Parachath Toldoth

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A la table du Chabbath, par le rav David Gold

Qui est prêt à vendre son âme pour une bonne pizza?      

Notre paracha met en place l’histoire générale du monde et en particulier des liens très particuliers qui ont pu se lier (ou se délier) entre la communauté juive et l’occident. En effet, au début de notre section est relaté la naissance d’Essav et de Ya’akov. On le sait, ce sont deux frères jumeaux nés de notre saint patriarche Yits’hak et de sa femme Rivka. Depuis leur plus tendre enfance, les deux enfants auront des voies toutes différentes. Essav sera attiré par la chasse et tous les plaisirs de ce monde tandis que Ya’akov personnalisera le Talmid ‘Hakham: celui qui s’adonnera à l’étude de la Tora dans les tentes de Chem et d’Ever (les descendants de Noa’h qui tenaient un Kollel).

Vers la fin de la paracha est relaté un événement assez fondamental pour le Clall Israël. Sentant sa fin proche, Yits’hak demanda à Essav d’aller lui rapporter une victuaille de sa chasse afin qu’il le bénisse. Rivka entendra les paroles de son mari et prendra à part son plus jeune fils en lui ordonnant de prendre les devants et d’apporter un plat à Yits’hak (les Sages rapportés dans Rachi enseignent qu’il s’agissait de l’agneau pascal) afin de recevoir la bénédiction paternelle. Ya’akov refusera mais Rivka sera insistante et dira que si Yitsh’ak s’aperçoit du stratagème, c’est elle-même qui endossera sa malédiction ! Sur ce, Rivka revêtira Ya’akov des habits d’Essav afin que Yits’hak ne le reconnaisse pas (Yits’hak, vers la fin de sa vie, avait perdu la vue). En final Yaakov amènera un plat que sa mère avait préparé et sera béni par son père. A peine il est sorti, qu’arrive Essav avec le produit de sa chasse et il demande à son père sa bénédiction. A ce moment Yits’hak comprend le subterfuge : il avait béni son fils Ya’akov à la place d’Essav! Seulement il acceptera le fait tandis qu’Essav jurera de se venger. Par la suite Ya’akov partira s’exiler loin de la maison paternelle afin d’échapper au glaive d’Essav.

Les commentateurs demandent (Zikhron Yossef) comment Rivka a pu prendre la tunique d’Essav et ensuite en revêtir Ya’akov ? Or Essav avait placé cet habit en dépôt chez ses parents donc Ya’akov avait le statut de gardien. Nécessairement les parents d’Essav n’avaient pas le droit de prendre son dépôt et de de s’en servir à leur gré ! C’est une loi qui touche le domaine des responsabilités monétaires: un gardien n’a pas le droit d’utiliser le dépôt à ses fins (à moins qu’il en eu explicitement la permission) ! Donc lorsque notre sainte mère Rivka a revêtu son autre fils Ya’akov de la tunique d’Essav, il y a eu vol !

Le Hatham Soffer répond à partir d’une Guemara connue (Baba Metsia 12) qui enseigne que le fils qui est nourri et logé chez ses parents alors même qu’il est grand, garde le statut de mineur par rapport à ses biens. Donc, Essav même s’il était alors âgé alors de 40 ans,  avait un statut de mineur et tous ses biens appartenaient à son père ! En conséquence Rivka avait parfaitement le droit de prendre la tunique d’Essav et d’en revêtir Ya’akov. (Cependant, il convient d’ajouter qu’une femme n’a pas le droit de disposer des biens du ménage comme elle l’entend. Lorsqu’il s’agit de grosses dépenses, elle devra demander l’avis de son mari : le vrai propriétaire des revenus du foyer. Mais pour les petites dépenses, la femme pourra agir à sa guise et piocher comme bon lui semble dans le porte- monnaie familiale. Donc l’utilisation de la tunique par Rivka reste une de ses prérogatives. (Il reste un petit bémol à cette explication car Ya’akov voulait bénir son fils Essav donc l’utilisation des biens du foyer allait contre sa volonté…).

Une autre réponse plus percutante encore est donnée par le Talmud de Jérusalem Meguila. Il enseigne que la tunique avait été volé par Essav du roi Nimrod (qui lui-même s’en était emparé  d’Adam Harichon)! Or cette tunique avait des capacités toutes particulières (quand Essav partait à la chasse toutes les bêtes étaient paralysées devant l’habit). C’était aussi l’habit du Cohen Gadol. Or au début de la section, Essav est rentré affamé à la maison paternelle et a préféré vendre son droit d’aînesse et la prêtrise à Ya’akov contre un plat de lentille (comme quoi la spiritualité n’est pas le souci principale du père de l’Occident: et cela n’a pas changé) ! Donc lorsque Ya’akov a acheté à son frère le droit d’aînesse, il a acquis la prêtrise et l’habit du grand prêtre ! En final Rivka n’a pas dérobé la tunique d’Essav puisqu’elle appartenait depuis la vente à Ya’akov ! Formidable !

Après ce magnifique développement, il nous reste à comprendre cette énigme: comment Yits’hak a préféré bénir Essav et non Ya’akov ?! Le « Or Guedaliou » (rav Guedalia Sherrer zatsal) développe l’idée que nos saints patriarches étaient venus réparés la faute du premier homme. Abraham le faisait au travers de la générosité tandis que Yits’hak y parvenait au travers de la justice et la rigueur. Or, Yits’hak a vu dans son fils Essav un homme qui devait lutter contre son mauvais penchant. Nos livres saints enseignent qu’il avait même une certaine sainteté, la preuve c’est qu’il pratiquait à merveille la mitsva de respecter ses parents, plus encore que Ya’akov ! Par contre, Yits’hak voyait son plus jeune fils Ya’akov comme un homme profondément droit et rempli de crainte du Ciel. Donc la bénédiction qu’il s’apprêtait à donner sied plus à ESSAV – qui lutte contre son mauvais penchant – plus encore qu’à Ya’akov qui avait déjà atteint un très haut niveau de droiture! Donc Yitsh’ak a préféré bénir Essav pour lui conférer des forces dans son service divin afin de repousser le mal! Or, Rivka –la mère- connaissait la nature foncièrement mauvaise de son fils aîné. Qui plus est, elle avait été élevé chez Bétuel l’idolâtre et elle savait que toutes les démonstrations de bonne foi d’Essav n’étaient qu’artifices ! Il montrait aux yeux de tous la vie d’un homme emplit de morale et de Tora mais dans le fond il n’avait aucune envie de se repentir et de fait vivait une vie des plus dépravées. Donc Rivka fera tout pour que la bénédiction échoue à Jacob car Essav avait déjà perdu toutes les prérogatives de fils aîné !!

La grosse voiture américaine qui attend toujours son propriétaire

Cette semaine on relatera l’histoire véridique de deux frères après la guerre. Il s’agit en premier d’un jeune qui est à peine âgé de la vingtaine lorsqu’il trouve un havre de paix en Israël après les années de tourmentes de la dernière guerre. Après avoir subi les supplices de la nation la plus cultivée d’Europe (l’Allemagne), à sa libération, il sera transféré en Israël. Chaoul était grand et tout maigre à sa sortie des camps polonais et à peine avait-il commencé à panser ses plaies physiques qu’il désirait à tout prix monter en Erets. Depuis toujours il avait ce rêve en tête. A l’époque, un grand nombre de réfugiés s’y retrouvèrent après avoir vécu les années terribles. Chaoul y arriva lui aussi et se retrouvera dans un camp de réfugiés où il partagea le sort d’autres centaines de jeunes qui essayaient tant bien que mal de retrouver une vie normale, un travail et de rebâtir une vie équilibrée. Chaoul travaillait le long de la journée et le soir passait son temps avec d’autres camarades d’infortunes à déambuler dans les lieux publics où étaient affichées les listes des rescapés se trouvant en Erets et partout dans le monde. Chaoul était très pessimistes car il était le plus âgé parmi les frères et de plus, avait entendu des témoignages terrifiant sur la fin de ses parents. Il était sûr que ses autres frères et sœurs avaient suivi le même sort : disparaître dans les crématoires d’Auschwitz ! Malgré tout, il inspectait ces longues listes accrochées aux murs, au cas où ! Un jour, alors qu’il avait une nouvelle fois vérifié la liste, d’un coup il vit un nom qui lui sauta à l’œil ! Il cligna des yeux et vit un nom qui lui était familier: Haïm ! D’après les indications figurant sur la liste il s’agissait de son plus jeune frère qui était rescapé ! Est-ce possible qu’il soit en vie, alors qu’il avait 11 ans lors de l’assaut des nazis en Pologne ! Chaoul se dit qu’il fallait vérifier quand bien même l’identité de ce ‘Haim. Effectivement, une semaine après Chaoul fit ses retrouvailles avec son plus jeune frère et l’hébergea chez lui dans son minuscule appartement ! Or ‘Haïm est encore plus touché par tous les affres. Son jeune frère était criblé de blessures et de manque de nutrition. Chaoul se sentit responsable de la bonne santé de son jeune frère, le prit sous sa garde et fit tout pour guérir ses blessures et lui redonner de l’embonpoint. Le temps passa et finalement ‘Haïm se relèvera de toutes les difficultés et repris une vie normale en Israël. Une fois, alors que les deux frères se promenaient dans une rue, Chaoul confira à son jeune frère: « Tu vois cette voiture, bientôt je l’achèterais ! » A l’époque du début des années 50, posséder une voiture c’était rarissime. Or ‘Haïm savait que Chaoul caressait ce rêve depuis toujours, déjà en Pologne de l’avant-guerre il désirait une voiture… Aujourd’hui, 20 ans après ce rêve était du domaine du possible bien que très difficile d’accès. ‘Haïm avait compris qu’il ne pouvait pas déraciner l’envie de son grand frère mais lui, n’avait pas les mêmes aspirations. Il voulait suivre le chemin tracé de ses parents, celui d’un judaïsme authentique et fier. De plus il se disait : »Est-ce vraiment pour cette raison qu’Hachem nous a fait sortir de l’enfer des camps pour qu’on passe son temps à rêver des grosses voitures ? » Chaoul ne faisait pas cas de la réaction de son petit frère: pour lui les choses étaient très claires, il allait acquérir une voiture: c’était uniquement une question de temps. Les années passèrent, les deux frères fondèrent leur foyer. Haïm bâti sa famille sur le respect scrupuleux de la Thora et des Miztvots, tandis que Chaoul gardait la Thora seulement son style ne ressemblait pas à celui de son jeune frère, il était plus ouvert au monde extérieur et au Way of live israélien de l’époque. A chaque fois que les deux frères se rencontraient, ‘Haïm demandait à son frère plus âgé, quand viendras-tu  participer aux cours de Tora à la synagogue?… La réponse de Chaoul était du genre: « Lorsque j’arriverais à la consécration de mon rêve … (ma voiture). En attendant je n’ai pas le temps! Je suis au travail du matin au soir pour satisfaire les besoins du foyer ». Sa réponse agaçait son jeune frère car comment pouvait-il mettre la voiture en haut de la pyramide des priorités de la vie: au-dessus de la Tora?! Un jour Chaoul appela ‘Haïm à vite venir le voir. Ce jour Chaoul était rayonnant: il venait de recevoir sa première voiture flambant neuf ! ‘Haïm était content malgré tout, de savoir que dorénavant son frère allait consacrer son temps dorénavant à la Tora. Or, qu’elle ne fut pas sa surprise lorsque ‘Haïm lui dit qu’il devait encore beaucoup travailler pour assurer les frais de l’entretien de la voiture et qu’il n’avait toujours pas le temps… Mais un jour viendra… Les mois passèrent et la joie de Chaoul déclina (comme toutes les joies de ce monde). ‘Haïm lui demanda alors : « Qu’est-ce que tu fais pour  ton âme juive? » La réponse de Chaoul était évasive. Les années passèrent, la situation économique de Chaoul s’était largement améliorée: il faisait partie de la classe des riches du pays, seulement au niveau spirituel les choses n’avaient pas bougé. Les années aidant, Chaoul semblait être très fatigué de toutes ces années harassantes de travail, les deux  frères échangèrent leurs opinions. ‘Haim demanda une énième fois: « Maintenant que tu as pris ta retraite, tu as le temps de venir prendre des cours de Tora! » Chaoul répondit : « Oui, certainement mais je dois recevoir tout prochainement une magnifique « Américaine » dernier cri, et cela je ne peux pas la rater pour tout l’or du monde ! Ce sera la consécration de ma réussite ! Seulement après j’aurais le temps de venir au Beth Hamidrach… » Et effectivement la splendide voiture arriva dans la ville de Chaoul le vendredi, juste avant Chabbath… Chaoul avait atteint sa consécration: tout le monde le regardait avec envie ! Chaoul tenait les clefs de son acquisition avec toute fierté, c’est uniquement le dimanche suivant qu’il devait présenter sa nouvelle acquisition à son jeune frère aimé… Or Chaoul ne montrera jamais sa splendide voiture à sa famille… Durant le Chabbath il sera terrassé par une crise cardiaque et le dimanche qui suivit l’acquisition de sa vie, Chaoul sera accompagné par son frère et sa famille vers sa (vraie) demeure: un mètre sous terre ! Tandis que la magnifique Cadillac restera désespérément seule sur le parking de sa maison… Fin de l’histoire très réelle pour nous apprendre que les plaisirs de ce monde ne remplissent pas l’âme d’un homme! Comme nous l’enseignent les Sages, ce monde ressemble à un homme qui a soif et boit de l’eau salée… Plus il en boit, plus la soif sera forte…

Coin Hala’ha : On fera attention de ne pas placer notre allumage de Chabbath sur une étagère fixée à la porte, car en l’ouvrant on accéléra la combustion de l’huile (ce qui est interdit). Et même si on n’a aucune intention, l’ouverture rapide de la porte entraîne d’une manière automatique la combustion. Dans le langage des Sages cela s’appelle « Psik récha »: faire une action permise (ouvrir la porte) qui entraîne inévitablement une autre action interdite (la combustion). Cependant, le Michna Beroura rajoute que si l’on peut ouvrir lentement la porte sans  avoir d’action sur la combustion de l’huile, ce sera permis. D’autre part, la porte n’est pas devenu « Mouktsé » à cause des bougies (car la porte fait partie de la maison). Choul’han ‘Arouh 277.1

Chabat Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut     

David Gold

Soffer écriture askhénase et écriture sépharade mezouzoths birka habait téphilines méguiloth

On priera pour la santé de Yacov Leib Ben Sara, Chalom Ben Guila et aussi de Yéhouda Ben Esther parmi les malades du Clall Israel.

Pour la descendance  d’: Avraham Moché Ben Simha, Sarah Bat Louna; et d’Eléazar Ben Batchéva

Léilouï Nichmat: Joseph/Yossef Ben  Romane,Réuven David Ben Avraham Naté, Dora Dvora Bat Sonia, Simha Bat Julie, Moché Ben Leib; Eliahou Ben Raphaél; Roger Yhïa Ben Simha Julie; Hanna Clarisse Bat Mercedes; Yossef Ben Daniéla תנצבה que leurs souvenir soit source de bénédictions

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