La banlieue de Damas a été le théâtre de nouveaux affrontements sanglants entre membres de la communauté druze et militants sunnites, dans un contexte explosif mêlant tensions religieuses, enjeux régionaux et pressions internationales. Les violences ont principalement éclaté à Jaramana, quartier druze emblématique, où des échanges de tirs nourris ont provoqué la mort d’au moins neuf personnes et blessé des dizaines d’autres selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.
Peu après, des combattants armés se sont dirigés vers le quartier druze de Jaramana. Toutefois, la riposte des habitants, organisée et rapide, a permis de contenir l’assaut. Les pertes humaines semblent avoir été plus importantes du côté des assaillants, ce qui n’a pas empêché une escalade. En représailles, des mortiers ont été tirés en direction du quartier druze, semant la terreur parmi les civils.
Sur le terrain, la mobilisation ne faiblit pas. Des Druzes du sud de la Syrie, en particulier ceux vivant près de la frontière jordanienne, se sont mis en mouvement pour venir en aide à leurs coreligionnaires encerclés à Jaramana. Ce soutien communautaire révèle la profondeur des liens identitaires et religieux au sein de cette minorité historiquement implantée dans la région.
Ces tensions surviennent peu après un événement considéré comme symbolique et potentiellement provocateur par les groupes extrémistes : la visite de soixante dignitaires druzes syriens au tombeau du prophète Shoaib (identifié semble-t-il comme celui de Yithro, beau-père de Moché), situé en Israël, près de Tibériade. Ce geste interreligieux a été interprété par les factions sunnites radicales comme un acte de trahison et de coopération avec « l’ennemi juif ».
Les tensions religieuses ont également gagné d’autres villes universitaires syriennes, comme Alep et Homs, où des agressions verbales et physiques à caractère confessionnel ont été signalées. À l’université, certains étudiants druzes ont déjà subi des actes d’intimidation ou de violence, marquant une extension préoccupante de la crise hors du seul champ militaire.
La situation à Jaramana est donc le symptôme d’une instabilité plus large, où se mêlent divisions confessionnelles, conflits d’influence régionaux et faiblesses structurelles de l’État syrien. La communauté druze, déjà marginalisée, se retrouve aujourd’hui en première ligne d’un affrontement qui dépasse largement la sphère religieuse pour s’inscrire dans une logique stratégique complexe, où les puissances régionales et les groupes armés cherchent à redessiner les équilibres du pays.