Hachem : obtiens-moi une augmentation de 37% !

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Autour de la table de Chabbath n° 362  Paracha Vayichla’h

Je commence une nouvelle année d’écriture du feuillet et je tiens à remercier en particulier M. Philippe ‘Haïm Halfon pour son travail de relecture et ses annotations toujours appréciées. Que Hachem lui donne de la Berakha dans la parnassa et dans l’éducation des enfants et la bonne santé.

Notre paracha traite du retour de notre saint Patriarche Ya’akov avec sa famille en Terre sainte. Cependant en chemin, il fera une mauvaise rencontre avec son frère jumeau ‘Essav. En effet, la retrouvaille aurait dû être sanglante puisqu’Essav venait avec 400 hommes prêts à anéantir son campement. Mais, comme on le sait, Hachem ne laissera pas le Tsadik sans défense et pour s’y préparer, Ya’akov fera trois choses : il enverra des présents, priera et enfin se préparera à la guerre (Rachi 32.9). L’attitude de notre Patriarche sera une source d’inspiration pour la communauté dans les générations à venir. Que si au grand jamais, l’animosité de l’occident refaisait surface, la communauté saura toujours utilisé les dons et la prière pour juguler, dans la plupart des cas, le danger.

Ya’akov dira dans une courte prière : »Hachem, sauve-moi de mon frère, sauve-moi d’Essav ! » Rachi rapporte un court commentaire sur la redondance des expressions : « Mon frère… ‘Essav… » cela vient mettre l’accent sur le fait qu’Essav ne se comporte pas comme un frère, plein de miséricorde et de compatissance, mais comme un véritable ennemi.

Le Zohar (Vayichla’h 169) vient nous apprendre plus encore, un principe qui touche au monde de la prière. En effet, lorsqu’un homme sollicite la grâce Divine, il doit exprimer sa demande de la manière la plus exhaustive possible. De plus, il devra employer un langage approprié. Donc Ya’akov a désigné « Essav… mon frère » afin de ne pas confondre avec un autre quidam qui pourrait habiter le fin fond du Texas (qui s’appellerait aussi ‘Essav)…

De là, on aura compris qu’il faut être précis dans sa prière, comme par exemple : « S’Il te plait, Hachem fait en sorte que mon patron m’augmente ce mois de 37% afin de rembourser mes différents PV et ainsi finir mon crédit que j’ai pris il y a 22 ans pour ma maison… ».

Le rav Aharon Harrar de Bené Braq pose une question. La Guemara dans Berakhoth 34 enseigne : « Celui qui demande la grâce pour son ami dans sa prière n’a pas besoin de mentionner son identité « comme on le voit avec Moché Rabbénou qui, lorsqu’il demandera la guérison de sa sœur Myriam dira : »Je t’en prie Hachem « guéris-la, guéris-la ! » Or, Moché n’a pas mentionné le nom de sa sœur. Un commentaire sur ce court passage, le Yabets, explique que pour D’ tout est connu et dévoilé car Hachem connait parfaitement l’identité du malade (ce commentaire ne tient pas compte du passage du Zohar).

Seulement au niveau de la Halakha, les grands décisionnaires n’ont pas retenu cette dernière explication (du Yabets). Le Maguen Avraham (Or Ha’haim 119.1) explique que Moché n’a pas eu besoin de nommer sa sœur car à ce moment elle se tenait devant lui. Lorsque l’on prie en face de la personne, par exemple devant un malade, on n’aura pas besoin de mentionner son nom mais dans le cas contraire, on devra mentionner son nom (untel fils d’une telle…).

Mieux encore, le ‘Hatham Sofer écrit (dans ses ‘Hidouchim sur Nedarim 40) un grand ‘Hidouch (nouveauté). Au nom des Kabbalistes, il enseigne que lorsqu’on évoque le nom d’une personne dans sa prière cela peut éveiller, un tant soit peu, la rigueur de la justice Divine. (Peut-être que le simple fait de mentionner le nom d’une personne devant Hachem c’est le présenter devant les mondes supérieurs. Obligatoirement son cas sera examiné, des cieux, scrupuleusement…). Donc c’est peut-être une autre raison pour laquelle Ya’akov a mentionné, « ‘Essav, mon frère ». Puisque Ya’akov se préparait à la guerre contre ‘Essav, qui lui voulait tant de mal, il a évoqué son nom dans sa prière afin de l’affaiblir.

Mieux qu’un ange…

La nuit précédant la rencontre, Ya’akov prit toute sa famille et lui fit traverser un fleuve, le Yaboc, afin de la préserver au cas où ‘Essav les attaquerait. Le verset précise qu’il est alors revenu sur ses pas pour récupérer des petites fioles. C’est là que tout seul, Ya’akov se battra avec l’ange d’Essav qui avait une apparence humaine. La lutte dura toute la nuit, l’ange voyant qu’il ne pouvait le tuer, lui déboitera la hanche. A l’approche de l’aurore, Ya’akov lui demandera de le bénir. L’ange d’Essav lui dira que son nom sera dorénavant Israël car « Tu as vaincu l’ange de Hachem! ». (La racine du mot Israël c’est « Sar », c’est vaincre).

La Guemara explique que Ya’akov est revenu sur ses pas pour des petites fioles qu’il avait laissées. Explique la Guemara que l’argent des Tsadikim est précieux car l’homme-pieux fait attention de ne pas faire de vol. Le Mé’am Loéz explique quelque chose d’intéressant sur ces fioles. Elles contenaient quelque chose de précieux : de l’huile miraculeuse. En effet, lorsque Ya’akov est parti d’Erets Israël, il a oint l’autel des sacrifices, au moment où il a fait le rêve, et à son retour il a vu que la fiole s’est remplie à nouveau, par miracle. En voyant cela, Ya’akov a compris qu’il y avait là une bénédiction particulière. Mieux encore, un Midrach Reouvéni rapporte que cette petite fiole c’est le même flacon que les ‘Hachmonaim trouveront après la victoire sur les grecs et duquel ils allumeront le candélabre à ‘Hanouka. Formidable !

Pour finir on rapportera la question du rav El’hanan Wassermann zatsal (que son nom soit vengé) au sujet de la lutte avec l’ange. Il demande pourquoi l’ange d’Essav s’est attaqué à Ya’akov et pas à Avraham ou Yits’hak ? En effet, les Sages disent que cet ange c’est le Satan et le Yétser hara’. Donc, pourquoi a-t-il attendu le petit-fils et fils, Ya’akov, pour l’attaquer ? Le rav répond à l’aide d’une allégorie, qui est à l’image d’une guerre entre deux nations. La bataille peut être perdue, mais la guerre ne l’est toujours pas tout le temps où la nation ennemie garde courage. Seulement si l’adversaire parvient à s’approprier les garnisons d’armements ou les détruits, alors c’est certain, ce sera la capitulation, car sans armes, il n’y a plus rien à faire même avec les meilleurs motivations. De la même manière, explique le rav El’hanan, le Yétser hara’ fait TOUT pour s’attaquer à la Tora, car il sait que tant qu’un Juif étudie la Tora, alors il (le Yétser hara’) n’a aucun pouvoir contre lui. Et même s’il lui arrive de trébucher, car un homme reste un homme, la lumière de la Tora le fera revenir sur les bons « rails » ! Donc le Yétser hara’ s’est attaqué à Ya’akov car il a personnifié le Talmid ‘Hakham, le symbole de la Tora. Le Satan, en s’attaquant à Ya’akov, a voulu déstabiliser le Clall Israël pour qu’il étudie moins la Tora et qu’il tombe dans ses filets.

Le rav El’hanan rapporta les paroles de son maître, le ‘Hafets ‘Haim, « Le Yétser hara’ n’a rien à faire d’un Juif qui jeûne, pleure ou prie TOUTE LA JOURNEE » ! Mais il est prêt à tout pour l’empêcher d’étudier la Tora. Lorsque l’ange a finalement donné le coup à la hanche du Tsadik, rav El’hanan explique que son intention était de déstabiliser le Clall Israël dans les générations futures. Et ce, dans deux domaines. D’une part, le soutien à l’étude de la Tora (à l’image de la hanche qui est la base de la colonne vertébrale, à l’image des bienfaiteurs et sponsors des Collelim qui permettent à ce que les érudits s’adonnent à la Tora). C’est aussi ce qu’enseigne la Michna de Pirké Avoth (3 ; 21), « sans farine, il n’y a pas de Tora ». D’autre part, la hanche est le symbole des enfants (la progéniture). L’ange d’Essav s’attaque aux faits que les parents envoient leurs enfants au Talmud Tora.

Coin Halakha: l’ordre de l’allumage. On placera les bougies, jour après jour, de droite à gauche sur la ‘Hanoukia. Cependant, on allumera depuis la nouvelle bougie (que l’on a rajoutée, celle du jour) et on finira par allumer les autres bougies l’une après l’autre, de gauche à droite (Choul’han Aroukh 676.5). Il n’y a pas d’obligation de rester à côté de son allumage toute la demi-heure que brulent les flammes (au nom du rav Eliachiv zatsal)

L’obligation d’allumer les bougies est précisément dans sa maison (pour les touristes en déplacement, à l’hôtel où ils passent la nuit). Nécessairement, durant une visite de courtoisie, on ne pourra pas allumer dans la maison de son hôte (à moins d’y dormir la nuit). Donc, il faudra veiller à allumer chez soi au préalable, ou de revenir au plus tôt à la maison afin d’allumer tout le temps où il y a du passage dans la rue (particulièrement en Erets Israël où l’on allume à la fenêtre qui donne sur le domaine public).

Chabat Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut.

David Gold

Une bénédiction à Eric Konqui et à son épouse (Paris) ainsi qu’à la famille et une Berakha dans l’éducation des enfants dans la Tora et les Mitsvoth.

Une bénédiction de santé et de joie à M. Wolf (Elad) et à son épouse ainsi qu’à toute leur descendance.

Une prière pour la guérison du rav Avraham Yechaïou Ben Yehoudit (Feinn) éminent Talmid ‘Hakham de Jérusalem (Yechivath HaRan à Ramot et à Modïin Elit) parmi les malades du peuple juif.

Je tiens à remercier ma mère Sima bat Devora pour tout son travail de diffusion et de relecture du feuillet. Que Hachem Lui octroie une longue vie dans la santé et la bénédiction de voir sa descendance dans la Tora et les Mitsvoth

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