L’inquiétude est d’autant plus vive que des dizaines de civils israéliens issus de la communauté druze ont franchi la barrière frontalière dans la zone de Majdal Shams, dans le Golan, pour tenter de porter assistance à leurs proches syriens. L’armée israélienne, prise de court, a confirmé avoir déployé des moyens pour assurer le retour en sécurité de ces civils. Cette mobilisation populaire intervient alors que l’armée syrienne est intervenue à Soueida pour la première fois depuis l’arrivée au pouvoir du président Ahmed al-Sharaa. En deux jours, les affrontements ont fait des dizaines de morts.
En parallèle, Israël a mené des frappes ciblées contre des convois militaires syriens dans la région de Soueida. Selon un communiqué conjoint du Premier ministre Benjamin Netanyahou et du ministre de la Défense Israël Katz, ces attaques visaient à empêcher l’introduction de forces et d’équipements militaires dans cette zone sensible, en conformité avec la politique de démilitarisation du sud syrien établie par Israël. Des chars, des véhicules blindés et des convois ont été visés, dans une tentative de freiner l’avancée des troupes syriennes vers les zones druzes.
« Israël a pris cette mesure pour prévenir toute attaque contre la communauté druze en Syrie, avec laquelle nous entretenons des liens familiaux, historiques et fraternels profonds », indique le communiqué. Pour les autorités israéliennes, cette crise est à la fois une question de solidarité nationale et un enjeu stratégique. La présence éventuelle de milices islamistes extrémistes dans les montagnes druzes, situées à proximité immédiate de la frontière israélienne, représenterait une menace directe pour la sécurité du pays.
Le bureau du porte-parole de Tsahal a précisé que les opérations militaires ont été décidées au plus haut niveau politique. Des véhicules militaires, des chars et des routes d’accès ont été visés dans le but d’entraver la progression des forces syriennes vers les zones druzes. Israël a par ailleurs informé les États-Unis de ses actions, dans un souci de transparence vis-à-vis de ses alliés stratégiques.
Dans ce climat de tension, plusieurs voix s’élèvent pour rappeler l’importance de l’alliance entre les Druzes et l’État d’Israël. Le Dr Amir Khanifs, président du Centre israélo-druze, a déclaré : « C’est une période décisive pour l’amitié historique entre le peuple juif et la communauté druze. Il ne suffit pas de mots : Israël doit démontrer que cette alliance repose sur des actes concrets. La chute de la province druze de Soueida serait une double catastrophe, humanitaire et sécuritaire. »
Sur le terrain, les appels à l’aide se multiplient. Les manifestants druzes brandissent des pancartes appelant à l’action et à la solidarité. Si les autorités israéliennes assurent suivre la situation de près, la tension reste palpable dans les localités du nord d’Israël où vivent de nombreuses familles concernées directement par les événements en Syrie. L’armée maintient une vigilance élevée sur la frontière, tandis que les discussions diplomatiques se poursuivent en coulisses.
Cette crise souligne une fois de plus la complexité du théâtre syrien et les ramifications humaines et géopolitiques qu’il engendre pour Israël. Alors que les combats s’intensifient autour de Soueida, la pression monte sur le gouvernement israélien pour qu’il tienne ses engagements vis-à-vis de ses citoyens druzes et de leurs proches restés de l’autre côté de la frontière.
Jforum.fr