Le rabbi de Kalov, paracha Vayikra : L’éveil de la conscience juive

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« Si quelqu’un d’entre vous veut présenter à Hachem une offrande de bétail » (Vayikra 1,2).

Il arrive parfois que lorsque je demande à un Juif d’accomplir une certaine Mitsva qui exige un effort ou une dépense, il me répond : « Je ne peux pas. » En réalité, il pourrait très bien la réaliser, mais il n’en a pas la volonté.

Preuve en est que s’il était malade, que D’ préserve, et qu’un médecin lui prescrivait des mesures sévères pour échapper à un danger de mort, il déploierait tous les efforts possibles pour se plier aux instructions du médecin, car il sait que sa vie en dépend. Nous apprenons de là qu’il a les forces et la faculté de faire des efforts pour respecter toutes les Mitsvoth. Il doit réfléchir à l’idée que cela lui apporte la vie, il sera alors animé d’une véritable volonté et pourra les accomplir.

De ce fait, lorsqu’un Juif veut rapprocher d’autres Juifs à la Tora et aux Mitsvoth, des propos de réprimande n’auront pas l’effet désiré, car ceux qui l’écoutent pourront se défendre qu’ils ne sont pas en mesure de se plier à ces exigences ; l’essentiel consiste à éveiller la volonté de se rapprocher de notre Père au ciel, Qui prodigue du bien, afin de vivre une belle vie de Tora et de Mitsvoth.

Cette volonté est logée dans le cœur de chaque Juif, comme il est dit (‘Erouvin 19a) : « Même les fauteurs juifs sont remplis de Mitsvoth comme la grenade. » Dans leur for intérieur, ils désirent accomplir les Mitsvoth, et il suffit de briser l’écorce épaisse qui recouvre la volonté, afin de découvrir les graines bonnes à la consommation.

Lorsque s’éveille chez l’homme le désir de servir son Créateur, il repoussera de lui-même toutes les excuses présentées par le Yétser Hara’ invoquant son impossibilité. L’homme lui-même, qui connaît au fond de son cœur sa véritable situation, peut repousser les arguments du Yétser Hara’, ce qui est impossible à quelqu’un d’extérieur.

Pour mieux comprendre ce sujet, mentionnons cette histoire vraie : à la fin de la vie de rabbi Yossef Dov de Brisk, auteur du Beth Halévi, il tomba gravement malade, et les médecins affirmèrent que pour sauver sa vie, il était impératif de l’opérer, mais ils le mirent en garde que l’opération pourrait ne pas réussir et que dans ce cas, le danger serait encore plus grand.

Ils présentèrent les faits à son fils, rabbi ‘Haïm de Brisk (notre photo), pour trancher comment procéder. Rabbi ‘Haïm était très dubitatif, car d’un côté, il pensait qu’il était préférable de ne pas agir, mais d’un autre côté, l’homme est tenu de déployer tous les efforts possibles pour sauver sa vie. Au final, il prit la décision de prescrire l’intervention. Les médecins procédèrent à l’intervention, et le Beth Halévi se réveilla après l’opération, mais ne vécut pas longtemps, et au bout d’environ deux semaines, il quitta ce monde.

Inutile de s’étendre sur la peine ressentie par rabbi ‘Haïm, s’accusant d’avoir entraîné la mort prématurée de son père. En effet, il avait subi l’intervention selon son instruction, et celle-ci avait, selon lui, accéléré sa mort. Il était brisé et ne trouvait pas de repos et de sérénité. Lorsque ses amis tentèrent de lui expliquer qu’il ne s’était pas trompé, ils ne réussirent pas à trouver un moyen de pénétrer dans son cœur et de le faire revenir à lui.
Un homme perspicace se mit à lui parler et à lui prouver en termes sévères qu’il avait entraîné la mort de son père, qui dirigeait tous les Juifs de la Gola, en ayant pris une décision hâtive de l’opérer, sachant que c’était une question de danger de mort, et par sa décision, il avait entraîné la disparition de cette couronne du peuple d’Israël. Il lui adressa ainsi une série de reproches.

Lorsque rabbi ‘Haïm entendit ses arguments, il commença à contrer ces arguments, en décrivant tous les côtés de la question, et ce qui l’avait conduit à trancher que du point de vue de la Halakha, il était obligatoire de procéder à l’intervention, jusqu’à ce qu’il soit devenu clair qu’il avait pris la bonne décision. Son interlocuteur le quitta en paix. Depuis lors, rabbi ‘Haïm était apaisé, car il était lui-même parvenu à la conclusion qu’il s’était conduit conformément à la Loi.

De nombreuses personnes l’interrogèrent : comment avait-il réussi à calmer rabbi ‘Haïm, là où d’autres avaient échoué ? L’homme sage leur répondit qu’il avait observé rabbi ‘Haïm s’accuser, et avait saisi qu’il était inutile d’engager un débat contre lui. Il avait donc eu l’idée de l’accuser d’irresponsabilité, ce qui éveilla sa volonté de s’expliquer, puis il passa en revue toute la série des événements, et se remémora les arguments avancés lorsqu’on lui avait exposé la question, et finit par déduire qu’il n’avait pas commis d’erreur de jugement.
Nous pouvons déduire de cette histoire une leçon pour le service divin : l’essentiel est d’éveiller la volonté de s’améliorer et de modifier ses façons de faire, et on pourra ainsi avancer des arguments à tous les prétextes lancés par le Yétser Hara’ pour se justifier d’être dispensé de servir D’, lorsqu’on entend des reproches lancés par d’autres, comme l’ont affirmé nos Sages (Berakhoth 7a) : « Un simple regret dans le cœur est préférable à de nombreux coups. »

Nous en avons une allusion dans la parole adressée par Hachem aux Bené Israël : «Si quelqu’un d’entre vous veut présenter » : lorsqu’un homme veut vous rapprocher du service divin, « à Hachem une offrande de bétail » : ce rapprochement vers Hachem doit venir de vous, par l’éveil de la bonne volonté logée dans votre cœur, et vous pourrez ainsi vous rapprocher et vous hisser à un haut niveau.

Chabbath Chalom !

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