Yemen : mission annulée, puis victorieuse

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Une opération militaire israélienne contre les dirigeants de l’organisation houthie au Yémen a connu un rebondissement spectaculaire, illustrant pleinement la nature périlleuse des frappes ciblées. Peu avant de lancer leur attaque, les pilotes israéliens ont reçu l’ordre de suspendre leur mission, les contraignant à rester en vol au-dessus du Yémen pendant plus d’une heure. Cette attente a été marquée par un ballet aérien incertain, alors que l’identité exacte de la cible n’était pas confirmée.

Déjà sur la route du retour, alors que l’opération semblait annulée, un changement décisif est intervenu : des éléments de renseignement cruciaux sont parvenus aux commandants du vol. Informés que la réunion du gouvernement houthi se déroulait bien comme prévu, les pilotes ont immédiatement opéré un demi-tour. Quinze minutes suffirent pour revenir sur le site, larguer leurs munitions et mener à bien la frappe. Selon les bilans, le Premier ministre houthi Ahmed al-Rahawi et neuf autres ministres ont péri dans l’attaque, considérée comme un succès stratégique.

Cette action s’inscrit dans une stratégie plus large frappes israéliennes au Yémen depuis le début de l’année, motivée par les attaques répétées du groupe houthi contre Israël et le transport maritime dans la mer Rouge. En mai dernier, une première salve de bombardements a frappé l’infrastructure portuaire et aéroportuaire, notamment l’aéroport international de Sanaa, perçu comme un relais logistique des rebelles.

Le 28 août, l’opération codée « Lucky Drop » a conduit à une nouvelle frappe décapitative, visant les hauts responsables réunis dans un complexe près de Sanaa. Le Premier ministre Ahmed al-Rahawi, le ministre de la Défense Mohamed al-Atifi ainsi que le chef d’état-major houthi figuraient parmi les victimes présumées. Israël a rapidement confirmé que douze hauts responsables avaient été éliminés. Toutefois, le sort exact du chef d’état-major et de certains ministres reste incertain, certains médias évoquant des blessures graves plutôt que des décès.

La riposte des Houthis ne s’est pas fait attendre : leur discours, relayé par les médias locaux, menaçait Tel Aviv et soulignait que les bureaux de dirigeants israéliens ne seraient bientôt plus à l’abri. En parallèle, des missiles ont visé un navire de commerce israélien dans la mer Rouge — sans succès —, et des arrestations de personnel des Nations Unies ont eu lieu dans les zones sous contrôle houthi, aggravant l’isolement diplomatique de Sanaa.

Cette série de frappes traduit une nette évolution dans la doctrine militaire israélienne : après avoir visé les infrastructures du groupe armé, son appareil a recentré ses efforts sur la neutralisation de ses cadres dirigeant. Le décès du premier ministre houthi représente un coup sans précédent, le plus élevé au sein de la hiérarchie jamais atteint par Israël, consciente de l’importance de briser la chaîne de commandement.

L’action démontre aussi l’efficacité de l’intelligence en temps réel — dont la rapidité a permis à l’armée de renverser la décision d’annulation en vol et de frapper dans une fenêtre extrêmement étroite. Ce type d’opération souligne la complexité croissante de la guerre moderne, où chaque seconde compte et où la précision est vitale.

Jforum.fr

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