Le symbole du Tekhélèth

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Tekhélèth

Par le rav Chimchon Refaël Hirsch
Extraits du livre « Les Mitswoth comme symboles »

 

…Peut-être le symbole du « Tekhélèth » vient-il exprimer la signification particulière de l’existence juive ? « …Ils mettront sur la frange du coin (de leur vêtement) un fil de « Tekhéleth » (Bamidbar/Nombres, 15,38). En quoi le Tekhélèth est-il distinct de toutes les autres couleurs ? C’est que le Tekhélèth « ressemble à la mer, la mer au ciel, et le ciel au Trône de Gloire » (Mena’hoth 43b).

Peut-être convient-il de dire ici quelques mots sur les sept couleurs de l’arc-en-ciel. Dans le Tanakh, nous ne trouvons que trois noms de couleurs : Tekhélèth, Yarok et Adom. Seul le mot Adom correspond à la couleur que nous appelons rouge. Le terme Yarok désigne en effet et le vert et le jaune, et Tekhélèth correpond aux teintes bleue et violette.

La racine du mot « Adom » est Adam (l’homme), et du mot Adam provient « Adama » (la terre), lieu de la maîtrise de l’homme, pour y fixer son habitation et ses actions.

« Adama » (la terre) provient de « Adam » (l’homme) de même que « Icha » (la femme) est tiré de « Ich » (l’homme), et non pas l’inverse ! La racine de « Adam » est par ailleurs proche de la racine de « Hadom » (marche-pied), comme dans le verset : « …et la terre m’est un marche-pied… » (Yechaïa 66,1). L’homme (Adam) est ainsi « marche-pied (Hadom) de notre D. (Divré haYamim/Chroniques I 28,1).

Une autre racine parente est celle de « Eden » (piédestal, socle), comme dans le verset : « …et quarante socles d’argent » (Chémoth/Exode 26,19).De même que les socles soutiennent les solives du Tabernacle, de même l’homme est le support de la vie spirituelle et éthique, du règne de D. sur terre.

Le marche-pied est un objet sur lequel la jambe pourra reposer, sans avoir à fouler la terre elle-même.

Le rapport à D. de l’homme doué de pensées pures, dressé par son esprit entre ciel et terre, est le rapport qui existe entre Adam (l’homme) et Hadom (marche-pied).

Le mot « Tekhélèth » vient de la racine de « Khala » (achèvement, destruction), comme dans le verset « …ils se sont livrés aux derniers excès » (Béréchith/Genèse 18,21).

Lorsque la lumière se trouve décomposée, apparaissent les couleurs de l’arc-en-ciel dans l’ordre précis où elles se trouvent nommées en Hébreu : tout d’abord Adom, le rouge, puis Yarok, le vert-jaune, enfin Tekhélèth, le bleu-violet. De toutes les couleurs, le rouge est le moins susceptible de décomposition, son rayonnement est le plus proche de la matière. C’est pourquoi la couleur rouge exprime le lien le plus étroit avec la matérialité, avec les notions « terrestres » : Adom (rouge) = Hadom (marche-pied). Mais ceci ne concerne pas l’homme de D. enveloppée de matière, « poussière prise de la terre » (Béréchith/Genèse 2,7).

Au sujet de l’homme il est dit :

« …tu ne l’as fait que guère inférieur à D. » (Téhilim/Psaumes 6,8). (…) Au bout de l’arc-en-ciel se trouve la couleur « Tekhélèth ». De même que les rayons bleus ne parviennent pas à leur terme mais, disparaissant de la perception de l’œil, poursuivent leur action dans l’invisible, de même l’univers ne nous est perceptible que dans les limites du bleu du ciel : ce qui se trouve au-delà est imperceptible à notre œil. C’est pourquoi seule la couleur « Tekhélèth » peut constituer le pont par où passent les pensées de l’homme, s’élevant de son monde terrestre jusqu’au plus haut des cieux.

C’est pourquoi aussi la couleur dominante dans le Tabernacle ne pouvait être le rouge, mais bien le bleu. Car la Tora, représentée par le Tabernacle, (…) nous est donnée depuis un au-delà de l’univers perceptible par l’œil, car « …Du haut du ciel Il t’a fait entendre Sa voix. » (Dévarim/Deutéronome 4,36), « Il incline les cieux et descend… » (Chémouel/Samuel II, 22,10).

La couleur de l’azur du ciel descend sur l’homme/Adam et sur la terre/Adama, et c’est pourquoi cette couleur était présente dans la confection du Tabernacle : « et ils Me feront une résidence et Je résiderai parmi eux » (Chémoth/Exode 25,8). (…)

Ainsi, nulle autre couleur était plus appropriée que le Tekhélèth pour exprimer le lien unissant D’. et le peuple d’Israël. Le fil de Tekhélèth attaché à nos vêtements était signe que nous avons un rôle de grand-prêtre à assumer sur terre…

A la Recherche du ‘Hilazon perdu

Kountrass Magazine nº 3 – Adar 5747 / Mars 1987

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