Paracha Vayélekh-Nitsavim : conseil à donner lorsque tout va mal…

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Autour de la table du Chabbath, par le rav David Gold

Cette semaine la lecture de notre paracha sera doublée. On lira en premier la paracha « Nitsavim », puis « Vayélekh ». La dernière section traite des dernières recommandations que Moché Rabbénou donne au peuple juif avant l’entrée en terre sainte. On le sait, Moché n’a pas la permission d’amener le peuple juif en Terre Promise, c’est son fidèle élève Yehochoua/Josué qui aura ce grand honneur. C’est lui qui devra affronter les peuples de Cana’an lors d’une guerre qui durera 7 années et après divisera la terre entre les 12 tribus d’Israël. Le verset dit : » Et Moché alla dire ces paroles au peuple : J’ai aujourd’hui 120 ans et je n’ai pas la permission de vous faire traverser le Jourdain… N’ayez crainte et ne vous affaiblissez pas car c’est Hachem qui vous aidera (lors de la conquête). Moché appela Yehochoua en lui disant : »Renforce toi car tu vas mener le peuple en terre sainte… ». Donc il s’agit bien d’une passation de pouvoir ; Moché Rabbénou qui était le roi d’Israël -puisque c’est lui qui a été choisi par D’ pour faire sortir le peuple d’Egypte et qui l’a conduit dans le désert pendant 40 années- vient introniser Yehochoua dans les fonctions de dirigeant du Clall Israël.

Les commentateurs demandent sur ce premier verset pourquoi est-il souligné que Moché est ALLÉ… Quelle direction a-t-il prise? Or le verset ne précise pas sa destination! Et nous le savons, chaque parole de la sainte Tora a son importance, pour preuve les nombreuses lois du Chabbath sont apprises par de simples allusions à tel mot ou telle lettre de la Tora. Donc pourquoi le verset insiste sur le fait que Moché est « allé »/Vayélekh sans préciser sa destination finale ?

Le Kéli Yakar donne plusieurs explications, l’une d’entre elles c’est que Moché s’est rendu aux portes des tentes du peuple afin de les exhorter à faire Techouva ! C’est-à-dire que ses allées et venues dans le camp d’Israel viennent nous apprendre que Moché a incité le peuple à faire Techouva. En effet, avant l’entrée en Erets et le grand départ de Moché Rabbénou vers un monde meilleur, notre rav et bienfaiteur implore le peuple à mieux pratiquer la Tora. De là, apprend le Kéli Yakar, la Techouva d’un homme n’est pas chose innée ! En effet, l’homme d’une manière générale se complet à rester dans son train-train quotidien et n’a pas l’acuité intellectuelle pour voir ses propres tares et manquement vis-à-vis des hommes et à plus forte raison vis-à-vis de D’. A l’exemple du Hafets Haim qui écrit dans les lois de Yom Kippour : « A l’approche de Yom Kippour, un homme devra présenter à un Talmid ‘Hakham tous les litiges monétaires qu’il a pu avoir durant l’année écoulée pour savoir s’il est dans son droit. Et il ne s’appuiera pas sur sa propre jugeote pour savoir s’il a raison, car dans le domaine de l’argent, le Yétser de l’homme (mauvais penchant) est très fort pour le persuader qu’il est blanc-bleu… ». Ce passage de notre paracha est à rapprocher avec un autre enseignement, celui du Rabbénou Yona de Gironde (très ancien sage du moyen-Age habitant la douce France d’alors…). Ce rav a écrit un magnifique manuel pour enseigner la démarche à suivre pour faire Techouva. Entre autre il écrit (2° chap.) qu’il existe principalement 6 grands facteurs qui entraineront le repentir. Le premier –le plus efficient- ce sont les épreuves de la vie… Lorsque tout va mal, le Chalom Bait est en chute libre, la parnassa n’est pas au beau fixe… l’homme éloigné de toute pratique commencera à réfléchir sur sa vie et le sens de toutes ces épreuves… « Pourquoi monsieur le rabbin, j’ai tant de problèmes alors que je ne fais pas de mal même à une mouche ? » La deuxième cause, ce sont les maladies (que D’ nous en préserve) ou encore quand les cheveux commencent à blanchir… (non pas qu’on vient de se teindre quelques mèches pour faire le « beau gosse… ») mais la vieillesse et l’affaiblissement des forces amènent AUSSI l’homme à une réflexion globale sur sa vie… Donc lorsque Moché Rabbénou frappe aux portes des tentes du peuple, c’est une manière d’activer le Clall Israël à faire Techouva.

Une deuxième explication est donnée par le saint Or Ha’haim. Dans un tout autre registre, le rav explique à sa manière le sens de ce « Vayélékh/il est allé… ». Il s’agit de l’âme de Moché Rabbénou. En effet, 40 jours avant le grand départ –pour un monde meilleur- les grands Tsadikim ressentent que leur âme quitte leur enveloppe charnelle pour monter au Ciel et visiter l’endroit qui leur est réserver (au Paradis). Le saint Zohar décrit ce phénomène avec le fils de Rabbi Chimon Bar Yo’hai. Donc lorsque le verset dit « Vaylekh »/ Il est allé », il s’agit de l’âme de Moché qui se rend au Gan Eden/Paradis pour annoncer sa venue…

Faire de la moto … et arriver sur les bancs de la Yechiva

On parlé dans notre développement de la Techouva et surtout de la manière dont un homme s’y éveille. Notre histoire est une véritable petite perle dans ce domaine et à l’avantage de s’être déroulée ces dernières années en Terre sainte. Il s’agit d’un Roch Yechiva dont je vous ai déjà rapporté quelques anecdotes assez édifiantes le concernant : rav Noa’h Weinberg zatsal (qui est décédé voici quelques années). Il était Roch Yechiva de la Yechiva américaine « Aish Hathora » qui est située juste en face du Kotel /mur occidental à Jérusalem. Une fois, alors qu’il était dans son bureau frappe à sa porte un jeune américain qui demande à rencontrer le rav. Le rav Weinberg le fait entrer et découvre un grand gaillard, avec de longs cheveux (un peu genre hippie…) avec un grand et lourd sac à dos. Le jeune rentre et demande en américain : »You are the Roch Yeshiva? En version sous-titrée : « Etes-vous le Roch Yechiva ? » Le rav Weinberg répondit dans sa grande humilité : effectivement c’est de cette manière que certaines personnes m’appellent. Le rav le fit s’assoir, et il lui demanda comment il s’appellait ? « Aibi » ( diminutif d’Avraham en américain). Aibi demanda au rav tout de go : »Quelle est le but de la Yechiva? » Le rav se demandait d’où pouvait provenir ce garçon pour poser une telle question… Cependant il ne voulait pas être trop abrupt dans sa réponse et il choisi d’être à l’écoute de ce jeune… (Peut-être que la feuille du Chabbath devrait aussi apprendre de ce Roch Yechiva et de sa manière toute en douceur de faire… mais on est Roch Yechiva ou on ne l’est pas…). Le rav dira : »Et toi, qu’est-ce que tu en penses ? » Aibi bomba son torse puis pris une grande respiration avant de dire au rav : » La Yechiva c’est une institution qui existe afin de donner aux hommes la possibilité d’être proche de D’, n’est-ce pas? ». Le rav dira : »Oui, oui… ». Aibi repris la parole est dira : »Sachez que je n’ai pas besoin de la Yechiva ! Tu sais (en s’adressant au rav Weinberg) Hachem m’a fait de nombreux prodiges ! » Aibi pris sa main gauche dans celle de droite et dit : « Moi et Hachem on fait comme cela … (en serrant fort ses deux mains) ». Donc je suis déjà très proche de D’ et je n’ai pas besoin de la Yechiva ! »  Le rav répondit : »Je suis très flatté d’avoir devant moi un homme qui est tellement proche de D’ ! Mais comment sais-tu que tu es proche d’Hachem ? » « C’est très facile, j’ai un hobby ; c’est de faire des escampettes dans les montagnes à côté de chez moi en Amérique. Je prends ma puissante moto tout terrain et je fonce dans les chemins sinueux montagneux. Dernièrement j’ai pris mon engin, et je me suis lancé à toute vitesse pour gravir les pentes très abruptes. A mon retour je dévalais à très grande vitesse le flanc de la montagne sur un chemin aussi très étroit et sinueux… Cependant je vis en face de moi un autre bolide (4/4) qui montait à tout allure le même chemin et il ne pouvait pas me voir car il était dans le virage en contre bas. Moi j’arrivais en toute vitesse –dans la descente- c’était la collision frontale obligatoire et la fin de ma courte vie. Ma respiration s’est arrêtée; à ma gauche c’était les rochers (la pente abrupte) et à ma droite c’était le précipice avec une petite plate- forme qui surplombe le magnifique paysage tandis que le bolide fonçait… Je n’avais pas de sécurité et voilà qu’en quelques fractions de secondes j’effectuais un vol plané dans le précipice au-dessus de la rambarde et me voilà dans le vide 15 mètres au-dessus du sol rocailleux… A ce moment je m’entendis hurler de toutes mes forces : »Elokim/D’ ! » ; ce cri ne provenait que de moi (ndlr il semble que notre hippie des routes américaines n’était pas un adepte des synagogues, pour crier le nom d’Hachem au moment critique…) , le paysage était désertique, cela ne pouvait provenir que de moi… Ma moto tombe alors sur des rochers 15 mètres en contrebas et s’écrase comme peut s’ écraser un baïgel (petite friandise) entre deux doigts de la main… Seulement le miracle s’opèra comme au cinéma… Je sortis complétement indemne de cette chute vertigineuse avec seulement quelques égratignures… Aibi se tait, puis il repris « N’est-ce pas que c’est un grand miracle? N’est-ce pas qu’Hachem est proche de moi et m’aime pour m’avoir sauvé de cette chute mortelle ? ». « Tu as raison, Il n’y a aucun doute, si Hachem t’a sauvé c’est qu’Il t’aime ! » Un grand sourire ornera  le  visage d’Aibi, il tendit la main au rav Weinberg et se tourna en direction de la porte pour prendre congé du vénérable Roch Yechiva. Le rav attendit qu’Aibi ouvre la porte et qu’il s’engouffre dans le couloir pour l’appeler. Aibi, Aibi ! Le jeune se retourna. Puis, le rav dit : « Je suis totalement d’accord avec toi que c’est Hachem qui t’a fait ce prodige. Mais j’ai une question à te poser. « Bien sûr… » Il lui dit : » Qui est celui qui t’a projeté du haut de la falaise ? Aibi ouvrit grand la bouche sans émettre de son. Le rav lui proposa alors cette réponse : »D’après ton explication c’est Hachem qui t’a sauvé…Cela ne fait pas de doute… Mais il semble fort probable que c’est Lui aussi qui a organisé que précisément au moment où tu dévalais la pente à toute vitesse vienne en face de toi ce 4/4 à toute vitesse… Pourquoi voudrais-tu qu’Hachem te mettes dans le grand danger pour que dans la fraction de secondes d’après Il te sauve d’une manière miraculeuse ?  » Aibi n’avait pas de réponses. Continua le Roch Yechiva : « C’est fort probable qu’Hachem essaye de te faire réfléchir… Peut-être que c’est un appel afin que tu te réveilles ! Et si tu refuses d’écouter le message, est-ce que tu désires qu’Il te fasse une seconde fois sortir de ta torpeur ? Qu’est-ce que tu en penses, Aibi… » En final Aibi laissa son sac de couchage de côté et entra à la Yechiva pour étudier la sainte Tora et donner un sens à sa vie… (Et vous (jeux de mot avec Aïvou…) mes fidèles lecteurs, qu’est-ce que vous pensez des routes sinueuses de montagnes et des vols planés… N’est-ce pas  une façon élégante de réveiller quelqu’un d’un sommeil profond…  Roch Hachana et Yom Kippour –avec ou sans les masques– servent aussi à cela… Et en cela on n’aura pas du tout besoin de faire des vols planés avec des rattrapages…).

Coin Halakha: Ce dimanche, la coutume Ashkénaze  est de commencer à prier les Seli’hoth (tandis que les Sefaradim l’ont commencé depuis le début du mois d’Elloul). On fera attention de prendre un ministre officiant le plus droit et Talmid Ha’ham (érudit) pour lire les Seli’hoth et faire les prières des jours redoutables (Roch Hachana et Yom Kippour). Il devra être âgé de plus de 30 ans et être marié. Cependant, s’il n’a pas toutes ces qualités, tout homme (bien-sûr qui pratique la Tora et les Mitsvoth et respecte le Chabath) est apte à cette fonction, uniquement on fera attention qu’il soit accepté par l’ensemble de la communauté.

Chabat Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut       

David Gold

Et bonnes seli’hoth

On continuera à prier pour la santé de Yacov Leib Ben Sarah parmi tous les malades du Clall Israel.

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