Contre Israël ? Comment l’antisionisme est devenu le nouvel antisémitisme

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Par Albert Naccache – recension de Jacques Bellinouche

Albert Naccache nous a habitués à des ouvrages très fouillés, très référencés et surtout très complets. Le thème de l’antisémitisme est certes galvaudé mais, chez lui, il prend une autre dimension quand il est associé à l’antisionisme. En fait, depuis quelques années, la frontière est devenue poreuse pour viser les Juifs à travers les Israéliens. Comme il l’écrit lui-même : « Cette étude est une œuvre personnelle, bâtie en utilisant les matériaux d’origine, plutôt que de les paraphraser ou de les interpréter, au risque de les dénaturer».

On l’aura compris, il ne s’agit pas de supputations mais d’éléments tangibles constitués de citations, d’articles de presse, et de déclarations officielles qui ne laissent aucun doute sur la volonté de nuire de certains médias ou organisations suspectes. Cependant, paradoxalement, les attaques ne viennent pas uniquement des milieux islamistes ou palestiniens mais aussi des militants d’extrême-gauche, souvent même juifs. Elles sont résumées dans cette affirmation «quelqu’un qui hait Israël parce que c’est un État juif est antisémite».

Albert Naccache reprend l’Histoire depuis les Juifs de Cana’an jusqu’au sionisme naissant pour tenter de définir les notions de base de l’identité juive et comprendre le cheminement qui a mené à l’antisémitisme. Pour les profanes, il estime nécessaire d’expliciter les notions triviales de juif et de sémite pour mieux aborder dans le détail la situation des Juifs modernes et la création de l’État d’Israël.

Il constate ensuite que les Français, non seulement les Arabes et les Musulmans, aussi bien les jeunes que les intellectuels, ont «idéalisé la cause palestinienne» alors que «les Palestiniens ont fait de la lutte armée contre Israël un choix stratégique». Mais pour connaitre la nature de l’antisémitisme contemporain il remonte à la source, à savoir celui de l’extrême-droite.

Le sionisme, qui avait pour objectif de créer un État pour les Juifs, a été dénaturé par les antisionistes qui n’exprimaient plus une idée philosophique et qui se sont engagés dans un combat pour détruire Israël. Mais, dans une certaine déconvenue, il met l’accent sur tous ces Juifs antisionistes qui soutiennent le combat des Palestiniens : Edgar Morin, Pierre Vidal-Naquet, Georges Adda, Michèle Sibony, Sylvain Cypel, Piotr Smolar, Rony Brauman, Schlomo Sand et beaucoup d’autres, dont il cite les déclarations et les écrits systématiquement contre Israël sans comprendre l’absence de solidarité juive face à un peuple qui a connu les pires massacres.

Albert Naccache décrit ensuite le processus à plusieurs étapes des organisations antisionistes dont la stratégie est de désinformer avec en tête l’AFP, de diaboliser l’État et l’armée en donnant une forte connotation négative pour susciter une réaction de rejet, de délégitimer et enfin de détruire. Il démontre, par les prises de position et les articles de journalistes et d’intellectuels, que l’antisionisme est «l’habit neuf de l’antisémitisme car il refuse aux Juifs le droit à un État».

Enfin avec la résolution Maillard votée par le Parlement, «le nouvel antisémitisme est inscrit dans la loi», et la preuve est faite de l’existence d’un lobby qui s’est montré actif à plusieurs occasions et qui n’œuvre pas pour la Palestine mais contre Israël.

L’auteur conclue son épais ouvrage par une citation du pamphlet de Pascal Boniface : «En critiquant Israël, on prend le risque d’être accusé d’antisémitisme, par une confusion volontaire et perverse entre critique d’un gouvernement et critique d’un peuple».  Dans ce pavé de 350 pages, dans cette mine d’informations, tout est expliqué, tout est justifié, tout est souligné, tout est démontré mais tout est désolant. Il s’agit d’un ouvrage de référence qui permet de répondre aux questions les plus ardues sur les Juifs et le sionisme et de prouver que l’antisémitisme et l’antisionisme ne sont pas de vains mots.

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