L’invention des « territoires palestiniens occupés »

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Le 3 décembre 2019, l’Onu a adopté « ses résolutions annuelles » sur la question de la Palestine. Dans celle qui porte le nom « Règlement pacifique de la question de Palestine », l’Assemblée générale demande aux États de « ne reconnaître aucune modification du tracé des frontières d’avant 1967, y compris en ce qui concerne Jérusalem, autres que celles convenues par les parties par la voie de négociations, notamment en veillant à ce que les accords avec Israël n’impliquent pas la reconnaissance de la souveraineté d’Israël sur les territoires qu’il a occupés en 1967 » (sic). Il convient donc de revenir sur cet extraordinaire tour de passe-passe qui a permis à l’Onu de transformer les « territoires jordaniens » de 1967, en  « territoires palestiniens occupés en 1967 ».

A la suite des différents accords d’armistice (signés en 1949), entre Israël et les pays arabes (qui n’ont pas réussi à le détruire), il était question de trouver une solution pour les « arabes de Palestine » : c’était l’objet de la Conférence de Lausanne,  tenue entre le 27 avril et le 12 septembre 1949.

Cette conférence a échoué eu égard, notamment, à la division des Etats arabes. La Transjordanie (qui avait signé l’accord d’armistice avec Israël le 2 avril 1949) en a profité pour s’accaparer la Cisjordanie, avec l’aval de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, qui ont, finalement, admis que l’incorporation de la Palestine mandataire à la Jordanie était la meilleure option. C’est ainsi qu’en décembre 1949, le roi de Transjordanie, l’Emir Abdallah, a fait adopter une loi lui accordant tous les pouvoirs sur l’ancienne Palestine mandataire, faisant de lui, le souverain de Cisjordanie.

Ainsi, et dès mars 1950, le royaume hachémite a interdit de mentionner « Palestine » et « Transjordanie », en tant que territoires distincts : les deux régions devaient, désormais, être reprises sous les mentions « West Bank » et « East Bank » du royaume hachémite. La réunion des deux rives au sein du royaume hachémite a finalement été décidée le 24 avril 1950 (à la demande, d’ailleurs, d’un groupe de députés palestiniens), ce qui a formalisé l’annexion définitive de la Cisjordanie au nouvel Etat : le royaume hachémite de Jordanie. De chaque côté du Jourdain, les systèmes administratif et juridique sont devenus identiques.

Certains arabes de l’ancienne Palestine étaient hostiles, tant à cette réunification des deux régions, qu’au principe de négociations entre le roi Abdallah et « l’entité sioniste ». L’un d’eux a donc (technique récurrente) assassiné le souverain hachémite Abdallah 1er (le 20 juillet 1950), alors qu’il se rendait à Jérusalem.

De même, la Ligue Arabe n’était pas favorable à ce regroupement, en ce qu’elle permettait la conquête d’un territoire de l’ancienne Palestine mandataire par l’un des belligérants de 1948. Elle était, en revanche, partisane de la création d’un Etat pour les arabes de l’ancienne Palestine mandataire. A titre de rétorsion, elle a alors envisagé (en mai 1950) l’exclusion du royaume hachémite de la Ligue arabe (obligeant Abdallah à cesser toute négociation avec Israël). En tout état de cause, dès avril 1950, la Cisjordanie était une partie du royaume de Jordanie.

Mieux, l’Onu a, le 14 décembre 1955, intégré la Jordanie parmi les Nations Unies, sans jamais contester l’annexion de la Cisjordanie au royaume hachémite. Autrement dit, la communauté internationale a accepté, implicitement, le principe d’une souveraineté jordanienne sur la  Judée Samarie, sans sourciller.

Certes, les arabes de l’ancienne Palestine continuaient de revendiquer une identité propre : Yasser Arafat, a donc, depuis l’Egypte, créé l’Organisation de Libération de la Palestine, en 1964. Le roi Hussein de Jordanie (qui a succédé à son grand père) ne s’est pas opposé à l’organisation du Premier Congrès national palestinien à Jérusalem (qui a adopté la charte, le 28 mai 1964) : à cette époque, l’Olp ne contestait pas la souveraineté jordanienne sur la Cisjordanie. Par la suite, les palestiniens se sont radicalisés, et constitué un Etat dans l’Etat. Le roi Hussein de Jordanie a donc été contraint de mener une opération musclée en « septembre 1970 » (éliminant des  milliers de palestiniens), avant de chasser Yasser Arafat au Liban.

Ainsi, lors de la victoire contre les pays arabes (en juin 1967), l’occupation par Israël de la bande de Gaza, du Sinaï, de la Cisjordanie, et du Golan, ne concernait que des territoires, égyptien, syrien, et Jordanien, et non palestiniens. De même, lorsque  la résolution 242 de l’Onu (novembre 1967) a exigé d’Israël qu’il se retire des « territoires occupés », il s’agissait des territoires syriens, égyptiens et jordaniens.

Pour autant, et tout au long des années 70, l’Onu a adopté de nombreuses résolutions rappelant la nécessité pour les Palestiniens d’exercer leur droit à l’autodétermination (la plus importante : résolution 3236 du 22 novembre 1974).

La situation a, ainsi, perduré jusqu’au 31 juillet 1988, lorsque le roi Hussein de Jordanie a renoncé à sa souveraineté sur la Cisjordanie. Les territoires, anciennement jordaniens, sont alors devenus « sans maître », c’est-à-dire sans la moindre souveraineté étatique (en dépit de la présence militaire israélienne).

Mesurant le danger de cette renonciation (par la Jordanie à la Cisjordanie), Yasser Arafat s’est empressé de proclamer l’indépendance de l’Etat de Palestine (le 15 novembre 1988) sur ces terres. Cette décision n’était, toutefois, que symbolique puisque chassé du Liban en 1982, Arafat s’était réfugié en Tunisie.

Etrangement, l’Onu a, dans sa résolution 43/177 du 15 décembre 1988, « pris acte de la proclamation de l’État palestinien par le Conseil national palestinien le 15 novembre 1988 » et décidé que la désignation de «Palestine» devrait être employée au sein du système des Nations Unies au lieu de la désignation «Organisation de libération de la Palestine» (pour éviter de reconnaître une organisation terroriste).

Par la suite, et contre toute attente, l’Assemblée générale a (dans sa résolution n°58/292 du 14 mai 2004,) compilé toutes les décisions antérieures (précitées) et décidé d’instituer la notion de « territoires palestiniens occupés, incluant Jérusalem-Est », assise sur les territoires jordaniens occupés en 1967 (sic), alors même que la Palestine n’était pas reconnue, qu’elle ne dispose d’aucun territoire et que le pouvoir des palestiniens ne s’exerce que sur les seules zones A de Cisjordanie (20% du territoire), et partiellement sur la zone B (20%), en vertu des accords de paix d’Oslo.

Ce faisant, l’Onu a contredit sa propre reconnaissance de l’Etat de Jordanie du 14 décembre 1955, puisque la Cisjordanie en faisait partie. Depuis, elle s’accroche à cette doctrine absurde de 2004 et rappelle, dans chaque résolution anti israélienne, l’existence de cette « occupation israélienne des terres palestiniennes » (bien qu’elles ne l’aient jamais été), sans même tenir compte de la décision jordanienne de 1988 et des accords d’Oslo. L’Onu a ainsi pu substituer le conflit israélo-palestinien, au conflit israélo arabe, et reporter la responsabilité du conflit… sur Israël. C’est habile.

Si l’homme a été crée à l’image de D’, rien ne l’autorise à inventer des concepts faux, à manipuler l’opinion internationale autour des principes insensés qu’il a posés comme étant Vérité universelle, et à se trouver un nouveau prétexte pour stigmatiser Israël, en les invoquant.

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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