Le moins que l’on puisse écrire, c’est qu’il existe, au sein du microcosme politique et médiatique français, un puissant courant d’opinion qui n’a pas accueilli cette initiative avec un enthousiasme excessif et qui traite le couple américano-israélien avec une dureté qui n’a d’égale que son indulgence pour la dictature islamique atomique.
Il y a toute une gamme de mous avec les mollahs dans le magasin européen. Il y a d’abord le mou communautaire, qui pense que, pour faire encore semblant d’exister, il faut faire semblant de s’opposer à l’Amérique. Il faut dire que l’Américain n’y va pas par quatre chemins pour appuyer sur le genou mou.
Il n’en demeure pas moins que la dernière prestation européenne, consistant à supplier les ayatollahs atomiques de négocier en faisant l’éloge de la négociation avec les tyrans, avec foi mais sans loi, rappelait davantage Chamberlain et Daladier que De Gaulle et Churchill. La réunion de l’Europe n’était plus à Genève, mais à Munich.
Car force est, une fois encore, de constater son involution depuis le vendredi 13 juin. Dès l’action entreprise contre les centrales nucléaires de la République islamique, notre président de la République clama son soutien à la sécurité d’Israël. Il alla même jusqu’à indiquer que la France pourrait protéger militairement l’État juif en danger de mort. Pour toute protection militaire, le stand israélien fut bâché au Salon de l’armement du Bourget.
Notons tout de même que les involutions macroniennes sont toujours orientées vers l’Orient. C’est ainsi qu’après le 7-Octobre, le président prétendit vouloir créer un front international pour lutter contre le Hamas. Quelques mois plus tard, il en était à expliquer, sur le sol helvétique, qu’il refusait de marcher contre l’antisémitisme. Pour ne pas indisposer les banlieues islamisées, sans doute.
Il y a aussi l’extrême gauche, dont la mollesse n’a d’égale que sa rigidité à l’égard de l’État juif. Je l’ai décrite par le menu lors de ma précédente chronique. Cette semaine, M. Mélenchon se sera surpassé dans l’art du comique troupier. Après avoir, il y a peu, comparé Rima Hassan à Victor Hugo, voilà qu’il tient le bombardement américain contre les sites nucléaires pour «un crime contre l’humanité». On se demande, à ce stade d’inversion des valeurs, si le crime commis par Trump contre la bombe des mollahs ne serait pas supérieur à celui causé aux habitants d’Hiroshima par l’un de ses prédécesseurs.
L’«anti-israélisme» maladif des Insoumis, je l’ai déjà écrit, n’est qu’un épiphénomène pathogène de leur anti-occidentalisme, soumis à l’islamisme autant par intérêt que par conviction masochiste. C’est sous ce prisme idéologique qu’il faut enfin questionner la mollesse médiatique de la gauche encore en majesté. Celle-ci déroule inlassablement son discours autour du concept de droit international à sens inique.
Les attaques israéliennes contre la République islamique atomique se caractériseraient, selon elle, par une violation intolérable de celui-ci. Mais toutes les initiatives antérieures de l’Iran des mollahs — notamment son assistance aux organisations classées terroristes, du Hamas au Hezbollah, pour assassiner les civils de l’entité sioniste promise à être éradiquée comme une « tumeur cancéreuse » — n’avaient pas heurté violemment leurs esprits de fins juristes, ni leurs principes médicaux.
Et je n’évoque pas la prise d’otages, notamment français, par la dictature iranienne, qui ne paraît pas non plus caractérisée par un légalisme excessif. Je ne prendrai qu’un exemple parmi cent.
L’audiovisuel public n’est pas en reste de mollesse envers les mollahs. C’est ainsi que les « spécialistes » pratiquent à l’unisson la culture du droit international à sens inique. Et que les seuls Iraniens que l’auditeur attentif de France Info — qui signe cette chronique — a pu entendre étaient bien moins dans la réprobation de la dictature islamique que dans celle de ses petits et grands adversaires sataniques. Ce qui est difficile à trouver — et n’est pas le cas de tous les autres médias privés d’information.
Il arrive pourtant que la guerre contre les méchants soit le pire des remèdes… à l’exception de tous les autres. Sauf aux yeux des mauvais apothicaires, lorsqu’ils sont tendres avec ces méchants.