Condamné à mort pour « insulte à l’Islam »

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Sina Dehghan, 21 ans, a été condamné à mort pour avoir « insulté l’islam. En Iran, on ne compte plus les gens qui, comme lui, sont quotidiennement emprisonnés, torturés ou condamnés à mort pour avoir « insulté l’islam », « insulté le prophète », « insulté le Leader suprême ». La liste est interminable. (Image source: Center for Human Rights in Iran)

 

par Majid Rafizadeh – Gatestone

Peut-on imaginer de faire une plaisanterie et d’encourir ensuite la peine de mort ?

« Au cours de son interrogatoire, Sina a été informé qu’il serait pardonné et relâché, s’il signait une confession et se repentait », a déclaré un représentant du Centre pour les droits de l’homme en Iran (CHRI) le 21 mars 2017. Malheureusement, il n’a pas réfléchi et a endossé les accusations. Il ne leur restait plus qu’à le condamner à mort. « Plus tard, il a admis avoir signé la confession dans l’espoir d’être libéré », a déclaré le même représentant du CHRI. « Apparemment, les autorités lui ont également demandé de se confesser devant une caméra ». – Centre pour les droits de l’homme en Iran (CHRI).

Quand les islamistes prennent le pouvoir, ils créent immédiatement leur propre « système judiciaire » afin de « légitimer » la mise en œuvre de la charia. Ce système judiciaire sert moins à traduire les gens en justice qu’à réprimer la liberté d’expression et la presse.

Pour les islamistes radicaux, l’islam n’est pas une religion à laquelle il est librement permis d’adhérer ; c’est une arme extrêmement puissante. En raison de ses potentialités manipulatrices, l’islam permet de contrôler des populations entières. Sous son joug féroce, chaque aspect de la vie quotidienne est dicté. Tout y est prescrit, les vêtements que vous portez, ce que vous mangez, ce que vous dites et ce que vous écrivez. Chaque infraction entraine des punitions extrêmes. Pouvez-vous imaginer de faire une plaisanterie et d’encourir ensuite la peine de mort ? Savez-vous ce que c’est que de vivre avec la peur constante de heurter un interdit, de prononcer des mots tabous qui vous le savez, ont conduit d’autres personnes à être battues, lapidées ou tuées dans la rue ?

Sina Dehghan, aujourd’hui âgé de 21 ans, par exemple, a été arrêté par le Corps des Gardiens de la révolution (IRGC) quand il avait 19 ans pour «insulte à l’islam ». Il est officiellement accusé d’avoir insulté le Prophète Mahomet sur l’application de messagerie LINE.

Selon le Centre pour les droits de l’homme en Iran (CHRI) : « Au cours de son interrogatoire, Sina a été informé qu’il serait pardonné et relâché, s’il signait une confession et se repentait », a déclaré un représentant du Centre pour les droits de l’homme en Iran (CHRI) le 21 mars 2017. « Malheureusement, il n’a pas réfléchi et a endossé les accusations. Ils n’ont plus eu ensuite qu’à le condamner à mort. « Plus tard, il a admis avoir signé la confession dans l’espoir d’être libéré », a déclaré le même représentant du CHRI. « Apparemment, les autorités lui ont également demandé de se confesser devant une caméra ».

Une telle peine parait confiner à la folie, mais elle relève d’un modèle froid et calculé. Quand les islamistes prennent le pouvoir, ils créent immédiatement leur propre « système judiciaire » afin de « légitimer » la mise en œuvre de la charia. Ce système judiciaire sert moins à traduire les gens en justice qu’à réprimer la liberté d’expression et la presse. Une fois le silence obtenu, ils peuvent opprimer le reste de la société, tuer dans l’œuf toute opposition, emprisonner et torturer des personnes innocentes et condamner à mort des milliers d’ « opposants ».

Les jeunes idéalistes et rebelles ainsi emprisonnés, torturés et pendus, servent d’exemple. Les politiciens au pouvoir et le système judiciaire islamiste informent ainsi des millions de personnes qu’ils ne toléreront aucune opposition à leur pouvoir religieux ou politique.

Les groupes islamistes radicaux ont utilisé la même tactique dans d’autres pays : la peur et la terreur pour faire taire les gens et les asservir. Une fois au pouvoir, ils montrent qu’ils ne reculeront devant rien pour le conserver.

Pour les islamistes, la liberté d’expression et la liberté de la presse relèvent d’Allah. La seule attitude possible est de garder le silence, d’obéir et de suivre votre chef religieux, l’imam ou le cheikh selon les règles du velayat-e faqih (« gouvernement du clerc »).

Comme le Centre pour les droits de l’homme en Iran le souligne : « Les services de sécurité et les magistrats ont expliqué aux parents de Sina qu’ils auraient une meilleure chance d’obtenir sa libération s’ils se taisaient et refusaient de parler aux médias », a ajouté le porte-parole du CHRI. « Malheureusement, la famille s’est laissée influencer et a cessé de partager des informations sur son cas tout en décourageant d’autres personnes de le faire ». « Sina ne se sent pas bien », a poursuivi cet informateur. « Il est déprimé et pleure en permanence. Il partage sa cellule avec des trafiquants de drogue et des meurtriers qui lui ont brisé la mâchoire il y a peu ».

Pour les islamistes au pouvoir, peu importe que vous ayez été loyal toute votre vie. Au premier signe de rébellion, vous devez être éliminé. Comme l’indique le CHRI qui citait un témoin : « Il avait 19 ans (à l’époque de son arrestation) et n’avait jamais rien fait de mal dans sa vie ».

L’un des co-accusés de Sina Dehghan, Mohammad Nouri, a également été condamné à mort pour des commentaires anti-islamiques sur les réseaux sociaux. Un autre, Sahar Eliasi, a été condamné à sept ans d’emprisonnement, mais sa peine a été commuée à trois ans.

Que signifie « anti-islamique » dans un système judiciaire islamiste ? Ainsi, on pourrait croire que la peine de mort n’est prononcée que pour les délits les plus graves d’une échelle des infractions parfaitement constituée. Mais il n’en est rien. Pour les islamistes, le terme « anti-islamique » est ambigu et subjectif. Tout élément qui heurte leur vision du monde ou leur pouvoir peut être jugé « anti islamique ». Une remarque en apparence innocente, et le cours d’une vie bascule.

Comment une clique aussi violente et oppressive peut-elle se maintenir au pouvoir ? Par la manipulation, le charme et d’innombrables fausses promesses.

Certains islamistes radicaux, conquièrent le pouvoir en promettant l’égalité, la justice, la paix et une existence meilleure. Ils font appel aux jeunes, à la tradition et à l’espoir. Mais une fois au pouvoir, l’étau se resserre sur toutes les libertés susceptibles de plaire au peuple – notamment la liberté de parole.

Une fois l’islam radical au pouvoir et son système judiciaire en place – ou une fois la charia intégrée au système juridique existant – plus personne n’est en position de critiquer le gouvernement ou l’establishment politique. Dans un ordre social régi par l’islam radical, le gouvernement est l’islam ; le gouvernement est le représentant d’Allah et du Prophète Mahomet. Les politiciens qui font les lois ont le rang de figures « divines » ou nommées par Dieu. Nul, ni rien ne peut leur être opposé.

On ne compte plus les Sina Dehghan actuellement emprisonnés, torturés ou en attente d’une exécution pour « insulte à l’islam », « insulte au prophète », « insulte au chef suprême » – les accusations de ce type varient à l’infini. Le problème est que nous ne devons pas entendre parler d’eux. Certains médias refusent d’informer afin de ne pas courroucer la République islamique d’Iran – une preuve supplémentaire de son pouvoir de coercition. Mais en réalité, la seule façon de réduire cette oppression et les innombrables violences qui en découlent – est d’attirer l’attention sur les violations des droits de l’homme menées sous la bannière islamique de la « légitimité » religieuse et de l’ « authenticité ».

Ce type de tyrannie est un danger, non seulement pour ceux qui l’endurent, mais pour le reste de l’humanité.

Le Dr. Majid Rafizadeh, spécialiste de sciences politiques et chercheur à Harvard est président de l’International American Council on the Middle East.

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