À la veille de sa rencontre avec Benjamin Netanyahou aux États-Unis, Donald Trump a publié un message teinté d’optimisme sur la scène internationale : « Nous avons de bonnes chances de réaliser quelque chose d’extraordinaire au Moyen-Orient. » Il a présenté ce « moment inédit » comme une opportunité de changement radical dans les équilibres diplomatiques de la région.
Vers un rôle accru de l’Autorité palestinienne
Dans ce plan, Israël serait appelé à conditionner tout progrès à une participation tangible et surveillée de l’Autorité palestinienne. L’objectif : gagner la légitimité d’États arabes modérés, voire faciliter leur implication dans la reconstruction et la stabilité de Gaza. De leur côté, le Hamas serait écarté de tout rôle futur dans la gouvernance, devra renoncer à ses infrastructures militaires, et accepter un cadre de sécurité dans lequel Israël conserve le droit d’intervenir en cas de menace.
Vance : optimisme mais prudence
Aux côtés de Trump, le vice-président J. D. Vance a lui aussi pris position. Lors d’un entretien, il a déclaré : « Je suis plus optimiste que jamais ces derniers mois, mais soyons réalistes… les choses peuvent mal tourner à la dernière minute. » Son propos traduit une conception mesurée du risque diplomatique : soutenir l’initiative, tout en prévenant les revers potentiels.
Vance, par ailleurs, s’est affirmé comme un fervent soutien d’Israël dans la guerre à Gaza, plaidant pour une victoire rapide afin de reconstruire un front sunnite unifié contre l’influence iranienne. Il a aussi souligné que, même dans un futur post-conflit, les États-unis doivent permettre à Israël de préserver sa liberté d’action sécuritaire.
À ce jour, le Hamas affirme ne pas avoir reçu de version officielle du plan américain, malgré les larges annonces faites par Trump. Le projet, présenté comme un « plan en 21 points », inclut notamment la libération rapide de tous les otages, la reconstruction de Gaza, des garanties de sécurité, et une gouvernance transitoire. Certains médias indiquent qu’au moins certains représentants du Hamas auraient donné un accord de principe, mais les détails restent flous.
Le plan propose aussi que les opérations militaires israéliennes cessent, et que les armes offensives de Hamas soient neutralisées. Trump a clairement stipulé qu’il ne tolérerait pas que le Hamas joue un rôle dans la gouvernance future. Toutefois, la route est semée d’obstacles : certaines puissances arabes rejettent l’idée de déplacements massifs de Palestiniens, tandis que d’autres exigent que la voie vers un État palestinien soit explicitement prévue dans tout accord viable.
Par ailleurs, Trump a exprimé récemment qu’il ne permettrait pas l’annexion par Israël de la Cisjordanie, un point susceptible de braquer certains alliés dans la coalition israélienne. Cette position contraste avec les ambitions expansionnistes de certains chefs politiques israéliens, mais elle pourrait aussi offrir un compromis diplomatique en direction des critiques internationales.
Un pari risqué mais calibré
Le plan Trump s’inscrit dans une double stratégie : proposer une issue aux tensions à Gaza, tout en renforçant la stature américaine comme médiateur incontournable au Moyen-Orient. Mais il soulève des risques — diplomatiques, sécuritaires, politiques — et sera scruté à l’épreuve des faits. Si les concessions exigées à Israël paraissent fortes, l’équilibre proposé tente de ménager la prééminence sécuritaire israélienne tout en s’ouvrant à une solution partagée avec les Palestiniens.
Dans cette dynamique géopolitique, Israël se trouve à un croisement : accepter des contraintes dans un plan engageant, mais préserver ses droits souverains de sécurité. Le soutien américain, incarné par Trump et Vance, donne à Tel-Aviv une marge de manœuvre stratégique précieuse. Israël doit donc capitaliser sur cette initiative pour garantir sa sécurité, affirmer sa légitimité diplomatique, et conserver la capacité d’action nécessaire face aux menaces.
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