 milliard de dollars depuis 2023 – à une transition apolitique. À Ankara, Erdogan, malgré ses critiques virulentes, flirte avec un revirement, motivé par des échanges commerciaux de 10 milliards de dollars annuels avec Washington.
Trump, maître incontesté des coulisses onusiennes depuis son premier mandat, mise sur ce coup pour légitimer son retour. Avec un veto américain sur toute résolution anti-israélienne bloqué depuis 2017, il table sur un vote favorable d’ici décembre. Israël, pris de court, prépare une riposte : une session d’urgence du cabinet est prévue vendredi, potentiellement assortie d’amendements pour renforcer le rôle de Tsahal dans la supervision. À l’ONU, où 193 États scrutent chaque mot, cette proposition pourrait briser l’impasse : fin 2024, 12 drafts similaires ont échoué pour cause de divergences russo-chinoises. Si elle passe, la FIS marquerait un pivot : non plus une « zone morte », mais un tremplin vers une confédération palestinienne neutre, sous l’égide d’un Quartet revisité. Le Moyen-Orient, las des cycles de violence, attend : cette résolution, née dans l’ombre, pourrait illuminer un horizon incertain, où la surprise diplomatique forge la paix ou ravive les braises.

























