Tous les regards tournés vers une seule décision : la loi sur la conscription au bord de l’explosion

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Derrière les messages de stabilité émanant du bureau du Premier ministre, la loi sur la conscription reste dans l’impasse et sans majorité : Agoudat Israël détient la clé, Benjamin Netanyahou est pris en étau entre les partis haredim et le sionisme religieux, et la coalition s’enlise entre reports, amendements et temporisation.

Ma’ariv – Anna Barsky

Malgré les messages rassurants diffusés par le bureau du Premier ministre, la loi sur la conscription continue de piétiner — et, au sein de la coalition, l’évaluation selon laquelle elle ne dispose pas d’une majorité dans sa version actuelle se renforce. Des sources proches des négociations affirment que le cœur de la crise est clair : le parti ‘hassidique Agoudath Israël, qui n’a pas encore donné son feu vert au texte, tient la clé et ne se presse pas pour l’utiliser.

Selon ces sources, il ne s’agit pas d’un simple retard technique ni d’un désaccord rédactionnel. Il s’agit d’une décision politique de fond qui place le Premier ministre Netanyahou face à des exigences contradictoires de ses partenaires de coalition : d’un côté, les partis ‘harédim, au premier rang desquels se trouve l’Agoudath Israël ; de l’autre, le sionisme religieux et certaines composantes du Likoud, qui ont déjà fait savoir qu’ils ne soutiendraient pas une loi perçue comme une concession excessive.

Ces estimations interviennent à l’approche de la réunion attendue du Conseil des grands de la Tora ‘hassidiques de l’Agoudath Israël — l’instance rabbinique suprême habilitée à trancher pour le parti sur les grandes questions politiques. Lors de cette réunion, centrée sur l’architecture de la loi sur la conscription et ses implications, le Conseil devrait prendre une décision qui fixera la position de l’Agoudath Israël et pèsera sur l’avenir de la coalition.

À la veille de cette réunion, le système politique évoque trois scénarios possibles.
Le premier : un report pur et simple de la loi, qui entérinerait l’absence d’accord et clorait le dossier.
Le deuxième : un soutien de principe assorti de conditions — un « oui, mais » — avec une approbation en échange d’amendements substantiels au texte, favorables au public ‘harédi.
Le troisième, jugé le plus probable : la poursuite de la temporisation, sans décision claire de la direction spirituelle de l’Agoudath Israël.

Mais même le scénario du « oui, mais » est loin d’être simple pour la coalition. Tout amendement significatif en faveur de l’Agoudath Israël devrait susciter une opposition virulente du sionisme religieux et de responsables du Likoud. Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a déjà déclaré par le passé que la loi « nécessite des améliorations » et a précisé qu’il ne soutiendrait pas une version portant atteinte au principe d’égalité du fardeau. Même si les ‘harédim se montraient plus conciliants, il serait difficile pour Smotrich et d’autres d’expliquer à leur électorat un recul public par rapport à leurs positions.

Des acteurs politiques soulignent que la dynamique compte autant que le texte. Dès lors que des figures de premier plan de la coalition ont affirmé publiquement que la loi est problématique et doit être amendée, la marge de manœuvre du Premier ministre Netanyahou et de la direction de la coalition s’est réduite. Toute tentative « d’améliorer » la loi au bénéfice des ‘harédim risque d’être perçue comme un durcissement par ses opposants — et d’aggraver la fracture interne.

Au bureau du Premier ministre, on affiche ces derniers jours un discours de business as usual : « Tout avance, tout est sous contrôle », assure-t-on. Mais des sources au fait du dossier expriment un fort scepticisme et estiment qu’il s’agit d’un schéma récurrent : des déclarations optimistes qui ne reflètent pas la réalité. « Ce sont des messages que l’on entend à chaque crise, indépendamment de ce qui se passe réellement », confie un haut responsable politique.

Pour l’heure, la loi sur la conscription ne tombe pas — mais n’avance pas non plus. Netanyahou évite de trancher, les partenaires tirent chacun dans leur direction, et la coalition continue d’en payer le prix : paralysie législative, incertitude politique et approfondissement de la crise interne. Tant que l’Agoudath Israël n’aura pas prononcé le dernier mot — et que les autres n’auront pas clarifié leurs lignes rouges — ce dossier restera ouvert. Et, pour l’instant, le temps ne joue pas en faveur du gouvernement.

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