Plan Trump : Et si le « deal du siècle » était la solution ?

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« La Palestine n’est pas à vendre »

La réaction de l’Autorité palestinienne au « Deal du siècle », établi par les États-Unis, n’a surpris personne. Si nous parlons de la caste au pouvoir, celle de Abou Mazen, leur « raison de vivre » est un refus systématique d’un plan qui ne répond pas à leurs exigences, à savoir : Etat palestinien qui aurait pour frontières les lignes de cesser-le-feu d’avant 6 juin 1967, Jérusalem-Est, y compris ךe Mont du Temple, pour capitale et le « retour de réfugiés », dont le nombre, du moins aujourd’hui, est impossible à définir. Autant dire, l’effacement de l’Etat d’Israël de la carte du monde. Alors, dans cette réalité, se pose la question : le plan Trump, pourquoi faire, puisque quel que soit le plan, d’emblée il sera rejeté par les Palestiniens.

Dans son préambule, le « Plan Trump » énonce que, si les Palestiniens le refusent, la faute à la continuation du conflit leur incombera, par conséquent Israël sera libre de fixer, unilatéralement ses frontières et de décider quelles parties de la Judée-Samarie seront annexées par Israël.

Mais tout cela n’est évidemment pas suffisant. La question la plus importante est de savoir si le plan « Trump » est susceptible d’amener la fin du conflit israélo-palestinien ? En fait, Israël fait aux Palestiniens la proposition suivante :

Vingt milliards !

Si vous acceptez les principes du « Plan du siècle », les États-Unis, l’Europe et d’autres donateurs, mettront sur la table quatre-vingts milliards de dollars, dont une grande partie sera consacrée au développement du nouvel État palestinien. Par contre, si vous refusez, tous les financements et même ceux d’aujourd’hui, seront purement et simplement supprimés. En fait, cette question met au défi la direction actuelle palestinienne et l’obligera à prendre des décisions courageuses, pour l’avenir des Palestiniens.

Dans le cas où les Palestiniens refusent, ce sera la fin des financements. Alors le sort de la direction palestinienne actuelle ressemblera à celui de Yasser Arafat, avant les accords d’Oslo, à savoir la défaite du Fatah au Liban, puis l’exil à Tunis, où le bras armé d’Israël l’a gravement éprouvée, finalement, acculée politiquement et financièrement, la direction palestinienne « arafatienne » n’a eu d’autre issue, que d’accepter les accords d’Oslo, pour sauver Arafat et les siens d’une banqueroute, qui aurait été fatale à la « cause palestinienne ».

Jusqu’à aujourd’hui, les gouvernements arabes soutenaient la « cause palestinienne » pour des raisons purement intérieures à chacun de ces pays. Ce soutien garantissait aux gouvernements l’adhésion de la rue arabe et prolongeait la survie de ces régimes corrompus.

Aujourd’hui, après les « Printemps arabes », dont les causes étaient essentiellement l’incapacité des gouvernements arabes à résoudre de graves problèmes internes à chacun des pays, la « cause palestinienne » a forcément perdu de son pouvoir mobilisateur auprès de « la rue arabe ». Par la force des choses, l’antagonisme séculaire sunnites-chi’ites, est devenu la préoccupation dominante auprès des sunnites, d’autant plus que l’Iran semble sur le bon chemin afin d’acquérir l’arme nucléaire.

Rappelons que le conflit entre les sunnites et les chi’ites est beaucoup plus profond que le différend entre l’islam et le judaïsme. C’est un conflit existentiel à l’Islam et autrement plus destructif que le conflit avec les Juifs. Devant le danger d’un Iran potentiellement nucléaire, les pays sunnites ont compris, qu’il est urgent de travailler à l’avènement de la fin du conflit israélo-palestinien, pour avoir les mains libres, afin de contrer le danger chi’ite. Pour cela, il est indispensable de nouer des liens stratégiques avec les forces pouvant s’opposer à la poussée chi’ite au Moyen-Orient : États-Unis, Israël et d’autres acteurs occidentaux plus ou moins proches des États-Unis.

Pour pouvoir réaliser des accords avec l’occident anti iranien, les pays arabes sunnites devront donner des gages de sincérité, en arrêtant, ou du moins en limitant significativement, les financements et appuis politiques à l’autorité palestinienne, aux ONG tels BDS ou UNRWA et autres organisations « caritatives » palestiniennes. Ce mouvement n’en est qu’à ses débuts. Mais lorsque les millions de dollars viendront à manquer, essentiellement à l’oligarchie palestinienne, il est fort à parier que cette « élite » pourrie et corrompue s’écroulera et qu’elle arrêtera de piller les richesses des habitants des territoires palestiniens.

On peut espérer que lorsque la vielle garde « arafatienne » disparaîtra, une nouvelle direction, plus pragmatique et peut être plus honnête, sera désireuse d’arriver, sinon à une paix signée, du moins, à une coexistence pacifique avec Israël. Et c’est là que les milliards du « Deal du siècle » viendront à point nommé et la « proposition Trump » pourra voir le début de sa réalisation.

Toutefois il est évident que tous les pays sunnites ne sauront pas se satisfaire de la fin du conflit israélo palestinien. Certains de ces pays essaieront de maintenir la région sous pression. Les régimes syrien ou iranien verront dans une éventuelle fin du conflit israélo-palestinien la disparition d’un moyen d’instrumentalisation à des fins intérieures, pour détourner la colère de leurs populations vers un bouc émissaire, commode depuis toujours, à savoir « l’occupant sioniste ». Et c’est là que l’on peut espérer que la Russie de Poutine, ou de son successeur, sera très intéressée par la fin du conflit, car très demandeuse d’une Syrie pacifiée et d’un Moyen-Orient plus calme. La Russie, échaudée par sa défaite en Afghanistan, redoute par-dessus tout, que la Syrie ne devienne son second Afghanistan.

Quant à l’Iran, il n’est pas impossible que les pressions américaines aboutissent à un résultat, où ce pays ne sera plus capable économiquement de continuer sa politique expansionniste et n’aura que la solution de retourner à la table de négociation pour renégocier un nouvel « accord nucléaire ». En revanche, s’il s’obstine dans sa fuite en avant, soit le régime des ayatollahs s’écroule, soit, on peut espérer, le peuple iranien mettra fin au règne des « barbus ». Si cela arrive, le Hezbollah, le Hamas, le Jihad islamique et nombre de milices chi’ites déstabilisant le Moyen-Orient, auront du souci à se faire.

Le nerf de la paix

Dans cette configuration du « nouveau Moyen-Orient », le « deal du siècle » de Trump, avec ses milliards, sera en mesure de fournir non plus « le nerf de la guerre » mais le « nerf de la paix », à savoir, l’argent.

Mais supposons que les Palestiniens s’obstinent dans leur posture « jusqu’auboutiste », où, comme l’a dit Abou Mazen, « Jérusalem n’est pas à vendre », alors il est presque sûr que la direction palestinienne actuelle s’effondrera, ce qui amènera inévitablement la fin du conflit. Et ce pour une raison bien simple, les populations sont lasses du conflit, et devant le choix : normalisation de leurs existences ou engagement dans une « intifada » sans fin, le Palestinien de la rue choisira, à n’en pas douter, la première option. EG♦

Édouard GrisMABATIM.INFO

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