L’heure des décisions approche – et le dilemme de Derhy ne fait que se compliquer

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Il semble que les relations entre le Premier ministre Netanyahou et les partis orthodoxes se soient récemment gravement détériorées – à un point difficilement réversible.
Quels sont les véritables sentiments des rabbanim envers Netanyahou, et qu’est-ce qui pourrait provoquer l’éclatement de la coalition ?

Ma’ariv

À la Knesset, la Commission des Affaires étrangères et de la Défense poursuit l’élaboration du projet de loi sur la conscription. D’ici une semaine, l’ultimatum informel fixé par les dirigeants rabbiniques des partis orthodoxes prendra effet : il exige des « avancées significatives » vers l’adoption du texte. Le pessimisme grandit, et selon des sources tant orthodoxes que membres de la coalition, le système politique se rapproche davantage d’une implosion et d’élections anticipées que de l’adoption du projet de loi avec une majorité gouvernementale.

Des hauts responsables du Likoud estiment en coulisses que « les élections sont plus proches qu’il n’y paraît ». Des figures politiques du camp orthodoxe partagent cette évaluation. Selon une source proche du leadership rabbinique : « La situation a changé. Aujourd’hui, la direction ashkénaze orthodoxe n’est plus disposée à accepter le plan de conscription du ministère de la Défense, et encore moins le projet en discussion à la Commission parlementaire. La grande erreur est de présenter la crise de la conscription comme un simple désaccord entre les partis religieux et Yuli Edelstein (président de la commission). En réalité, les rabbanim ont durci leur position et refusent désormais même le principe d’un recrutement à hauteur de 50 % des jeunes orthodoxes sur une période de sept ans. »

Une autre source ajoute : « Le leadership de Yahadout HaTora est plus enclin à aller vers des élections qu’à faire des compromis sur la loi de la conscription. Les rabbanim estiment que le gouvernement actuel ne leur apporte rien, que l’incitation contre les orthodoxes s’intensifie, y compris parmi les électeurs du Likoud et de la droite religieuse. Aller dans l’opposition leur paraît aujourd’hui une option tout à fait valable, ne serait-ce que pour faire baisser la pression et l’animosité. »

Et d’ajouter : « Parfois, on peut obtenir plus de choses depuis l’opposition qu’en étant dans la coalition. Il n’y a aucun intérêt à rester dans un gouvernement où l’on est attaqué sans obtenir de résultats pour la communauté. C’est le sentiment dominant dans les cercles rabbinique de Yahadout HaTora. »

Du côté du parti Shas, la situation est différente. Son président, Aryeh Derhy, souhaite trouver une solution à la crise de la conscription et agit dans ce sens — mais rien ne garantit qu’il y parvienne. Il sait que si des élections sont convoquées sur la question de la conscription des orthodoxes, Shas pourrait en payer le prix électoralement. C’est pourquoi, pour lui, il faut éviter à tout prix que la conscription devienne la raison officielle de la chute du gouvernement.

L’ambiance est tout aussi pessimiste dans les médias orthodoxes. En fin de semaine, la presse ‘harédith a attaqué durement la direction politique orthodoxe, et en particulier le Shas. Certains éditorialistes accusent Aryeh Derhy de « nourrir Netanyahou d’illusions au lieu d’imposer les exigences des religieux sans compromis ».

Dans les milieux politiques orthodoxes, on explique que ces articles reflètent l’état d’esprit et la direction actuelle du leadership religieux ashkénaze. Le scénario qui circule de plus en plus : un départ du gouvernement, peut-être avant même la pause estivale. Il est estimé que, dans un tel cas, les partis religieux chercheront à s’accorder avec Netanyahou sur une date commune pour des élections anticipées.

Au Likoud, on continue de penser que même si Yahadout HaTora quitte la coalition, le Shas restera. Mais des sources religieuses affirment le contraire : Shas ne prendra pas l’initiative de faire tomber le gouvernement, mais si Yahadout HaTora sort — il est probable que le Shas suivra.

Certes, le Shas risque d’en subir le coût politique : son électorat traditionnel, souvent enrôlé dans l’armée et fortement fidèle à Netanyahou, pourrait le sanctionner électoralement s’il provoque des élections pour une question de conscription.
Cependant, son noyau dur — environ quatre mandats — est composé de juifs sefarades issus du monde des Yechivoth, et selon des sources religieuses : “Ils ne comprendraient pas que le Shas ne suive pas Yahadout HaTorah.”

Conscient de cette complexité, Aryeh Derhy cherche donc à éviter l’explosion ou, du moins, à la repousser. Mais dans la communauté ultra-orthodoxe, tant parmi ses dirigeants que ses militants, la tendance actuelle est bien plus en faveur d’élections que d’un compromis sur la loi de la conscription.

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