En Hollande, les nazis avaient construit un camp de luxe pour tromper les Juifs avant de les assassiner

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Tandis que les Juifs, dans une grande partie de l’Europe, subissaient les violences, les abus et les assassinats dans les camps, il y avait à Westerbork une terrifiante illusion de courtoisie

ESTERBORK, Pays-Bas (JTA) — Aucune image ayant été filmée ici par Rudolf Breslauer, le 30 mai 1944, ne vient suggérer que la séquence présentée a été réalisée à l’intérieur de l’un des plus grands camps de concentration nazi d’Europe.

Dans le film de Breslauer, un détenu Juif allemand du camp de Westerbork, situé dans le nord de la Hollande, apparaît en train de jouer au football. Il porte l’uniforme de son équipe avec enthousiasme, et côtoie un arbitre qui arbore, lui aussi, une tenue particulière.

Un homme d’âge moyen vêtu d’un costume et accompagné d’un petit garçon – qui pourrait être son petit-fils – flânent avec gaieté dans le soleil, devant les spectateurs. A d’autres moments du film, on voit les détenus monter une pièce de théâtre, travailler dans des usines modernes et même se rendre à l’église – une activité entreprise par de nombreux Juifs allemands avant la Shoah, notamment certains qui s’étaient convertis au christianisme juste avant ou pendant l’Holocauste, une tentative vaine d’échapper à la persécution nazie.

Le film est l’une des deux oeuvres cinématographiques qui auraient été produites à l’intérieur d’un camp de concentration en fonctionnement – l’autre avait été réalisée à Theresienstadt.

Commandé par les chefs militaires de Westerbork dans un objectif de propagande, le film réalisé par Breslauer est une documentation rare sur la façade sophistiquée mise en place par les nazis au camp où, il y a 75 ans, ils avaient commencé à se livrer au meurtre systématique des trois-quarts de la communauté juive néerlandaise – ce qui donne à la Hollande le taux le plus élevé en termes de morts de toute l’Europe occidentale occupée par les nazis. Westerbork aura servi de camp de transit à partir duquel 100 000 Juifs auront été envoyés dans les camps de la mort nazis en Pologne.

Ce subterfuge aura aidé à maintenir l’illusion que les prisonniers du camp étaient envoyés dans des camps de travail, leur donnant l’espoir – et l’envie – de se conformer aux ordres. Et c’est ce qui aura assuré l’efficacité meurtrière de Westerbork, selon Johannes Houwink ten Cate de l’université d’Amsterdam, l’un des plus éminents spécialistes de l’Holocauste aux Pays-bas.

Selon ten Cate, la tromperie allait bien au-delà des scènes potentiellement mises en scène et capturées par la caméra de Breslauer (Breslauer a été envoyé à Auschwitz avec son épouse et ses trois enfants en 1944. Seule leur fille Chanita a survécu à la guerre).

« La taille de l’hôpital du camp de Westerbork, qui était l’un des meilleurs et des plus grands établissements de son genre, est le symbole du mensonge nazi qui laissait croire que les Juifs allaient être mis au travail » en partant à l’est, a expliqué à JTAten Cate dans une interview accordée en amont du 75ème anniversaire du premier transport vers la mort parti du camp, le 15 juillet 1942.

« Il entrait dans le cadre des nombreuses initiatives prises par les Allemands qui voulaient s’assurer que les Juifs ne comprendraient pas ce qu’allaient faire les nazis », a-t-il ajouté.

A Amsterdam, un mémorial de l'Holocauste a été érigé dans l'ancien théâtre où 80 000 Juifs néerlandais avaient été incarcérés avant d'être déportés dans des camps de transit nazis comme Westerbork, le 15 janvier 2017 (Crédit : Matt Lebovic/The Times of Israel)

A Amsterdam, un mémorial de l’Holocauste a été érigé dans l’ancien théâtre où 80 000 Juifs néerlandais avaient été incarcérés avant d’être déportés dans des camps de transit nazis comme Westerbork, le 15 janvier 2017 (Crédit : Matt Lebovic/The Times of Israel)

Et ces efforts ont payé, selon Henny Dormits, 87 ans, une survivante de l’Holocauste qui a vécu dans le camp avec sa famille pendant deux ans avant d’être envoyée à Theresienstadt.

Tandis que les Juifs dans de nombreuses autres parties de l’Europe étaient soumis à la violence, à la torture, aux abus et aux meurtres dans les camps, à Westerbork, « les gens n’étaient pas maltraités, ils étaient traités correctement », avait-elle déclaré lors d’une interview accordée à la télévision néerlandaise en 2011. Elle avait pris la parole dans les quartiers où vivait Albert Gemmeker, le commandant nazi du camp, qui est la seule partie du lieu qui existe encore aujourd’hui.

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