Haine pure à Bâle…

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En principe et de tradition, le concours Eurovision de la chanson serait plutôt à placer sous le signe de la ritournelle passe-partout et du divertissement de basse intensité artistique et intellectuelle. Mais voilà bien que la passion politique, dans sa plus triste acception, vient s’y mêler.

Cela se passe en Suisse, qui plus est, terre qu’on nous vante comme étant ordinairement paisible, lieu de convulsions extrêmement tempérées et adepte d’une lenteur propre à la réflexion et donc à la modération dans les manifestations d’hostilité.

Pavlovisation en marche

Or, à Bâle, la troisième ville suisse en importance, lors de la grande parade en ville ouvrant la cérémonie d’ouverture de la phase finale du concours, un individu arborant un keffieh et brandissant un drapeau palestinien aurait adressé « un geste d’égorgement » à la concurrente israélienne lors de son passage. Ailleurs sur le parcours des banderoles et des pancartes s’agitaient où l’on pouvait lire par exemple « Pas d’applaudissements pour un génocide » ou « On chante pendant que Gaza brûle ».

On comprend assez aisément la stratégie induite par la première : « Pas d’applaudissements pour un génocide ». Il s’agit tout bonnement de persister à faire entrer dans les méninges de Madame et Monsieur tout le monde que ce qui se passe actuellement dans la bande de Gaza ressortit bel et bien à un génocide. Et ça marche ! À preuve, le journaliste français de TF1 Gilles Bouleau reprenant à son compte cette affirmation fallacieuse lors du marathon macronien d’impérissable mémoire (Cf sur ce point l’article de Céline Pina : « Emmanuel Macron, le droit à mourir d’ennui »). À preuve aussi la colossale bourde de Thierry Ardisson lâchant « Gaza c’est Auschwitz » sur les antennes du service public de télévision. Les excuses, le repentir qui s’ensuivent sont à prendre en considération, certes. Il reste qu’on ne peut s’empêcher de déceler dans cette « connerie » (dixit Ardisson lui-même) l’effet d’une sorte de pavlovisation en marche et qui de tout évidence fonctionne.

Haine pure

Et puis il y a le geste de mort adressé à la jeune chanteuse israélienne. Ce geste de haine pure. Pure mais abjecte autant que monstrueuse, bien sûr. Elle s’appelle Yuval Raphaël. Et plutôt que la menacer de mort, ce serait plutôt l’applaudir pour sa force de résilience qu’il conviendrait de faire sur son passage. Elle était de la rave party du 7-Octobre, là où les barbares du Hamas ont assassiné, éventré, égorgé sans discernement garçons et filles. Jusqu’aux derniers s’ils en avaient pris le temps. La jeune Yuval elle, s’en est sortie. Tout simplement parce qu’elle s’est trouvée à l’abri sous des corps de victimes. Oui, ces cadavres furent son bouclier et sa chance de survie. Et aujourd’hui, étant parvenue à surmonter ce traumatisme, elle chante dans ce grand concert dont la vocation initiale était de manifester l’amitié entre les peuples de civilisation européenne. Je me répète, pour ce seul fait, on devrait l’applaudir, la féliciter. Voire prendre exemple.

Mais le type au keffieh, lui, préfère promettre ce qu’on promet au coupable de réelles monstruosités, la mort. Or, de quoi est-elle coupable, Yuval Raphaël ? De survivre ? Oui, c’est cela, elle est coupable de vivre encore. Voilà son crime. Le crime dont, dans la tête du type au keffieh et de ses semblables, elle est elle-même coupable comme le seraient le peuple d’Israël et, cela va sans dire, les Juifs du monde entier. Coupables, oui, eux avec elle, de vivre encore…

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