Cette année, les marronniers de décembre sont en fleurs

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Botanique médiatique

Le marronnier est un arbre de la famille des Hippocastanaceae, qui donne des fruits immangeables. Eh oui, comme la politique, la botanique arbore une novlangue trompeuse qui remplace la châtaigne comestible par son cousin le marron, comme les médias français remplacent la liberté par la presse Canada-dry.

Justement, en journalisme dans le texte, un marronnier est un sujet dont la récurrence rend la mention obligatoire, alors que la fréquence en fait un exercice indigeste : la fête des mères en mai, les embouteillages en juillet-août, les résolutions de l’ONU contre Israël en novembre-décembre.

Les soutiers de la presse, qui se coltinent, chaque année, un pensum original sur un événement strictement identique au précédent, méritent la médaille de l’endurance, à défaut du Prix Pulitzer.

Le cru 2020 est généreux

En 72 ans, depuis la déclaration d’indépendance de l’État d’Israël, l’Assemblée Générale des Nations-Unies a adopté 181 résolutions contre ce pays et le record de son Conseil de sécurité culmine à 225 (Wikipédia).

Rappelons que pendant cette période, l’État juif a été attaqué lors de 5 guerres par des coalitions d’armées ennemies, dont l’objectif officiel était son annihilation et qu’il doit sa survie au fait de les avoir toutes vaincues.

Pour offrir un point de comparaison… incomparable, pendant toujours les mêmes années, 11 (onze) résolutions du conseil de sécurité ont été adoptées contre l’Iran (Wikipédia), qui revendique officiellement, chaque année, de mettre au point une bombe atomique pour détruire Israël1 et les États-Unis2.

Alors le cru ONU 2020 ne se distingue pas fondamentalement de ses aînés, sauf que la résolution qui condamnait rituellement l’État juif à propos de son attitude dans sa capitale millénaire, n’est passée, cette année que par 147 voix contre 10, avec 16 abstentions, alors que le score de 2019 était de 159 voix pour, 9 contre et 13 abstentions.

Fichtre ! « Seulement 147 contre 10 » au lieu de 157 contre 9, un miracle de ‘Hannoucca ?

Non, juste une remarque sémantique de la part du Brésil, pays catholique, dont le représentant a fait valoir qu’appeler « site musulman al-Haram al-Sharif » le plurimillénaire mont du Temple, c’était pousser le bouchon de l’impérialisme un peu loin. La résolution a quand même été adoptée, avec onze autres textes anti-israéliens : « La quatrième commission approuve 12 projets de résolution sur les pratiques israéliennes dans les terres arabes occupées, et les réfugiés de Palestine, tout en continuant le débat général conjoint 3. »

Quid des félicitations ?

En 2020, Israël a signé quatre traités de paix, avec les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc. Il a également normalisé ses relations avec le Bhoutan (l’Orient le Jour), ce qui porte à 53 le nombre de relations officielles qu’entretient ce petit royaume bouddhiste de 800.000 âmes, situé à l’est de l’Himalaya, limitrophe de l’Inde et du Tibet.

De plus, depuis la fin des années 1990, Israël a renoué des relations officielles avec 39 pays subsahariens. Ils ont ensemble des relations économiques et commerciales, des contacts culturels et universitaires, de nombreux projets conjoints dans les domaines de l’agriculture et de l’assistance médicale, des programmes de formation professionnelle et, en cas de besoin, Israël envoie de l’aide humanitaire.

Mais l’ONU ne délivre pas de satisfecit : elle se consacre exclusivement aux reproches. Les félicitations, c’est le comité Nobel qui s’en occupe.

Parmi ses réussites flagrantes, il a attribué celui de la Paix 2009 à Barack Obama à son entrée en fonction. C’était habile car, dès le lendemain, il aurait été trop tard. En effet, une fois en place et donc en position de pouvoir agir à la tête de la plus grande puissance mondiale, il a montré son peu de goût pour la paix. Il est donc logique que son bilan pacifique soit strictement négatif.

Il est le seul Président d’un État ni musulman ni communiste, à avoir aidé activement l’Iran en lui ouvrant des perspectives financières et diplomatiques inespérées pour son projet d’obtention de l’arme atomique.

Au départ de la Maison-Blanche du premier Président noir des États-Unis, le New York Times, obamaniaque revendiqué, s’est résolu à le décrire comme le « seul président de l’histoire américaine à avoir servi deux mandats complets avec la nation en guerre (New York Times). »

Parmi ceux qui l’auraient objectivement mérité, on est sûr que les héros de 2020 échapperont également au Nobel de la Paix.

Objectivement ? Oui : il y a un critère objectif qui permet de savoir si quelqu’un a œuvré de façon significative pour la paix ou pas, c’est de compter les accords de paix qu’il a initiés ou signés.

Que le récipiendaire soit, en dehors de son action, un goujat ou un malotru n’enlève rien à son mérite. En revanche, rien ne permet de supposer qu’un président élu, au motif qu’il est le premier de sa couleur à occuper ce poste, fera avancer la cause de la paix. D’ailleurs on a constaté l’inverse.

White candidates don’t matter

Dans la catégorie « détestéééés, conspuéééés », les statuts du Nobel de la Paix qualifient Donald Trump et Benjamin Netanyahou, respectivement instigateur des Accords Abraham et signataire d’iceux, pour figurer parmi les candidats au prochain Prix.

À résultats égaux, le jury peut finalement décider de leur préférer d’autres postulants, mais y a-t-il eu, en 2020, d’autres individus à l’origine d’une signature de traité de paix, a fortiori de quatre d’affilée ?

Dans les faits, la suggestion de leur nomination par diverses personnalités dans le monde a immédiatement disqualifié ces personnalités sous l’opprobre « d’extrême-droite ».

Cette dénomination injurieuse ne fait ni chaud ni froid à Lord David Trimble, ancien Premier ministre d’Irlande du Nord, Nobel de la paix 1998, qui a soumis, fin novembre, la candidature de Benjamin Netanyahou et du prince héritier émirati Mohammed ben Zayed Al Nahyane : sa Seigneurie n’a aucune prétention… et aucun intérêt à se faire passer pour un indigéniste multicul !

Le jury du Nobel est resté coi (quoi ?), mais des rires convenus ont été entendus chez les leaders d’opinion du troisième millénaire, autrement dit la haute fonction publicomique de Radio-France : une proposition aussi saugrenue que de récompenser, pour quelque action que ce soit, un hétéro blanc de droite ne pouvait être qu’une galéjade.

Israël directeur du casting entre gentils et méchants

Si un dire, un faire ou un faire-savoir fustige l’État juif, il peut aller prendre place dans le camp des gentils. S’il mentionne un point qui est positif pour Israël, il n’a plus qu’à aller se tapir dans la caverne des méchants.

C’est ainsi que lorsque l’État hébreu et le Maroc ont signé un accord historique, le premier ministre israélien a parlé de « paix très chaleureuse ».

Quant au souverain chérifien, il s’est doublement distancié de la race humaine en déclarant :

« J’ai toujours cru en cette paix, et maintenant cela se passe sous nos yeux. Je tiens à remercier le président Trump pour ses efforts extraordinaires pour étendre la paix afin de ramener la paix en Israël et au Moyen-Orient. » (Times of Israel)

D’ailleurs s’il était besoin d’une preuve, le fait que le quotidien de la Bien-Pensance, alias Le Monde, ait relégué l’information à la rubrique Afrique, sous un titre plein de guillemets dédaigneux citant Trump et un « deal », mais pas de paix, en constituerait une irréfragable.

La Suisse a vendu la mèche

Dans un article de Tagblatt sur la candidature helvétique au Conseil de Sécurité, Othmar von Matt observe que son pays s’abstient dès qu’il faut prendre une position non majoritaire, même lorsqu’il s’agit de voter un pacte qu’il a initié. Quand « des pays misogynes comme l’Iran, l’Arabie saoudite, la Biélorussie et le Pakistan condamnent l’État d’Israël par résolution pour avoir prétendument violé les droits des femmes », itou.

Et le journaliste de noter qu’il s’agit de la seule attitude réalpolitique qui permettra à son pays de réussir là où le Canada a échoué :

« Le Canada est depuis longtemps considéré comme un ami d’Israël. Lorsqu’il s’est présenté au Conseil de sécurité, il a soudainement critiqué Israël. Le changement de cap transparent n’a pas aidé. Aucun pays ne peut ignorer la phalange des opposants d’Israël à l’ONU. Ce sont les États musulmans et les États douteux d’autres parties du monde. Le ministre des Affaires étrangères Cassis l’a admis lorsque le Parlement a discuté de l’abolition du point 7 de l’ordre du jour au Conseil des droits de l’homme des Nations unies : ‘’Un engagement de la Suisse à abolir le point 7 de l’ordre du jour nous isolerait dans de grands cercles.’’ Le point à l’ordre du jour dit : La situation des droits de l’homme en Palestine doit être débattue à chaque session. »

Les palestinolâtres sont plus royalistes que les rois régnants

Le roi du Maroc, musulman, celui du Bhoutan, bouddhiste, le roi de Bahreïn, musulman comme les quatre monarques, l’Émir et les deux présidents des sept Émirats arabes unis et comme le leader soudanais, ont tous été touchés par la grâce du principe de réalité. Ce n’est pas le cas dans les démocraties occidentales, où l’on se cramponne à la surface des choses, où l’on se contente de sentiments et d’images et où la réalité reste soigneusement enterrée, avec la raison et la réflexion, sous une épaisse couche de déni.

C’est pourquoi les Européens, en particulier, sont accrochés à leurs mantras inopérants : « la paix entre Israël et les Palestiniens est la condition sine qua non de toute paix sur la planète » ; « toute politique arabe doit concerner en priorité les Palestiniens », etc.

Les traités de paix successifs entre différents États du Moyen-Orient et « l’entité sioniste », comme disent ceux à qui le nom des fils d’Israël écorche les lèvres, démontrent abondamment que ces axiomes sont jugés caducs par les acteurs sur le terrain.

Plutôt que de suivre le mouvement, nos chancelleries font la fine bouche et snobent ce résultat, pour lequel ils prétendent œuvrer depuis 1967 et les 3 NON de Khartoum (Wikipédia). À cette date, l’Égypte, la Syrie, la Jordanie, le Liban, l’Irak, le Maroc, l’Algérie, le Koweït et le Soudan signaient une déclaration stipulant : non à la paix avec Israël, non à la reconnaissance d’Israël et non à toute négociation avec Israël. Aujourd’hui, quatre de ces neuf pays ont choisi de s’allier à la seule démocratie du Moyen-Orient afin de contrer l’impérialisme de la République islamique d’Iran.

S’il ne reste qu’un pays obsolète accroché à ses œillères du temps jadis, nous serons celui-là : le même qui aura aussi raté tous les autres trains du progrès.

Liliane Messika, MABATIM.INFO

1 « La destruction d’Israël ‘’n’est plus un rêve mais un but à portée de main’’, a déclaré lundi 30 septembre le général de division Hossein Salami, commandant en chef des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique d’Iran. » (le Figaro)
2 « ‘Marg bar Amrika’ (« Mort à l’Amérique »), un slogan inscrit sur la devanture de l’ancienne ambassade américaine de Téhéran et toujours utilisé quarante ans après la révolution » (l’Orient le Jour)
3 Assemblée Générale de l’ONU, 4 comité, 75 session, 9 réunion, GA/SPD/724, 4 novembre 2020 – https://www.un.org/press/en/2020/gaspd724.doc.htm

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