Parachat Tsav

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Le jour où Il a prescrit… » (Vayikra/Lévitique 6,2).

Le rav Hirsch insiste dans son commentaire sur l’importance d’offrir les sacrifices le jour, insistant sur l’antagonisme régnant entre toute forme d’impureté et le service dans l’enceinte du sanctuaire, relevant le fait que la plupart des actes servant à se rapprocher de l’Eternel doivent être effectués le jour. Pourquoi ?

« La Parole de D’, explique-t-il, distingue clairement la prophétie de Moché, le porteur de Sa Loi, de toutes les autres prophéties juives : « De Bouche à bouche Je lui parle, par vision directe et non par énigme » (Bamidbar/Nombres 12,8), car la parole de D’ ne lui parvenait pas par l’intermédiaire d’un état onirique nébuleux, non pas « c’est en rêve que Je lui parlerai » (ibid. 12,6), mais elle s’adressait à l’intelligence de l’homme lucide, clair et éveillé. De même, c’est également à l’homme lucide, clair et éveillé que Moché devait apporter Sa parole ; et ainsi, nous enseigne la Halakha, …cela nous enseigne une règle pour tous les sacrifices : ils ne sont valides que (si on les approche) le jour (Torath Kohanim sur le chap. 7,38 ; voir Meguila 20b-21a). […] La nuit, le temps de « l’emmêlement », le temps qui laisse l’homme être absorbé dans la sphère de la dépendance physique et rapproche la conscience païenne de ses dieux, le païen perçoit alors la puissance de ses dieux qui l’enchaînent, lui, ainsi que tous les autres êtres, et le jour, le temps du « redressement », temps où l’homme se sent fort et engage le combat pour la soumission du monde physique, ce temps n’est rien d’autre, pour la mentalité païenne, que le temps du combat avec les dieux.

« C’est exactement à l’opposé de cette vision des choses que la parole de D’ place la conscience juive. Ce n’est pas dans la soumission de son existence nocturne qu’elle perçoit la puissance de son D’, c’est avec les pensées claires de sa vie diurne relevée et d’une activité agissante, soumettant le monde, que la conscience juive se rapproche de son D’. La lumière de son esprit lucide, l’énergie de sa libre volonté, et les réalisations de son activité agissante ; toute sa libre personnalité qui s’élève avec la vie diurne jusqu’à sa potentialité maximale constitue elle-même un cadeau de son Créateur, son seul et unique D’. C’est Lui Qui lui a insufflé une étincelle de la plénitude infinie de Son esprit – esprit qui remplit le monde de Ses pensées, une étincelle de Sa sainte volonté qui s’autodétermine librement, ainsi qu’une étincelle de Son pouvoir d’accomplissement qui règne librement sur le monde, monde qu’Il a Lui-même librement créé. C’est ainsi qu’Il l’a élevé jusqu’à Lui, loin au-dessus de toutes les contraintes du monde physique, et qu’Il l’a pourvu, lui qui est Son image, d’une libre personnalité capable de maîtriser librement le monde en vue de Son service et pour la réalisation de Ses desseins. C’est précisément par la mise en action de cette activité diurne libre et personnelle, qu’élevé et soutenu par son D’, l’homme réalise la volonté divine et accomplit son service divin terrestre.

« Pour la conscience païenne, le jour est un combat de l’homme mortel contre la puissance des dieux. Pour le Juif, le jour est un accomplissement au service de son D’ en vue de Sa satisfaction.

« […] La Loi divine exige l’engagement de la personnalité libre, qui soumet librement sa pensée, son vouloir et son pouvoir à D’ ; le sacrifice divin attend le don de la personnalité libre, qui soumet librement sa pensée, son vouloir et son pouvoir à D’. »

 Par Mordekhaï Azoulay

Kountrass numéro 163

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