Napoléon en Erets Israël : l’appel aux Juifs

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Un article concernant l’appel aux Juifs de Terre sainte lancé par Napoléon a engendré plusieurs réactions critiques, et nous nous permettons de faire paraitre à nouveau l’article consacré à ce sujet paru dans nos colonnes, dans le cadre du numéro 9, consacré à Napoléon et les Juifs, datant de 1988. 

Un aspect peu connu de l’aventure napoléonienne : l’appel de Bonaparte aux Juifs, les invitant à reprendre possession de leur pays. Et, en fait, est-on sûr de l’authenticité de ce texte ?

 

Bonaparte, auréolé de la gloire toute fraîche de ses victoires en Italie, se voyait certainement déjà, tel un nouvel Alexandre le Grand, maître d’un empire universel. Il lui fallait pour cela abattre tout d’abord l’Angleterre, pousser vers l’Orient afin de prendre à revers la puissance autrichienne, mais aussi s’emparer du fabuleux empire des Indes… La rapide conquête de l’Egypte devait être le premier volet de ce grandiose projet. L’étape suivante était, par la conquête d’Erets Israël et de la Syrie, d’obtenir la soumission de l’Empire ottoman. Mais après un premier contact enthousiaste en Italie, ce fut aussi pour Napoléon une deuxième occasion de se confronter au peuple juif et à ses destinées particulières.

 

La campagne militaire

 

Bonaparte entreprend la conquête d’Erets Israël, alors possession turque, au printemps 1799. Le 29 juin 1798, en pleine campagne d’Egypte, il avait déjà donné ordre à ses soldats de traiter avec égard et équité les Juifs du pays. Le 19 décembre 1798, alors que ses troupes en étaient à leurs derniers préparatifs, il adresse une lettre aux moines du vieux monastère byzantin de Sainte Catherine, au Sinaï : les assurant de sa protection, il y déclare que toute son action est animée par l’admiration envers Moïse et la nation juive, dont les enseignements concernant les origines du monde nous donnent un si profond regard sur l’histoire de l’humanité…

Il semble que cette bonne disposition affichée à leur égard ait conduit un certain nombre de Juifs à s’enrôler dans les rangs de l’armée française d’Afrique et d’Asie.

Gaza, Ramlé et surtout le grand port de Yaffo/Jaffa (le 7 mars 1799) tombent rapidement au bout de quelques jours de siège. A Khan-Younis des Juifs s’étaient déjà portés à sa rencontre, enthousiasmés tant par la venue de ce jeune général européen secouant miraculeusement le joug ottoman, que par les promesses répandues par les agents français qu’il autoriserait la reconstruction du Temple.

Une délégation juive lui rendit visite à Yaffo, l’assurant voir en lui le sauveur du peuple juif. Napoléon, en retour, la questionna longuement sur l’histoire juive, sur la situation actuelle des Juifs dans le pays, les perspectives d’avenir. Signor Azriel, un riche commerçant local parlant l’italien, avait été nommé son interprète. Bonaparte, rapporte-t-on, lui demanda ce qu’il pensait du pays.

« Une terre splendide, votre Excellence, mais fort mal administrée : les Turcs n’ont rien fait, bien au contraire, pour la mettre en valeur !

  • Et vous, que feriez-vous donc pour faire prospérer ce pays ?s’enquit Napoléon.
  • Une seule chose : remettre son administration aux Juif en leur permettant de gouverner les Musulmans. Nous construirions des routes et protégerions les caravanes ; nous établirions des contacts commerciaux avec les Juifs de Livourne, d’Angleterre et de Hollande. Le commerce international entre l’Orient et l’Occident aurait tout à y gagner et, entre nos mains, les quatre grands ports de Syrie seraient des ports libres.
  • Vous avez raison, mon ami, aurait répondu Bonaparte, nous verrons… »

Bonaparte avait déjà ses spahis…

Maître de Yaffo et Ramlé, Bonaparte envisageait de s’attaquer maintenant à Jérusalem. Il se ravisa pourtant en dernière minute et, le quatorze mars, lança ses troupes sur ‘Akko/Saint-Jean d’Acre. Selon certains, les Arabes de Jérusalem, conseillés par le Richon leTsion, rabbi Moché Mordekhaï Yossef Meyou’has, auraient pris contact avec le général français en ces termes : « Les Arabes de la ville sainte sont plongés dans une grande confusion, et ne trouvent pas d’issue à leur situation. D’une part, ils craignent que le Sultan de Constantinople ne finisse par reconquérir le pays et se venge alors d’eux ; d’autre part, il est interdit de remettre une ville musulmane à des infidèles sans faire la guerre. Pourquoi donc t’en prendre à Jérusalem ? C’est Saint-Jean d’Acre, le grand port fortifié, qui est la clé du pays : si tu le prends, c’est tout le pays qui tombera entre tes mains…»

Quoi qu’il en soit, Bonaparte entreprend donc le siège de ‘Akko, l’ancienne et redoutable capitale des Croisés. Mais une armée turque forte de plus de vingt mille hommes, arrive de Damas et marche sur Tsfath/Safed. Le 16 avril, une cuisante défaite lui est infligée au mont Tabor par les soldats du général Ginot : cinq mille Turcs sont tués, et le restant prend la fuite. Bonaparte, en visite sur les lieux, se voit alors accueillir par certains moines de Nazareth comme un second sauveur. Il rentre le 17 avril à ‘Akko, dont le siège présente des difficultés inattendues : les défenseurs de la ville, soutenus par la flotte de l’amiral britannique Sidney Smith, repoussent grâce à une résistance opiniâtre tous les assauts des Français. Et sur les murailles de la ville, Juifs et Arabes sont au coude à coude…

 

Rabbi ‘Hayim Far’hi : l’enjeu juif

 

La victoire du mont Tabor, autant que l’accueil enthousiaste de certains Juifs et chrétiens, avaient certainement renforcé Bonaparte dans sa conviction qu’une mission historique lui incombait : bâtir un nouvel empire mondial sur les ruines des puissances britannique et ottomane. Mais la durée du siège de ‘Akko lui prouvait qu’il lui fallait bénéficier d’appuis sûrs et dévoués dans la population locale : qui mieux que les Juifs pouvait tenir ce rôle ? L’assistant dans la victoire, ils assureraient par la suite la stabilité de son empire d’Orient.

Il est ainsi à peu près établi que Napoléon prit secrètement contact avec rabbi ‘Hayim Far’hi : celui-ci, héritier d’une illustre famille damascène, autorité rabbinique connue pour sa vaste érudition comme pour sa grande sagesse, était à la fois le rav de ‘Akko et le conseiller du Cheikh A’hmed Jazzer Pacha. Napoléon promettait, en échange de son soutien, avantages et privilèges divers aux Juifs d’Erets Israël, soumis jusqu’alors à la dure loi du fanatisme musulman et de l’arbitraire turc.

Rabbi ‘Hayim Far’hi repoussa pourtant toutes ces avances, et continua même à aider de ses conseils les défenseurs de la ville tout comme à encourager les Juifs à prendre une part active dans la lutte contre les Français.

 

Quelles étaient les motivations du rav Far’hi ? Méfiance à l’égard des promesses du conquérant chrétien, dont les soldats avaient, malgré des engagements formels, fort mal traité les Juifs de Yaffo et de Tsfath ? Crainte comme le

Rav Meyou’has de Jérusalem, de représailles futures de la part des Arabes et des Turcs ? A ‘Akko, Jazzer Pacha avait, dès le début du siège, fait pendre cent chrétiens. A Jérusalem et dans tout le pays, les Juifs étaient accusés d’espionnage au profit des Français. Après la retraite de Napoléon, c’est du reste sur l’insistance de l’amiral Smith que Jazzer Pacha se retint de massacrer sans pitié les minorités juive et chrétienne vivant en Galilée. Le

Rav Far’hi avait-il encore d’autres considérations plus profondes, telle celles que nous retrouverons chez les Rabbi ‘hassidiques opposés à l’Empereur quelques années plus tard ?

En l’absence de source sûre, on ne peut répondre avec certitude à cette question, mais on ne risque guère de se tromper en disant que chacune des réponses proposées intervenait dans la position du rav Far’hi.

C’est alors que Napoléon eut recours, quatre jours après la victoire du mont Tabor, à une idée de génie : mobiliser les Juifs en sa faveur en leur proposant de reconquérir la patrie dont ils avaient été spoliés.

 

L’appel aux Juifs

 

Le 20 avril 1799, Napoléon publie donc son « appel aux Juifs » pour qu’ils se rallient à lui, l’assistent dans la conquête du pays, et participent ainsi à la reconstruction de l’antique Jérusalem. Cet appel est en fait entouré de mystère, et certains historiens ont même pu en contester la réalité. Quels sont donc les faits ? Le 22 mai 1799, le Moniteur Universel, organe officiel du gouvernement français, publie une dépêche en provenance de Constantinople, faisant état de la proclamation de Bonaparte adressée aux légitimes héritiers de la Terre d’Israël.

Jusqu’en 1940 pourtant le texte de l’appel demeura introuvable. Au début de l’été 1940, un Juif viennois du nom de Ernst Foges, en préparant ses valises pour fuir l’Autriche, découvre alors dans un lot de vieux documents familiaux, une traduction allemande de l’appel : cette traduction lui provenait de son aïeul Wolf Fleckeles de Prague, dont le frère rabbi El’azar était président du tribunal rabbinique de la ville, et ami du « censeur » autrichien pour les affaires juives. C’est vraisemblablement par son intermédiaire que le texte de l’appel était parvenu à cette famille juive.

Quoi qu’il en soit, Foges remit le document à son ami l’historien Franz Kobler qui, après avoir gagné l’Angleterre, en publiera le contenu, en septembre 1940, dans la revue londonienne The New Judea.

L’appel provenait du quartier général de Bonaparte à Jérusalem. Ce qui pourrait à juste titre être tenu pour une supercherie peut en fait s’expliquer aisément : Napoléon, auquel rien jusqu’à présent n’avait su résister, se voyait déjà maître du pays tout entier. Et son projet initial était de s’attaquer à Jérusalem immédiatement après Yaffo. Ce détail, comme le ton et les arguments du manifeste, viennent d’ailleurs témoigner d’un seul but : faire impression sur les Juifs à qui il était destiné, enflammer les imaginations au souvenir d’un passé glorieux comme à l’évocation d’un avenir soudain prometteur.

Rapportant plusieurs passages prophétiques concernant « la nation unique que, pendant des milliers d’années, la soif de conquête et la tyrannie ont pu dépouiller de ses terres ancestrales mais point de son nom ni de son existence nationale », le message continue :

« En menant pour se défendre une guerre sans exemple dans les annales de l’histoire, une nation dont les ennemis regardaient le patrimoine héréditaire comme un butin à partager arbitrairement selon leur bon plaisir, par un trait de plume des Cabinets, venge sa propre honte et celle des nations les plus lointaines oubliées depuis longtemps sous le joug de l’esclavage ; elle rachète aussi l’ignominie qui vous est infligée depuis près de mille ans. Alors que l’heure et les circonstances semblent le moins propices à revendiquer vos droits ou même à les exprimer, alors qu’elles paraissent au contraire vous pousser à les abandonner complètement, cette Nation vous offre à ce moment-même, en dépit de toutes les prévisions, le patrimoine d’Israël.

« La jeune armée avec laquelle la Providence m’a envoyé ici, guidée par la Justice et accompagnée par la Victoire, a fait de Jérusalem mon quartier-général et le transférera d’ici peu à Damas, dont le voisinage n’a plus rien de terrifiant pour la Cité de David.

« Héritiers légitimes de la Palestine ! « La grande Nation qui ne fait pas commerce d’hommes comme ont fait ceux qui vendirent vos ancêtres parmi tous les peuples » (Yoël/Joël 4,6) fait ici appel à vous, non certes pour conquérir votre patrimoine, non, seulement pour reprendre ce qui a été conquis et, avec la garantie et le soutien de cette Nation pour en demeurer les maîtres, pour la garder contre ceux qui voudraient venir. Levez-vous ! Montrez que la force jadis écrasante de vos oppresseurs n’a pu que diminuer le courage des descendants de ces héros dont l’alliance de frères aurait honoré même Sparte et Rome  (Maccabées12,15) mais que ces deux mille ans d’esclavage n’ont pas réussi à l’étouffer.

« Hâtez-vous ! C’est le moment, qui peut ne pas se représenter avant des milliers d’années, de revendiquer la restauration de vos droits civiques parmi les populations de l’univers, qui vous ont été refusés pendant des milliers d’années, de réclamer qu’on vous rende votre existence politique de nation parmi les nations et le droit naturel et non limité d’adorer D. selon votre foi, publiquement et sans doute pour toujours (Yoël 4,20). »

 

On s’est longtemps demandé qui avait pu inspirer à Bonaparte, peu au fait de l’histoire juive et guère porté à la sympathie envers le peuple d’Israël, l’idée d’un tel projet. Or on a retrouvé une lettre d’un certain Thomas Corbet, irlandais servant comme officier supérieur dans l’armée française, adressée à Barras le 17 février 1799 : celui-ci, alors le membre le plus important du Directoire, exerça une influence décisive sur la carrière du jeune Bonaparte. Corbet, sans doute connu de Barras, proposait d’établir une colonie juive dans l’Egypte nouvellement conquise. La création de cette colonie permettrait de lever une armée juive en Syrie, de conquérir Erets Israël, et servirait ainsi tant les intérêts français que juifs. Citons un extrait de cette lettre, écrite dans un français approximatif mais savoureux :

«  Parmi une grande nombre des objets intéressantes, qui occupent actuellement l’attention publique, il n’y a aucune, (il me semble) qui le fixe, et qui mérite le fixer, plus, que le sort de l’Egypte.

«  Chacun s’amuse en s’imaginant des plans pour le secours de Bonaparte, et pour l’affermissement de cette Colonie à la France.

« Qu’il me soit permis, de soumettre mes idées à votre meilleur Jugement, et de vous proposer, un plan, qui Je soupçonne peut bien atteindre ces deux objets, et quelques autres, d’une importance considérable.

« Il ne peut être douteuse, à celui qui reflechit sur la position des Juifs, éparsés dans les differents états du monde, sans jouissant en aucune le pleins droits du pays, encore moins du citoyen, que cette peuple fier et orgueilleux, ainsi abattu ou persecuté, ne ressent pas l’asservissement de leur état. Leurs richesses ne les consolent pas pour de telles Privations. Ils attendent, avec impatience l’époque de leur rétablissement comme NATION. Cette Espérance est soutenue et fomentée par Eux par une foule de Prophéties, leur promettant cette Evénement. Aucun ne peut pas douter non plus qu’ils ne feroient des grands sacrifices, et preteroient tous leurs Efforts, à l’accélération d’une bonheur si désiré d’Eux.

« En outre comme ils ont entre leurs Mains, une grande partie du Numéraire de l’Europe, leurs Efforts ne pourroient manquer d’être très conséquents, si seulement qu’ils seroient bien dirigés.

« (…) Vous ne voulez pas dépeupler la France, en émettant des Colonies des familles, sans lesquelles J’atteste toute l’histoire, qu’une Colonie n’a pas de base ni de stabilité. Ce sont les Juifs donc qui vous présentent cette base, et une barrière contre les Arabes, et les autres barbares. Et comme c’est une Peuple fier et Orgueilleux, ils deviendront bientôt sous Instructions belliqueuses, et bons Guerriers, quand ils cesseront d’être consolés sous le Jous des Princes. Enfin ayant une intérêt commune, ils feront cause commune, avec les français et comme ils regardent l’Egypte sous le même point de Vue, que les Prophéties le présentent, c’est à dire, comme une pas, une grade, seulement vers la Palestine, ils pousseront en avant, laissant l’Egypte à l’influence de la France. Ainsi penétrant dans le Sein de l’Asie, ils porteront avec eux, l’Industrie et les Arts, et les lumières, des Européens : vous présentant une Machine puissante, pour la regéneration des Asiatiques.  »

 

Barras a dû s’enthousiasmer pour ce plan et le communiquer à Bonaparte, alors en Egypte. Notons que Corbet parle de lever une armée juive en Syrie. Or la dépêche du Moniteur citée plus haut affirmait que des bataillons juifs s’étaient déjà constitués dans ce pays.

On peut donc supposer avec quelque assurance que les services de propagande français, qui utilisaient nombre d’agents juifs et tentaient par leur intermédiaire de se concilier les dirigeants des communautés juives orientales, rédigèrent cette lettre et la firent parvenir à des personnalités influentes : ainsi la famille Far’hi à Damas, celle des Asséio à Sidon, les Peixotto d’Alep, etc.

Mais à peine un mois plus tard, Napoléon abandonnait le siège de ‘Akko et retournait précipitamment en France pour renverser le Directoire. On peut trouver là l’explication de l’absence de toute trace de l’original français de l’appel, comme du peu d’écho auquel il eut droit dans les communautés juives.

 

Reste un détail important : la lettre de Napoléon était accompagnée d’un manifeste signé par un certain rabbi Moché Aharon haLévi, « grand-rabbin de Jérusalem », confirmant le message de Bonaparte, ce grand et éclairé commandant en chef des armées françaises en Afrique et en Asie. Après avoir rappelé les prédictions de nombreux prophètes, il poursuit :

« Les glorieuses prophéties ont déjà été accomplies en grande partie par l’armée victorieuse de la grande Nation il ne dépend maintenant que de nous de ne pas nous conduire comme des enfants de prostituées et d’adultères, mais comme de véritables descendants d’Israël, de désirer l’héritage du peuple du Seigneur ; de contempler la beauté de l’Eternel et de le rechercher en son Temple (Psaume 27,4).

« Faites vôtres les ailes de l’aigle et la force de la lionne… pour reconstruire les murs de la ville orpheline et le Temple de l’Eternel…

«  Publiez ceci entre les nations parmi lesquelles est dispersée la semence de Jacob, sanctifiez le combat, réveillez les forts, que tous les hommes en Israël capables de porter les armes se réunissent et viennent à nous… et que même le faible dise :je suis fort !(Yoël 4,10).

« Que D4… fasse et accomplisse ceci comme Il l’a juré à nos pères. Qu’Il rappelle pour le bien tout ce que la grande Nation (c’est-à-dire la France) a fait pour nous et que le peuple entier parle ainsi que de Gédéon (Juges 7,20) :voici une guerre pour l’Eternel et pour Bonaparte. »

 

Il est difficile de savoir dans quelles conditions cette lettre de soutien à Bonaparte a pu être rédigée. Certains historiens ont même voulu y voir un faux : le grand-rabbin de Jérusalem n’était-il pas alors le rav Yom-Tov Algazi, puis son gendre le rav Meyou’has qui, pour ôter aux Arabes tout soupçon d’une prétendue trahison juive, participa lui-même aux travaux de renforcement des fortifications de la ville ? On a pourtant fini par retrouver la trace de rabbi

Moché Aharon haLévi : il était le président de l’un des quatre tribunaux rabbiniques existant alors à Jérusalem, de là le titre de Richon (premier des rabbanim de la ville) qui figure en tête de sa lettre. Il quitta provisoirement Jérusalem en 1799 pour faire imprimer son livre Maté Aharon à Salonique, et l’on peut s’imaginer que c’est de ce lieu plus sûr qu’il rédigea son manifeste.

 

L’échec

 

L’entreprise napoléonienne en Erets Israël tourna donc court. Celui qui se voyait déjà fondateur d’une nouvelle religion, monté sur un éléphant, couronné d’un turban et portant un Coran qui renfermerait son propre message dut battre en retraite devant un cartel des oppositions : Turcs, Anglais, Arabes… et Juifs. Les temps n’étaient pas encore mûrs pour le peuple d’Israël, et les Musulmans maîtres du pays aggravèrent d’ailleurs leur joug après le départ des Français.

Il n’en reste pas moins que l’on peut constater une troublante coïncidence : l’appel de Napoléon aux Juifs s’inscrit dans le contexte d’une époque où les élèves du Ba’al Chem Tov et du Gaon de Vilna, sur l’injonction de leurs maîtres, venaient s’installer en Erets Israël pour y préparer les temps de la fin de l’exil…

 

 

Citons enfin ce passage des Mémoires du Signor Azriel, interprète du général français :« Le 22 mai, alors que j’étais sur la route allant de ‘Akko à Yaffo, j’ai rencontré Napoléon dans sa retraite. J’ai voulu m’approcher de lui pour m’enquérir de ses plans, mais il me fit un signe de la tête : je compris que tout était fini pour ce qui concernait la Syrie, et que les Juifs ne se verraient pas de sitôt rétablis dans leur patrie : nous étions ainsi encore destinés à souffrir l’humiliation ».

 

 

Courte bibliographie

  • Anchel, Napoléon et les Juifs
  • S. Yahuda :Conception d’un Etat juif par Napoléon, dans Evidences (il publie intégralement la lettre de Corbet)

 

L’identification du Rabbin Moché Aaron haLévi a été faite par R.Y.M. Tolédano dans Loua’h Yérouchalayim 5704/1944  p.109

  • Deux articles parus dans le Jerusalem Post en date du 14 nov. 1968 et du 22 nov. 1974

 

 

 

 

 

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