Gaza : l’ONU se réveillerait-elle ?

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Marc – JForum

Gaza :  l’ONU se réveillerait-elle ?

Par Michèle Mazel

 

Il y a plus de de trois mois que la frontière internationalement reconnue entre la Bande de Gaza et Israël est le théâtre de violentes émeutes marquées par des tentatives répétées de détruire la barrière de sécurité. Des tentatives présentées initialement par une   bienveillante presse internationale  comme de paisibles démonstrations au cours desquels une foule bon enfant venait  protester contre une occupation – purement imaginaire, Israël s’étant intégralement retiré de Gaza en 2005 – et amorcer une pacifique « marche du retour » pour déferler à l’intérieur de l’Etat juif. Une situation inédite pour l’armée israélienne. Il n’était pas concevable de laisser des dizaines de milliers de Gazaouis détruire la barrière et envahir le pays mais comment les arrêter ? En dernière analyse il a fallu ouvrir le feu.

Selon le Hamas, il y a eu une centaine de morts. La condamnation internationale a été immédiate et unanime. On a parlé de riposte disproportionnée, de « massacre » terme peu usité qui ne s’applique pas aux victimes des bombardements en Syrie qui se comptent par dizaines sinon centaines de milliers. Israël a été appelé « à la retenue. » Evidemment personne ne s’est demandé combien de morts il y aurait eu en Israël si des militants surexcités et hurlant « Allah Akhbar » avaient réussi à pénétrer dans les kibboutzim situés à quelques dizaines de mètres de la frontière.

Quoi qu’il en soit, le message est passé et l’intensité des manifestations a considérablement diminué et avec elle le nombre de victimes.  Le Hamas a trouvé une autre méthode, moins dangereuse pour ses militants et autrement dommageable pour Israël : le feu.

Une nouvelle fois l’armée israélienne s’est trouvée devant un choix difficile. Tirer sur un enfant, une femme ou un homme désarmé qui s’apprête à lancer un cerf-volant  ou un ballon gonflé à l’Hélium ? Le laisser faire et voir de nouveaux hectares partir en fumée ?  Curieusement, les médias occidentaux gardaient un silence aussi prudent que tonitruant. Pas le plus petit mot de condamnation et bien entendu aucun appel à la retenue adressé au Hamas.

Pendant ce temps Assad et Poutine continuaient tranquillement à aplanir des quartiers entiers sous des tapis de bombes. Israël quant à lui cherchait désespérément  à trouver une riposte technologique n’entrainant pas mort d’homme. Sans grand succès. Devant la catastrophe économique et écologique qui se dessinait pour le sud du pays, le gouvernement s’est décidé à employer les grands moyens.

Dans un premier temps il a ordonné la fermeture du poste frontière de Kerem Shalom par lequel transite l’approvisionnement de la bande de Gaza, ne laissant passer que médicaments, nourriture et pétrole. Parce que malgré ce « blocus » dont parlent les médias, en temps normal un millier de camions transitent chaque jour par ce poste, alimentant les Gazaouis en pétrole, en ciment, en acier et autres matériaux de construction ainsi qu’en biens de consommation courante. Le Hamas s’en étrangle d’indignation, parle de « crime contre l’humanité » et semble avoir oublié que ses propres militants avaient eux-mêmes mis le feu au terminal situé côté palestinien, entrainant sa fermeture pendant plusieurs jours. Et les médias ? Que disent les médias ? Pourquoi ne les entendons pas ?

Serait-ce le Mondial de football ? Les petits footballeurs thaïlandais ?  Se seraient-ils lassés des gesticulations du Hamas ? Et qu’en est-il de Monsieur Mladenov, coordinateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen Orient ? A la grande indignation du Hamas, ne voilà-t-il pas que Nicholas Mladenov demande pour la première fois aux deux parties de faire un pas en arrière ! Pire, tout en réclamant la réouverture de Kerem Shalom, il affirme que « le Hamas et les autres factions palestiniennes devraient de leur côté maintenir le calme, arrêter les cerfs-volants incendiaires et prévenir d’autres provocations ! »

On se perd en conjectures sur ce qui a pu amener ce sensationnel revirement.

Par Michèle Mazel

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