Israël pourrait se décider à apporter un soutien militaire à l’Ukraine

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Depuis le début de la guerre en Ukraine, Israël a apporté une aide humanitaire aux Ukrainiens, mais évité de leur fournir des armes. L’implication de l’Iran aux côtés des Russes dans ce conflit semble devoir changer la donne.

Par Catherine Dupeyron

En temps de guerre, il est difficile de ne pas choisir son camp. C’est pourtant ce qu’Israël tente de faire depuis le début du conflit en Ukraine en ménageant la chèvre et le chou. D’un côté, les responsables israéliens condamnent l’intervention russe et apportent une aide humanitaire au peuple ukrainien. De l’autre, ils refusent de fournir des armes à Kiev pour ne pas indisposer Moscou. La situation pourrait évoluer.
A l’occasion de sa visite en France et de sa rencontre avec le président Emmanuel Macron jeudi dernier, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a accordé un entretien à LCI au cours duquel il a déclaré « réfléchir » à la possibilité de fournir des armes à l’Ukraine, notamment le système de défense antimissiles Dôme de fer et pris ses distances avec Vladimir Poutine.

La Syrie, frontière commune

Prudent, il a aussitôt précisé qu’il ne faisait aucune « promesse définitive » et souligné que son pays ne voulait pas d’une « confrontation militaire avec la Russie », avec laquelle Israël a une sorte de frontière commune, depuis que l’armée russe s’est installée en Syrie en 2015. Le Premier ministre israélien a précisé : « Jusque-là, nous avons partagé l’espace aérien syrien pour détruire les positions militaires de l’Iran » sur le territoire syrien.

Cependant, quelques jours plus tôt, Netanyahou avait déjà annoncé « examiner la question » de livraison d’armes à l’Ukraine. Un propos aussitôt relevé par Moscou. « Toute tentative – réalisée ou même non réalisée, mais annoncée – de livrer des armements supplémentaires, nouveaux, ou autres, aboutit et aboutira à une escalade de cette crise. Tout le monde doit s’en rendre compte », avait prévenu Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

Un nouveau contexte

Il y a une inflexion israélienne, car le contexte a changé. D’abord, la Russie utilise des drones iraniens en Ukraine. Ensuite, la perspective d’un accord sur le nucléaire iranien n’est plus à l’ordre du jour. Enfin, la présence russe en Syrie est beaucoup moins importante que par le passé. Les Russes ont été contraints de rapatrier de Syrie vers l’Ukraine une partie de leurs forces aériennes et de leurs soldats.

Par conséquent, « ils ne sont pas en mesure d’ouvrir un second front en Syrie contre Israël comme pouvait le laisser penser le rapprochement entre Moscou et Téhéran », souligne David Khalfa, codirecteur de l’Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient de la Fondation Jean-Jaurès. « L’implication de l’Iran dans une guerre en Europe constitue un tournant stratégique et redistribue les cartes. Cela permet à Netanyahou d’espérer consolider un front anti-iranien. »

Déjà des liens militaires discrets

C’est ce qu’a souligné Benyamin Netanyahou à l’issue de son entretien avec Emmanuel Macron. « Nos points de vue convergent sur l’importance de prendre des mesures communes dans beaucoup de domaines pour empêcher l’Iran d’acquérir la bombe nucléaire. […] Nos points de vue sur l’Iran n’ont jamais été aussi proches », a-t-il confié sur LCI. En fait, la menace iranienne qui est existentielle pour Israël, est aussi devenue palpable pour l’Europe.

Et finalement, des liens militaires ont peu à peu été discrètement tissés entre Israël et l’Ukraine. Fin novembre, une délégation militaire ukrainienne est venue en Israël. Une centaine d’anciens militaires israéliens forment les Ukrainiens au combat urbain. Par ailleurs, Israël fournit des renseignements sur les drones iraniens et des photos satellite sur les positions russes. Enfin les Américains ont pris 150.000 munitions des stocks entreposés en Israël pour les donner à l’Ukraine.

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