« Victoire écrasante » ou erreur « amère et déchirante » ?

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Cessez-le-feu sous tension

Israël divisé sur le cessez-le-feu avec l’Iran
Le cessez-le-feu annoncé entre Israël et l’Iran, sous médiation américaine, suscite de vives réactions dans la classe politique israélienne. Alors que certains y voient une victoire stratégique majeure, d’autres dénoncent une erreur grave qui laisse intactes les menaces sécuritaires. Les tirs de missiles iraniens sur le nord d’Israël, survenus peu de temps après l’entrée en vigueur de l’accord, n’ont fait qu’intensifier le débat.

Un cessez-le-feu compromis par l’Iran

Conclu mardi matin grâce à l’intervention diplomatique des États-Unis, l’accord de cessez-le-feu devait marquer une désescalade dans les tensions militaires entre Israël et la République islamique d’Iran. Mais à peine quelques heures après son entrée en vigueur, un missile iranien était tiré vers le nord d’Israël, remettant en question la solidité de l’accord.

Le bilan humain n’a pas tardé à alourdir le contexte : cinq personnes ont perdu la vie à Beersheba dans les dernières heures avant l’application de la trêve. Cet épisode tragique a profondément marqué l’opinion et les responsables israéliens.

 

Des réactions politiques contrastées

 

Pour Bezalel Smotrich, ministre des Finances, malgré la douleur causée par les pertes humaines, Israël sort victorieux. Dans un message empreint de gravité, il a salué une « victoire écrasante » face à l’Iran, affirmant que Tsahal avait neutralisé une menace existentielle et infligé de lourdes pertes au régime de Téhéran, en frappant des dizaines de cibles dans la capitale iranienne.

À l’opposé, Avigdor Liberman, chef du parti Israël Beiteinu, a vivement critiqué l’accord. Selon lui, seule une reddition totale de l’Iran aurait été acceptable. Il considère que l’Iran ne renoncera ni à l’enrichissement de l’uranium, ni au développement de missiles balistiques, ni à son soutien aux mouvements terroristes. Pour Liberman, entrer dans une phase de négociations avec un régime déterminé à conserver son influence régionale est une erreur stratégique.

Yair Golan, figure du camp démocrate israélien, adopte une position plus nuancée. S’il reconnaît que le cessez-le-feu est un motif de soulagement, il appelle néanmoins à un examen rigoureux de ses termes. Il insiste sur la nécessité de s’assurer que l’accord bloque effectivement l’accès de l’Iran à l’arme nucléaire, et que des mécanismes de sanctions soient prévus en cas de nouvelle violation.

 

La question de Gaza relancée

 

Ce cessez-le-feu avec l’Iran a également ravivé les débats autour de la situation à Gaza. Le chef de l’opposition Yair Lapid a exhorté le gouvernement à profiter de cette « fenêtre historique » pour engager un processus similaire avec le Hamas. Pour lui, la trêve actuelle doit permettre de ramener les otages et de poser les bases d’une reconstruction durable.

Un message repris par le Forum des otages et des familles disparues, qui a publié un communiqué appelant à ne pas laisser passer cette opportunité. « Si nous sommes capables de conclure un cessez-le-feu avec l’Iran, nous devons pouvoir en faire autant avec Gaza », déclare le groupe. À leurs yeux, ne pas utiliser cet élan diplomatique pour obtenir la libération des otages serait une faute politique majeure.

Une paix fragile et contestée
L’épisode démontre à quel point la situation reste instable. Alors que des efforts diplomatiques majeurs ont été engagés pour désamorcer un conflit à grande échelle, les tensions ne sont qu’en apparence apaisées. Les divergences profondes entre les responsables israéliens reflètent une inquiétude partagée : celle d’un cessez-le-feu précaire, conclu dans l’urgence, sans garanties solides sur la suite.

 

Entre revendications de victoire, critiques acerbes et appels à l’élargissement de la paix à Gaza, Israël se trouve à la croisée des chemins. L’accord avec l’Iran, censé ouvrir une période de calme, pourrait n’être qu’une parenthèse dans un conflit plus large où la méfiance reste omniprésente.

 

Jforum.fr

1 Commentaire

  1. « un cessez-le-feu précaire, conclu dans l’urgence, sans garanties solides sur la suite. »
    La seule garantie pour la suite, c’est la reddition du vaincu.
    Y a-t-il un vaincu ?

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