L’élection historique de Zack Polanski à la tête du parti des Verts d’Angleterre et du Pays de Galles marque une étape inédite : pour la première fois, un dirigeant juif, ouvertement critique envers Israël, accède aux plus hautes fonctions du mouvement. Malgré son identité, il se revendique fermement « certainement pas sioniste », considérant que cette étiquette est davantage une critique qu’un honneur dans son cas.
Son engagement en faveur de la cause palestinienne est affirmé et constant. Il parle régulièrement d’un « génocide à Gaza », et multiplie les interventions dans des rassemblements de soutien à la Palestine, y compris aux conférences liées au mouvement BDS. Il a même exprimé son soutien à des organisations rebaptisées « terroristes », insistant sur le devoir de résister à ce qu’il perçoit comme une oppression. Il s’est autoproclamé solidaire de ces groupes, déclarant que même leur interdiction ne pourrait éteindre ce droit à l’action collective.
Son parcours personnel illustre une transformation radicale. Issu d’une éducation juive traditionaliste et sioniste, où il a même fréquenté des écoles et colonies de jeunesse pro-Israël, il a progressivement évolué vers une position opposée au sionisme. Il n’a jamais visité Israël, mais son vécu et son histoire familiale lui confèrent une légitimité particulière pour prendre la parole sur ces sujets, en tant que voix juive dissidente.
Sur le plan politique, Polanski promeut une plateforme radicale, loin d’un simple agenda vert : il plaide pour un impôt sur la fortune, la renationalisation des services essentiels comme l’eau, et une critique ouverte du modèle économique néolibéral. Il remet également en cause l’adhésion du Royaume-Uni à l’OTAN, et milite pour une politique étrangère fondée sur la diplomatie plutôt que sur la confrontation.
Ce virage radical et son ton affirmé divisent au sein même du parti. Certains craignent que son style puisse aliéner les électeurs ruraux ou les modérés attachés à la construction consensuelle des Verts. Toutefois, son approche médiatique énergique, son sens de la communication et son ton combatif redessinent déjà l’image des Verts, les repositionnant sur l’échiquier politique britannique.
En parallèle, sa direction s’inscrit aussi dans un contexte plus large de recomposition de la gauche britannique. Le vide laissé par une gauche travailliste jugée trop timorée ouvre un espace pour des mouvements plus audacieux. Polanski ne ferme pas la porte à d’éventuelles collaborations avec la nouvelle formation de Jeremy Corbyn, tout en restant ferme quant à son refus d’alliances institutionnelles avec la direction actuelle du Labour.
Sous la houlette de Zack Polanski, les Verts entament un tournant idéologique et stratégique : ils adoptent un ton militant marqué, une posture souveraine et un engagement international affirmé, tout en consolidant leurs racines écologistes. Le pari de l’éco-populisme sera-t-il payant sur le long terme ? Seul l’électorat en décidera lors des prochains scrutins.
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