Donald Trump – ami ou ennemi d’Israël ?

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L’ancien président américain Donald Trump ne cesse de faire parler de lui sur la scène internationale, notamment au sujet du Moyen-Orient et d’Israël. Depuis le début de son nouveau mandat, ses prises de parole oscillent entre promesses spectaculaires, annonces inattendues et décisions unilatérales qui déstabilisent même ses alliés traditionnels.

Contrairement à la célèbre devise de Theodore Roosevelt — « Parlez doucement et portez un gros bâton » — Trump adopte une approche inversée : ton retentissant, mais actions hésitantes. Cette semaine encore, ses commentaires énigmatiques sur une prétendue « annonce majeure » à venir, censée être « très positive », ont alimenté les spéculations. Si certains pensent à un mécanisme d’aide pour la bande de Gaza, d’autres y voient une possible entente stratégique avec l’Arabie saoudite, que la participation israélienne soit actée ou non.

Ce flou s’ajoute à des tensions palpables entre Washington et Jérusalem. Un haut responsable américain aurait critiqué publiquement Israël concernant sa position dans les négociations sur les otages détenus à Gaza, et laissé entendre que les États-Unis pourraient finaliser un accord régional avec Riyad sans attendre Tel-Aviv. En parallèle, Trump a clairement évité de s’opposer aux rebelles Houthis, contre lesquels Israël continue pourtant de faire face à des menaces constantes.

Le point culminant est survenu lorsque Trump, depuis le Bureau ovale, a annoncé un accord avec les Houthis : ils cesseraient leurs attaques maritimes en mer Rouge, tandis que les États-Unis arrêteraient leurs frappes. Le hic ? Israël n’en avait pas été informé. Un responsable israélien a confié au Washington Post qu’ils avaient été « complètement pris de court » par cette déclaration. Le slogan « America First », pilier de la campagne de Trump, semble ici appliqué sans détour.

L’ancien président a ensuite révélé publiquement que seuls 21 des 24 otages présumés encore détenus par le Hamas à Gaza seraient en vie, une information sensible et partagée sans consultation préalable avec ses partenaires israéliens. Ce geste, considéré par certains comme une intrusion dans les affaires internes d’Israël, illustre le style direct et solitaire de Trump en matière de diplomatie.

Ces interventions s’ajoutent à une série de déclarations spectaculaires mais peu suivies d’effets. Qu’il s’agisse de sa volonté affichée de « nettoyer Gaza » ou de sa promesse de ramener tous les otages israéliens, peu de résultats concrets ont émergé. En réalité, la seule trêve récente – du 19 janvier au début mars – a été obtenue sous l’impulsion de l’administration Biden, avec la libération de 33 otages israéliens et de cinq ressortissants thaïlandais. Le rôle de Trump dans ce processus reste à ce jour très flou.

L’envoyé spécial américain Steve Witkoff reste impliqué dans les négociations avec des intermédiaires tels que le Qatar et l’Égypte, mais l’intérêt de Trump pour la suite semble diminuer à mesure que les perspectives d’un accord s’éloignent. Les divergences entre Israël et le Hamas restent profondes, rendant toute avancée diplomatique incertaine.
À cela s’ajoute une mise en scène qui, pour de nombreuses familles d’otages, frôle l’indécence. À l’instar de l’annonce dramatique faite par Benjamin Netanyahu un samedi soir sans lien avec les otages, Trump a adopté une rhétorique similaire, promettant de grandes révélations tout en laissant les familles dans l’attente anxieuse. Dans un contexte aussi tendu, ces effets d’annonce peuvent paraître malvenus, voire cruels.

Trump semble animé par une volonté constante de sceller « un grand accord » au Moyen-Orient, sans toujours mesurer les conséquences de ses actions sur le terrain. Il oscille entre initiative personnelle et logique électorale, dans une région où les enjeux exigent stabilité et coordination.

En définitive, l’attitude de Donald Trump envers Israël illustre une approche fluctuante et imprévisible. Ses gestes et déclarations suscitent autant d’espoir que de perplexité, laissant une question en suspens : agit-il en véritable partenaire stratégique ou poursuit-il d’abord ses propres objectifs politiques ?

Jforum.fr

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