Sur la parachath Kora’h

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Autour de la table de Chabbat, n° 339 Kora’h

On remerciera Hachem car, dans Sa grande bonté, les dirigeants de l’Etat où « les Yeux de D’ scrutent le pays depuis le début de l’année jusqu’à la fin » doivent changer pour laisser place à de nouveaux gouvernants qui auront le souci de diriger notre saint pays d’après les lois (ou tout du moins l’esprit) de notre sainte Tora pour le bien être de toute la communauté d’Israël. En tout cas, espérons-le.

Ces paroles de Tora seront étudiées le’Ilouï Nichmat Avi Mori, Ya’akov Leib ben Avraham Natte Zikhrono Livrakha (que sa mémoire soit bénie).

Le récit de notre section hebdomadaire sera lié cette fois avec l’arbre généalogique de la tribu de Lévi. On le sait, Ya’akov a donné naissance à 12 fils qui deviendront plus tard les tribus d’Israël. On s’attardera sur Lévi, fils de Jacob. Lévi aura trois fils Guerchon, Kehat et Merari (Bamidbar 3,18). Kehat donnera naissance à Amram (le père de Moché Rabbénou et d’Aharon) Yitshar, ‘Hévron, ‘Ouziel. Yitshar, qui est le deuxième dans l’ordre de la fratrie, donnera naissance à Kora’h. Or, Moché nommera comme chef de la très prestigieuse branche de Kehat son cousin Elitsafan (alors qu’il est fils d’Ouziel, le dernier des garçons de Kehat). Kora’h n’acceptera pas cette nomination, qui va à l’encontre de la logique, et fera souffler un vent de révolte au campement. Cependant les Sages dévoilent que le véritable moteur de sa révolte sera la jalousie à cause de cette nomination (voir Rachi sur le premier verset « Vedatan veAviram »). Kora’h soutiendra que de la même manière que la nomination d’Elitsafan n’est pas juste (ne pouvant provenir de D’) le reste de l’édifice de la transmission devient aussi branlant. Or, à partir du don de la Tora, toutes les paroles et directives prises par Moché Rabbénou sont validées par Hachem. D’ a dit que la prophétie de Moché restera juste pour toutes les générations à venir. Donc tout celui qui met en doute la parole de Moché, met en doute la parole Divine et c’est très grave…

Pour rassembler la foule à sa cause, Kora’h tournera en dérision deux Mitsvoth : la Mezouza et le Tsitsit. Il demandera dans sa grande arrogance, si l’on a un vêtement confectionné entièrement de fils bleu azur (Te’helet) avec quatre coins, devra-t-on mettre des Tsitsit (franges) avec un seul fil bleu azur ? Autre question, si l’on a une maison remplie de parchemins de Tora, devra-t-on mettre à la porte une Mezouza (qui est un petit morceau de parchemin dans lequel est écrit seulement deux chapitres de la Tora) ? Avec ces deux questions, Kora’h voulait démontrer qu’il n’y avait pas de logique à l’enseignement de Moché donc sa prophétie n’est pas juste (que D’ nous garde de telles pensées).

Avant de continuer mon développement, comme je sais que mes lecteurs sont épris de vérité, je suis obligé de dire que dans ces deux cas, on sera redevable de mettre une Mezouza à sa porte, et des Tsitsit à son vêtement. La loi de la Tora impose de mettre une Mezouza à l’entrée de sa pièce même si cette dernière est remplie de livres saints.

Toutefois, il est juste qu’au niveau de l’esprit la démonstration de Kora’h a une certaine résonance dans les esprits vides qui n’ont pas la chance d’étudier le Talmud. Cependant le Clall Israël n’a pas été éduqué lorsqu’il est resté un an au pied du Mont Sinaï à la mode « Copernic » qui ne s’attache qu’à l’esprit de la Mitsva et non à sa forme. Le judaïsme authentique dont fait partie la grande majorité de mes lecteurs, j’espère, s’attachent principalement au comment de la Mitsva et pas au « pourquoi ». Or, le Choul’han ‘Aroukh a tranché la loi qu’à partir du moment où la pièce (même remplie de livres saints) fait partie de son habitation, sa porte devra avoir une Mezouza. A l’image du salon du prince de la Tora Rabbi ‘Haïm Kanievski zatsal (il vivait dans un deux pièces cuisine, et salle à manger, rempli de livres du sol au plafond) ou encore l’appartement du rav ‘Ovadia Yossef zatsal qui renferme des dizaines des milliers de livres. Dans ces deux cas il faut placer une Mezouza.

De même pour le Tsitsit. Il existe deux Mitsvoth : placer aux quatre coins de son habit des franges avec des fils blancs en laine (3 fils doublés) et un fil bleu/Te’hélet (doublé). Dans le cas où il n’y a pas de Te’hélet, il reste la Mitsva de prendre des fils blancs (4 doublés). Donc même si le vêtement est bleu azur, il reste qu’il devra avoir des Tsitsith à ses coins.

Autre argument de Kora’h : « Tout le peuple est saint ! Pourquoi tu (Moché) as placé ton frère (Aharon) chef des Cohanim ? Or toute la communauté a entendu la Voix de D’ au Mont Sinaï : « Je suis Ton D' ». Tout le monde a un niveau égal en prophétie ». De sa revendication on voit que Kora’h a tout de même une recherche spirituelle. Il n’est pas venu en proclamant un stéréotype du genre, « Liberté, égalité, fraternité ». Il soutient « nous sommes un peuple saint donc pourquoi y aurait-il des gens au-dessus de la mêlée ? Seulement dans cette plaidoirie il y avait un « bug »… Car dans le Clall Israël les niveaux de Kedoucha/sainteté ne se ressemblent pas. Plus un homme se parfait dans l’application des Mistvoth et de l’étude de la Tora, plus son niveau de sainteté augmente et n’a plus rien avoir avec le commun des mortels. Plus encore, cet homme qui s’est élevé est au-dessus des autres Tsadikim et Talmidé ‘Hakhamim de sa génération… Comme rabbi ‘Haïm Kanievski qui connaissait toute la Tora par cœur depuis la Tora écrite jusqu’à la Tora orale en incluant les Midrashim, Tossefta, Zohar et autres textes et se comportait avec une très grande humilité.

Autre réflexion que je vous soumets. Kora’h n’a pas remis en cause la Sortie d’Egypte ni le Don de la Tora et pour cause, ce sont des événements qui ont bien existé. C’est donc une « petite » perche qui est lancé vers les éternels sceptiques qui se demandent encore si le Sinaï a bien existé (ils se disent secrètement dans leur cœur, « j’ai un alibi à toutes mes petites dérives car je n’ai pas vu le Sinaï en feu et fumer lors du Don de la Tora de mes propres yeux… » Je leur rétorquerai qu’ils n’étaient pas là non plus lors du mariage de leur très vénérable arrière-grand-père maternel en Algérie au début des années 1900 alors qu’il était vêtu d’une grande djellaba et d’un caftan sur la tête avec des Tsitsith jusqu’au sol lorsqu’il a passé la bague de mariage au doigt de sa bien-aimée (son arrière-grand-mère)… Et c’est grâce à cette scène inoubliable que notre Marco peut se revendiquer faisant parti du Clall Israël à Paris en 2022…).

La suite de ce vent de révolte sera catastrophique car en plus de Kora’h, 250 chefs de tribus en particulier de la tribu de Reouven se rallieront à lui. Et le fin mot de l’histoire sera que tous ces fauteurs de troubles seront engloutis lorsque le terre ouvrira sa bouche (par une crevasse gigantesque). Or dans la liste des nombreuses victimes il y avait aussi des jeunes bébés qui ont été engloutis. Les Sages déduisent que la dispute à des conséquences terribles puisque même les enfants trinquent. Or d’une manière générale le Beth Din ne puni que les hommes (et femmes) de plus de treize ans. Donc pourquoi la punition Divine s’abat sur des innocents ? Le Keli Yakar répond par un ‘Hidouch (nouveauté). Il enseigne que Kora’h s’est attaqué à deux Mitsvoth, la Mezouza et le Tsitsit. La Mezouza est un rappel de la foi en D’, tandis que les Tsitsits nous rappellent les Mitsvoth. Or la Guemara dans Chabbath (32) rapporte deux avis qui disent que l’annulation de ces 2 Mitzvoth (peut) entrainer la mort des enfants (Lo ‘alénou, que D’ nous en préserve). Le Keli Yakar explique le phénomène à partir de la prophétie (Ose 4.6). Il est dit, si vous oubliez ma Tora, J’oublierais vos enfants… » C’est à dire que l’oubli des Mitsvoth (comme la Mezouza et le Tsitsith) qui rappellent les autres commandements, entraine que D’ Se détourne de nos engendrements… A réfléchir

Notre sippour nous ramène 150 ans en arrière. A l’époque une femme est allée voir le Rav Binyamine Diskin pour lui raconter son histoire. Elle commença à parler avec beaucoup de difficulté et après avoir beaucoup pleuré commença son histoire. « Je suis de Prusse. Là-bas j’éduque avec mon mari mes enfants dans la Tora et les Mitsvoth. Seulement dans mon passé, mon père m’a fait beaucoup de mal. Dans ma petite enfance, il a quitté le foyer familial et a rompu tous liens. On vivait alors dans la grande pauvreté. Et ce père que j’ai très peu connu est parti vers la lointaine Angleterre. Sur place, il rédigea une série de pamphlets et de livres contre le judaïsme traditionnel pour la plus grande honte de ma famille et de nos ancêtres. Il est devenu un véritable Juif renégat. Toute sa vie il diffusa son fiel et ses idées contre la communauté juive craignant Hachem. Les années passèrent, et j’ai pu avec l’aide de D’ trouver un bon mari pratiquant la Tora et les Mitsvoth. Toutes ces années j’essayais d’oublier ce mauvais père. Jusqu’au jour où je reçois une lettre de lui qui m’écrit que sa fin est proche et qu’il se REPEND sincèrement de tout son passé de tout le mal qu’il a pu faire. Il désire ardemment revenir auprès de sa famille, voir ses petits-enfants avant de quitter ce monde. Il nous demande s’il peut être hébergé chez nous. J’étais très sceptique de son attitude jusqu’à ce que je présente le cas à mon mari. Dans sa grande bonté, mon époux me dira d’accepter. Suivant son conseil, mon père viendra à la maison après plusieurs dizaines d’années d’absence.

Effectivement, son repentir était bien sincère. Plus aucune parole contre la sainte Tora, ni contre les rabbanim. QUE de très grands regrets sur son attitude passée. Son repentir était aussi grand que ses paroles avaient été perfides dans le passé ! Le souvenir de ses actions ne lui laissait pas de répit et la maladie s’installa rapidement. Il tomba gravement malade.

« Une fois, sentant sa mort imminente il m’a demandé de venir le voir avec mon mari. Mon père me dit, «  Voilà, je tiens à te raconter mon histoire. Mon enfance je l’ai passée dans la grande ville d’Altona dont le rav était le grand rav Yonathan Eibeshitz zatsal. (Pour comprendre la suite on est obligé de vous faire découvrir une page de l’histoire juive Il y a près de trois siècles en Europe centrale. Il y vivait un Juif renégat qui a fait beaucoup de tort à la communauté, Chabtaï Tsvi de mémoire maudite. Ce Juif s’est fait passer pour le Messie, le délivreur du Clall Israël ! L’époque alors était très difficile pour la communauté dans son ensemble, et les pogroms terribles en Ukraine (que Hachem venge toutes les victimes de ces horreurs). Cela a entrainé, qu’une bonne partie de nos frères s’étaient joints à lui. Même après sa mort (après qu’il se soit converti à l’Islam), il restait de ses disciples un peu partout en Europe. C’est après qu’éclata une grande dispute entre deux grands du Clall Israel. Le rav Eibeshitz zatsal et le rav Ya’akov Emdem zatsal. Le rav Eibeshitz était un grand dans la sagesse de la Kabala et écrivait des Kémioth (parchemins sur lesquels étaient inscrits des Noms d’Hachem afin d’obtenir la guérison pour les malades). Or l’éminent rav Ya’akov Emdem suspectait le rav Eibeshitz d’être un adepte des enseignements de Shabtaï Tsvi YC. De là, est née une très grosse dispute entre ces deux géants de la Tora. )

Continue l’agonisant anglais, « Mon père était un fervent défenseur de rav Ya’akov Emdem et possédait un don pour écrire des pamphlets contre rabbi Yonathan Eibeshitz! Le jour de ma Brith Mila il a même fini un livre rempli de médisance sur rabbi Eibeshitz. Depuis ce jour, mon père m’a fait entrer dans une dispute entre deux géants de la Tora et rapidement j’ai tourné la Tora en dérision et je me suis écarté de la voie de mes ancêtres ! Malheur à moi le jour du jugement ! » Après, mon père a pleuré amèrement et me dit : « S’il te plait, fait moi une grande bonté. Après ma mort, je tiens à ce que tu ailles voir un grand d’Israël et que tu lui racontes tout ce que je t’ai dit. Et demande lui qu’il soit mon avocat pour mon âme pécheresse face au Beth Din d’en haut ! » Fin des paroles de la fille de cet ancien renégat auprès du rav Diskin de la ville de ‘Hourdine.

Il est rapporté que de nombreuses années après cette grande controverse le rav Yonathan Eibeshitz est apparu en rêve à un des grands de la génération et a dit : » Sache que moi et rabi Ya’akov Emdem sommes tous les deux dans le Gan Eden (Paradis). Tandis que TOUS ceux qui sont entrés dans notre discussion sont dans le Guehinom (l’enfer) ! »(Preuve en est que la dispute qui sévissait entre ces deux géants de la Tora était 100% en l’honneur du Ciel, tandis que chez les élèves, c’était déjà bien différent.)

Chabbat Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut

David Gold Soffer

Une bénédiction à Rafaele Frima Bat Sima pour une bonne santé et un Zivoug

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